23 Avril 2018
Les scientifiques estiment que les courants qui parcourent l'Atlantique n'ont jamais été aussi faibles et aléatoires depuis le Ve siècle. Le phénomène s'ajoute en plus à la fonte de la banquise, qui déverse des millions de tonnes d'eau douce en mer. Ces deux effets combinés ont une influence sur l'Océan Atlantique et remettent en cause la circulation des eaux entre les hémisphères Nord et Sud.
A cause de la confrontation de plus en plus violente entre des masses d'eau dont la salinité et la température sont de plus en plus différentes, une partie des eaux chaudes se déplace vers les profondeurs et retourne au Sud, ce que les scientifiques nomment « la circulation méridienne de retournement de l’Atlantique ».
Selon les chercheurs à l'origine de ces études, c'est à cause de ce phénomène que le Gulf Stream est en train de s'affaiblir : il n'est en fait plus suffisamment refroidi et sa densité en sel diminue.
Ces problèmes étaient constatés depuis plusieurs années déjà mais, comme l'explique Stefan Rahmstorf, chercheur à l'Institut polonais de Potsdam, « nous avons maintenant des certitudes […] Nous avons analysé tous les ensembles de données de température de la surface de la mer disponibles, en comprenant les données de la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Le modèle que nous avons trouvé dans les mesures ressemble exactement à ce qui est annoncé par les simulations informatiques, à savoir un ralentissement du Gulf Stream. »
Les auteurs de la seconde étude, menée par l'équipe de David Thornalley, de l'Université de London College, expliquent que le Gulf Stream et d'autres courants importants pour l'équilibre planétaire se sont modifiés pendant ces cinquante dernières années « de façon certaine au cours du XXe siècle, avec un déclin notable à partir de 1950 […] Cette évolution est très certainement liée à des facteurs humains ».
David Thornalley estime également que la modification des courants, et notamment du Gulf Stream, « représente une diminution de 3 millions de mètres cubes d’eau à la seconde, soit l’équivalent d’une quinzaine de fleuves comme l’Amazone. Et je pense que c’est une très mauvaise nouvelle ».