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Taxe sur les mouillages - les incroyables boulettes de Marylise Lebranchu à l'Assemblée

Taxe sur les mouillages - les incroyables boulettes de Marylise Lebranchu à l'Assemblée

Incompétence ou dossier mal ficelé, toujours est-il que la ministre de la Décentralisation et de la Fonction Publique a avancé des arguments parfois hallucinants, pour défendre cette taxe débouchant sur une véritable privatisation de l'accès à la mer !

Un texte de loi est normalement rédigé par des gens compétents, et l'on peut même espérer que son élaboration, en amont, ait été faite en relation étroite avec les professionnels du secteur concerné !

Il semble que pour la Taxe sur les mouillages ou taxe Giacobbi, du nom de cet élu corse qui en est à l'origine, tout laisse à penser que le texte a été imaginé dans la précipitaton au regard de certains arguments mis en avant lors du débat à l'Assemblée Nationale.

ActuNautique.com a relu l'ensemble du procès verbal du débat pour en extraire deux points étonnants, mis en avant par la ministre Lebranchu pour justifier cette taxe. 

Des boulettes sans doute à même d'impressionner les 48 députés ayant voté pour cet amendement, mais qui démontrent à tout professionnel du nautsme et du yachting le manque de sérieux des débats, son inveau de non préparation, et  finalement l'écart hallucinant qui sépare certaines "élites" politiques du monde de la "vraie vie" !

Les gestionnaires de ports favorables au projet : VRAIMENT ???

Marylise Lebranchu : "Je rappelle d'ailleurs que les loueurs de bateaux, que nous avons interrogés, les gestionnaires de ports de plaisance et tous ceux qui s'occupent de tourisme en Corse via la Collectivité territoriale de Corse sont favorables au projet car il ne concerne qu'une petite zone et ne pose aucun problème aux loueurs de bateaux, aux hôteliers, aux restaurateurs et à tous ceux dans ce pays de France qui vivent du tourisme !"

Dans les faits, la Fédération Française des Ports de Plaisance (FFPP) et ses adhérents, notamment corses, s'est vivement opposée à ce projet, tout comme les loueurs de bateaux et les professionnels de l'hôtellerie et de la restauration. L'instauration de cette nouvelle taxe, compensée par aucun service, ne cherche pas à limiter le nombre de bateaux mouillants dans les aires marines protégées, mais simplement à les taxer !! Une sélection par l'argent, au détriment des moins fortunés... (lire notre article : les 4 contre-vérités du député Giacobbi sur la Taxe sur les mouillages).

Des yachts à 3 ancres qui ravagent les herbiers : GOOD LORD !!!

Marylise Lebranchu : "...de très gros bateaux de plaisance tels que ceux que crivait tout à l'heure Paul Giacobbi viennent y mouiller, en particulier depuis que les Sardes ont institué une redevance (dans le parc naturel de la Maddalena, organisée avec des mouillages sur bouées et des services haut de gamme, pour un coût de 20 à 50 euros - ndlr). Il s'agit de très gros bateaux munis de trois ancres de proue qui arrachent les herbiers. Vous savez ce que c'est, mesdames et messieurs les députés, vous l'avez sans doute déjà tous fait, en tout cas virtuellement ! Le projet de la Collectivité territoriale de Corse consiste donc de limiter la présence de ces sortes de mini-hôtels flottants uniquement dans cette zone".

A ce niveau la, tout professionnel du yachting hésitera entre les rires moqueurs ou les rires nerveux ! Actunautique.com s'est donc rapproché d'un capitaine de superyacht qui nous a donné son avis sur la question...

Il ressort de cette interview que les superyachts sont généralement dotés de 2 ancres, et que les TRES RARES navires en disposant de 3 sont généralement de vieux navires de commerce transformés en yachts, type remorqueurs ou navires de sauvetage. Dans tous les cas de figure, la 3e ancre de ce type de navire n'est quasiment jamais mouillée et ne sert que d'ancre de secours...

Les yachts disposant de 2 ancres n'en mouillent généralement qu'une seule, ce qui est nettement suffisant. Ils peuvent être conduits à mouiller deux ancres exceptionnellement quand, ne pouvant rentrer dans un port, ils doivent mouiller à proximité du rivage. Ils mouillent dans ce cas leurs 2 ancres en Y, ou à fourche. Cette manoeuvre est assez fastidieuse et complexe au moment de remonter les ancres, les chaînes s'emmelant toujours. Ce mouillage à fourche n'est donc réalisé qui si strictement nécessaire et pour des questions de sécurité. Pour les plus gros yachts, le mouillage des ancres n'est quasiment plus nécessaire - ce qui rassurera Mme Lebranchu - puisqu'ils disposent de systèmes de positionnement géostationnaire.

Autant de points qui laissent songeur quant au niveau d'imprécision des débats à l'Assemblée Nationale. 

Il est vraiment inquiétant qu'un ministre en exercice soit aussi mal conseillé : quid du travail de préparation des dossier par les cabinets ?

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