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L'avenir des 3 futurs patrouilleurs FS56 du Liban lourdement hypothéqué

 

L'industrie de l'armement française pourrait être la victime colatérale du différend qui oppose sunnites et chiites au Moyen-Orient, mais aussi du déficit budgétaire abyssal de l'Arabie Saoudite.

L'avenir des 3 futurs patrouilleurs FS56 du Liban lourdement hypothéqué

La marine libanaise receptionnera t-elle un jour les trois patrouilleurs de type Combattante FS56, dont la construction devait être assurée à Cherbourg par le chantier CMN (Constructions Mécaniques de Normandie), une commande remportée de haut vol par le chantier d'Iskandar Safa face à DCNS et ses patrouilleurs hauturiers Gowind de la classe Adroit, et à Raidco, et prévues dans le méga-contrat d'armenent DONAS ?

Rien n'est moins sûr, depuis que l'Arabie Saoudite, qui s'était engagée à offrir au Liban pour près de 2.3 milliards d'armes afin de moderniser son armée, a décidé de suspendre le financement dudit contrat, du fait de "positions libanaises hostiles résultant de la mainmise du Hezbollah sur l'Etat, en dépit de la volonté de Riyad de "venir en aide aux Libanais, sans distinction".

L'Arabie Saoudite, sunnite fondamentaliste, supporte en effet mal le poids politique du Hezbollah chiite au Liban, et son soutien au régime du président syrien Bachar El Assad.

Dans ce contexte, le contrat Donas (Don Arabie Saoudite) signé en 2014, pourrait quasiment être considéré comme mort et enterré, car rien ne prédit un réchauffement des relations entre le Liban et l'Arabie Saoudite dans les mois qui viennent, ce qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour la filière de l'armement française.

Quid en effet des 3 patrouilleurs FS56 qui devaient être construits à Cherbourg par le chantier CMN, des 7 hélicoptères Cougar, des 24 canons Caesar, des 250 blindés VAB3 et Sherpa de Renault Volvo Trucks, des drones, des radars ??

A ce jour, seul 48 missiles Milan ont été livrés par MBDA mais le réveil pourrait être très lourd en cas d'annulation.

Pour l'Odas, structure qui a négocié le contrat Donas et qui est détenue par l'Etat français et les grands industriels hexagonaux de l'armement, cette décision saoudienne tombe au plus mal, dans un contexte où les Saoudiens font désormais tout pour la contourner l'Odas au profit de négociations directes avec les industriels, notamment dans les récents dossiers de patrouilleurs maritimes, et où d'aucuns, en France remettent en cause l'utilité même de l'Odas.

Décryptage - La France est aujourd'hui en train de se rendre compte de la fragilité de sa politique de vente d'armement au Moyen-Orient, essentiellement construite autour de l'Arabie-Saoudite et de ses alliés. Pour le chantier CNM, la perte de ce marché signifierait un manque à gagner de près de 250 millions d'euros et des dizaines de milliers d'heures de travail perdues.

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