13 Novembre 2018
Carla Demaria, lors de la conférence de presse annuelle en ouverture du Yachting Festival 2018 - Photo : NV
Le communiqué de presse diffusé par le Groupe Bénéteau, propriétaire du chantier italien, a semé un certain émoi dans le profession, tant par la surprise de l'annonce, que le ton employé. Il répond à des allégations diffusées dans la presse italienne par Carla Demaria sur "des comportements du groupe français contraires aux intérêts de sa filiale".
Dans ce communiqué, Bénéteau annonce la révocation, en date du 10 novembre, des pouvoirs exécutifs de Carla Demaria présidente de Monte Carlo Yachts.
Une Assemblée Générale Extraordinaire de Monte Carlo Yachts est annoncée pour le 21 novembre, avec pour ordre du jour "la révocation de Carla Demaria de son poste de Présidente et membre du conseil d’administration de Monte Carlo Yachts".
Le groupe français explique cette décision par la multiplication des désaccords entre l'actionnaire et Carla Demaria au cours des deux derniers exercices, ce qui aurait conduit à la naissance d'une grave divergence stratégique.
Par ailleurs Bénéteau dément fermement une information diffusée par Carla Demaria à la presse, notamment reprise par La Stampa et the Medi Telegraph, selon lesquelles la maison mère de Monte Carlo Yachts aurait procédé à des abus de majorité, irrégularités ou actions déloyales envers sa filiale italienne, dans le but de lui nuire.
Décryptage - Présidente de Monte-Carlo Yachts, dont elle est actionnaire minoritaire, présidente de l'Ucina, la fédération des industries nautiques italiennes et un temps directrice générale de la marque Bénéteau, où elle laissa un souvenir mitigé, Carla Demaria est une personnalité brillante, forte, indépendante et rentrant difficilement dans un cadre. Impliquée dans le développement du chantier Monte Carlo Yachts depuis sa création, elle paie sans doute aujourd'hui en partie les sous-performances de la marque, filiale du groupe Bénéteau dédiée aux grands yachts, sur un marché très bataillé. Le communiqué de presse de Carla Demaria repris par nos confrères, indiquant que Bénéteau tenterait de nuire à sa filiale et indiquant qu'elle souhaitait protéger l'emploi en Italie - dans le contexte populiste que connaît la Péninsule - est étonnant, Bénéteau ayant largement investi dans cette filiale depuis sa création il y a 10 ans, lancé pas moins de 7 modèles - un record - et planchant actuellement sur 3 nouveaux yachts ! Las, selon nos informations, le chantier générerait un chiffre d'affaires de 70 millions d'euros pour une perte de plus de 10 millions, une situation qui viendrait en partie de la stratégie produit. L'éviction de Carla Demaria devrait logiquement aboutir à terme, à son départ du directoire du Groupe Bénéteau, dont elle fait partie, aux côtés d'Hervé Gastinel, son président, de Christophe Caudrelier, directeur financier du groupe et de Jean-Paul Chapeleau, directeur général des marques Jeanneau et Prestige.