2 Novembre 2015
Yachting & Nautisme - Les grosses difficultés actuellement rencontrées par le chantier britannique Fairline sont l'occasion de se remémorer qu'au moment d'acheter un bateau et qui plus est un yacht, l'étude de la santé financière du chantier qui le construit est incontournable...
Les strass et les paillettes déployés lors de ceratins salons nautiques peuvent parfois cacher une réalité plus terne, et ce n'est pas le sourire forcément charmeur d'hôtesses professionnelles qui peuvent redresser un compte d'exploitation et faire repartir des ventes dramatiquement anémiques.
Pour le chantier britannique Fairline, spécialiste des vedettes open de luxe, les lendemains des salons d'automne auront été des lendemains qui déchantent, puisque le chantier a fait savoir qu'il changeait de propriétaire et en profitait pour placer 1/3 de ses effectifs au chômage technique pour une durée de 5 semaines, soit une centaine de salariés sur les 300 que la société employait jusqu'à présent.
La société basée à Oundle, non loin de Peterborough (Northamptonshire) et qui dispose aussi d'un site de production à Corby, vient en effet d'être cédée par son propriétaire actuel, le fonds d'Investissement Better Capital (qui l'avait acquise en 2011), à la société Wessex Bristol, une transaction pour laquelle le cabinet Deloitte a servi de conseil.
Depuis des mois, la situation de l'entreprise était critique, le plan de charge ne comprenant actuellement que 7 yachts et vedettes en cours de construction. En 2013, Fairline avait ainsi dégagé un chiffre d'affaires de 78 millions d'euros, pour une perte de 23 millions, autant dire un véritable gouffre financier !!
Créé en 1963, le chantier Fairline a lancé son premier bateau en 1967. Il s'agissait alors d'une vedette fluviale de 5.80m de long. Le vrai démarrage du chantier n'interviendra toutefois que 7 ans plus tard, avec le lancement du Phantom 32, une vedette familiale de 32 pieds au design moderne, qui donnera le ton à la prochaine décennie et prêtera son nom à une grande série de bateaux de croisière « familiaux ».
En 1991, le chantier se lance sur le marché du yachting, avec le Squadron 62.
Les difficultés de Fairline remontent à la crise de 2008 mais aussi et surtout à une positionnement très classique et à l'absence d'innovations, sur un marché des vedettes sport cruisers ou des vedettes à fly, sur lesquels son offre produit s'est banalisée, sous les coups de buttoirs d'une concurrence féroce, conduite par des chantiers tels Bénéteau, Monte-Carlo, Prestige et Princess, voire de marques de niche, comme Targa.
Le changement de propriétaire de Fairline, qui quitte l'un des plus importants fonds d'investissement britanniques pour Wessex Bristol (propriétaire par ailleurs des bateaux Fletcher), trahit un profond manque d'investissement et d'innovation sur un marché concurrentiel. Le nouveau propriétaire devra avoir les poches profondes pour espérer relancer un chantier certes prestigieux, mais entre deux eaux.