24 Avril 2015
Le chantier Jeanneau affiche une croissance de près de 15% de ses ventes sur un marché européen dont la progression devrait s'établir entre 0 et 5% cette année, la croissance de la marque au niveau mondial, devant encore être supérieure.
Jean-Paul Chapeleau, DG de Jeanneau-Prestige, répond aux questions de Nicolas Venance, et dresse dans cette interview, un premier bilan de la saison nautique 2014-2015 qui s'achève, et qui aura permis aux deux marques françaises de faire montre d'un très grand dynamisme.
Jean-Paul Chapeleau, sur un marché du nautisme assez flat, vous annoncez pour vos deux marques une croissance de près de 15% ! Est-ce encore possible par les temps qui courent ?
Jean-Paul Chapeleau - C'est tout à fait possible et nous le démontrons cette année, notamment sur un marché européen flat, dont la croissance moyenne devrait s'établir à environ 2.5% !
Comment expliquez-vous cette surperformance, qui vous permettra clairement de gagner des parts de marché cette année ?
Jean-Paul Chapeleau - Cette performance s'explique tout d'abord par notre politique de produit avec 11 nouveautés lancées cette année, et par le renforcement de notre distribution notamment en Europe. Dans le domaine du yachting, nous avons ainsi lancé un voilier de 64 pieds, le Jeanneau Yachts 64, un nouveau marché pour nous, qui s'est concrétisé par une grande réussite, avec près de 20 unités vendues, un record dans ce domaine ! Le Sun Odyssey 349, a de son côté rencontré le succès, avec une capacité de production remplie pour toute la saison !
Combien de Sun Odyssey 349 avez-vous justement vendu depuis son lancement ?
JPC - Le Sun Odyssey 349 a été présenté, rappelons-le, à Düsseldorf, il y a 15 mois. Depuis cette date, nous en avons vendu 200 unités, et la nouvelle version à quille relevable présentée à Paris cette année a surpris, et rencontré un écho très favorable, nous permettant de nous positionner sur un marché jusqu'à présent réservé aux chantiers spécialistes...
Dans le domaine du moteur, les lancements ont été nombreux cette année. A quelle hauteur participent-ils de cette forte croissance ?
JPC - Dans le domaine des bateaux à moteur, il est clair que nous avons fortement accéléré la cadence des lancements. Dans les inboards, avec les Jeanneau Leader 40 il y a un an, et Leader 36 aujourd'hui, et aussi avec une nouvelle version du Velasco 43 et un nouveau Velasco 37. Dans le domaine des hors-bord, les gammes Cap-Camarat et Merry Fisher ont également eu droit à leurs nouveautés. Dans le yachting, la Gamme Prestige s'est quant à elle enrichie de deux nouvelles vedettes d'entrée de gamme, très attendues, les Prestige 420 et 420S, sachant que nous avons bénéficié cette année de l'apport de la première année pleine de commercialisation de la Prestige 750, notre navire amiral. Notre croissance s'explique donc déjà par ce grand dynamisme produit, sans doute unique sur le marché.
Qu'en est-il au niveau de votre distribution ?
JPC - La seconde raison de notre forte performance vient clairement de notre réseau de distribution. Jeanneau a établi une stratégie de distribution de long terme, qui s'est maintenue pendant la crise. Notre travail a consisté à nous appuyer sur des réseaux bien présents, bien établis, qui bénéficient des moyens et des outils pour être dans les meilleurs, et à les renforcer.
Historiquement, Jeanneau a tout d'abord débuté dans le motonautisme, avant de se lancer dans la voile et d'y acquérir une forte position dans les années 80. Que représente aujourd'hui le moteur dans votre activité totale ?
JPC - Jeanneau est effectivement le numéro deux mondial de la voile, juste derrière notre marque soeur Bénéteau. Ceci étant dit, eu égard à notre histoire et au succès rencontré par nos gammes moteur et notamment la marque Prestige, notre CA moteur est plus important que notre chiffre d'affaires voile, ce qui est plutôt cohérent dans la stratégie du groupe Bénéteau, qui consiste à accélérer la croissance dans le domaine des bateaux à moteur, qui représentent 80% du marché mondial du nautisme. Pour répondre à votre question, le moteur représente près de 60% de l'activité de Jeanneau-Prestige.
