20 Mars 2020
Dans le monde feutré du yachting et des superyachts, le moins que l'on puisse dire est que Donald Trump n'a pas laissé un souvenir impérissable. Après y être rentré en coup de vent, y avoir beaucoup gesticulé, il l'a quitté tout aussi vite, en pleine débandade financière, pour ne pas y revenir.
L'histoire débute à la fin des années 80, mais trouve son origine au début de cette décennie, quand le chantier italien Benetti livre le Nabila, le 8e plus grand yacht du monde de l'époque avec ses 86m de long (signé par l'architecte britannique Jon Bannenberg), à Adnan Khashoggi, homme d'affaires saoudien spécialisé notamment dans le commerce des armes.
S'il a beaucoup vieilli depuis lors du point de vue de son style, Nabila est alors un superyacht admiré de tous, qui sera d'ailleurs utilisé en 1983 dans un James Bond, Jamais plus Jamais (une seconde adaptation de l'Opération Tonnerre de 1965, soit dit en passant) sous le nom de Flying Saucer (Disco Volante), qui met en scène Sean Connery, alias 007, en proie aux mauvaises idées de Maximilian Largo, et qui sera aidé par la belle Domino...
Confronté à une mauvaise passe temporaire, Khashoggi met son yacht en vente peu de temps après, le Sultan de Brunei couvrant ainsi quelques traites, qui décide de se séparer de Nabila en 1987.
Son acquéreur - pour la modique somme de 29 millions de dollars - n'est autre que Donald Trump - qui se vantera d'ailleurs d'avoir obtenu un rabais de 1 million de dollars lors de la transaction, et qui rebaptise le bateau Trump Princess, Nabila étant le prénom de la fille de Khashoggi !
Autre décision du milliardaire américain, un refit à 10 millions de dollars réalisé aux Pays-Bas, par le chantier Amels, et dont le signe le plus visible sera le changement de logo de l'hélipad, passant du H au T...
Cette nouvelle passion pour les superyachts pousse le milliardaire à annoncer en juin 1989 sa volonté de commander le grand superyacht de l'époque, une unité dont la longueur serait comprise entre 400 et 500 pieds, soit environ 128m, le Trump Princess II !
Le chantier Amels, qui construira le bateau, est alors la propriété de 4 investisseurs britanniques, qui sécurisent le deal en s'assurant des lignes de crédit.
Coup de théâtre en mai 1990 : on annonce en effet le rachat par Donald Trump du chantier Amels. Les persifleurs insinuent que la mauvaise santé financière du milliardaire l'aurait poussé à annuler la commande du Trump Princess II, décision qui aurait poussé le chantier à la faillite, sans un rachat providentiel ; Jeff Walker, vice-president du groupe Trump dément de telles allégations.
En septembre 1990, Trump vend le chantier Amels à l'homme d'affaires américain Peter Kutell, suite à des problèmes financiers.
Au même moment, le Trump Princess est mis en vente et les travaux en cours sur le Trump Princess II stoppés. En 1991, le Trump Princess est vendu au prince Al-Waleed pour la somme de 19 millions de dollars, qui le rebaptise Kingdom 5KR.
Du Trump Princess II, il subsisterait encore la superstructure, toujours conservée par le chantier Amels, à Makkum. Amels est depuis lors passée sous le contrôle du chantier Feadship, propriété de Bernard Arnaud (LVMH).
Quant à Kingdom 5KR, il est visible à l'année à Antibes, au bout du quai des milliardaires...