En à peine 15 ans, la marque Prestige a su s'imposer comme un acteur incontournable du marché du yachting. A quoi attribuez-vous ce succès ?
JPC - Il y a 15 ans en effet, nous avons relancé la marque avec un modèle, la Prestige 36 ! 15 ans plus tard, notre offre est très complète avec près de 11 modèles et une distribution quasiment planétaire. Le succès vient ici aussi, tant de l'offre produit, des vedettes au style intemporel, et dont l'intérieur séduit immédiatement, que de notre distribution mondiale. Ensuite, clairement de notre stratégie nord-américaine. Il y a 5 ans, nous étions quasiment absents des Etats-Unis. Ce marché a été notre priorité, qui est vite devenu le premier débouché de Prestige, notre offre correspondant particulièrement bien aux attentes des acquéreurs de yachts nord-américains. Deux chiffres parlent d'eux mêmes : Prestige est pour le seconde année consécutive numéro 3 américain sur le marché des motoryachts de 50 à 60 pieds, derrière Sea Ray et Azimut ! Ensuite, les deux tiers du chiffre d'affaires de la marque sont réalisés en dehors de l'Europe, ce qui montre bien son développement mondial.
Les Etats-Unis sont un marché particulièrement dynamique, sur lequel le groupe Bénéteau occupe une place de leader, depuis le rachat de Rec Boats. A quand le lancement de la production des Cap-Camarat outre Atlantique, pour aller y chatouiller le concurrent de toujours, Boston Whaler ?
JPC - Notre premier challenge est tout d'abord de nous assurer que nos produits correspondent bien aux attentes du marché nord-américain. On y travaille d'arrache pied, en adaptant nos bateaux, notamment les Cap-Camarat et Merry Fisher, pour qu'ils correspondent parfaitement aux attentes des consommateurs locaux. Ensuite, nous devons tester le succès de ces adaptations en grandeur nature, au travers des réseaux de distribution que nous sommes en train de mettre en place. Et enfin, comme le dirait mon président, c'est quand le volume sera là et que le marché sera là, que nous pourrons envisager de réfléchir à ses solutions locales de production, puisque nous avons la chance de disposer sur place d'un bel outil industriel à Cadillac, depuis le rachat de Rec Boats.
Aux Etats-Unis, le marché des bateaux pontons et des maisons flottantes est florissant. En France, le groupe Bénéteau est le leader du marché de l'habitat de loisir, au travers notamment de la marque oHara. Envisagez-vous de développer cette marque vers de l'habitat flottant ?
JPC - Pourquoi pas, ce sont des métiers assez proches et ce marché est effectivement important outre-Atlantique. Mais le groupe Bénéteau est un groupe qui se développe de façon organisée et de façon raisonnable. Aujourd'hui, le groupe a beaucoup de travail à faire pour réussir pleinement l'intégration de Rec Boats, tout en renforçant ses marques historiques dans le domaine de la plaisance et du yachting.
Au Herbiers, les travaux du nouveau siège de Jeanneau battent leur plein. A quand l'inauguration de ces nouveaux locaux ?
JPC - Jeanneau a commencé à rénover son siège historique en août 2014, siège créé par monsieur Jeanneau en 1960. Depuis cette date, ce siège avait connu différentes phases d'agrandissement, et il était grand temps de le moderniser et de le rénover. Normalement, ces travaux devraient prendre fin en août ou septembre prochain, pratiquement pour les 60 ans de Jeanneau, sachant que le siège abrite 150 collaborateurs, et que les usines sises aux Herbiers emploient plus de 1000 salariés.
Cette année, la gamme Prestige s'est enrichie de deux nouvelles entrées de gamme, les Prestige 420 et 420S. A quand le navire amiral de la gamme, à savoir le Prestige 850 ?
JPC - La marque Prestige a effectivement vocation a intégrer un modèle positionné au-dessus de la 750, dans la tranche des 80 pieds. Pour ce qui est de la date de ce lancement, rien n'est décidé...
Sachant que Monte Carlo Yachts présentera le MCY 105 en septembre prochain, peut-on imaginer un lancement en septembre 2016, pour le salon de Cannes, histoire de bien se caler avec la marque soeur ?
JPC - Cela viendra... en son temps !