Voilier de course autour du monde, série Olympique, bateau de croisière confortable, navire de transport, canot de pêche traditionnel, navire de guerre rapide, le catamaran présente bien des visages ! Les connaissez-vous tous? 

Le mot catamaran provient du Tamoul Kattumaram, qui signifie “tronc attachés ensemble”. Les caractéristiques des multicoques actuels proviennent d’un type ancien de bateau polynésien, le Prao ou Pirogue à balancier. 

D’un simple radeau, l’expérience des marins du golfe du Bengale puis de ceux du Pacifique a transformé le concept en un bateau à un ou deux deux mâts, muni d’un gréement en pince de crabe, capable de permettre l’essaimage des populations à travers le pacifique entre les îles d’Océanie il y a 4000 ans. 

Un des passagers de l’expédition de Magellan observa un Prao dans les Îles Marianne entre 1519 et 1522. 
Deux siècles plus tard, l’explorateur, pirate et aventurier William Dampier décrivit dans ses mémoires une embarcation de ce type observée en 1697 au large de l’Inde. 

Les multicoques offrent plusieurs avantages en comparaison des monocoques : 

• La stabilité : Le centre de gravité de ces embarcations est située en largeur à mi-chemin des coques les rendant très stables. 
• La faible résistance offerte à l’eau en navigation : A vitesse modérée, la résistance de l’eau opposée à un multicoque augmente selon le carré de sa vitesse. Celle d’un monocoque augmente selon le cube de la vitesse. Cette résistance de l’eau sur les coques moindre favorise la vitesse des multicoques. 
• Une habitabilité ou une capacité d’emport plus forte : L’espace compris entre les coques de ce type de navires est parfois intégralement ponté comme sur certains ferry, ou, pour les versions de plaisance, les nacelles supportent une importante surface habitables entre les coques. 

Le catamaran à voile, multicoque moderne

Le premier exemple de catamaran occidental remonte à 1662. William Petty, le philosophe et économiste britannique, conçut un bateau de ce type offrant une plus grande vitesse dans des airs plus légers. 

Puis Nathanael Herreshoff dessina Amaryllis pour les courses du centenaire du Yacht Club de New-York en 1876. 

Le bateau surclassa à ce point tout ce qui naviguait que ce type d’engin fut écarté de toutes les classes et jauges de course jusqu’au début des années 1970 ! Quand on dit que le progrès génère une résistance… 
 

Au cours des années 30, Eric de Bisschop, un as de la chasse française de la première guerre mondiale, construisit puis ramena un catamaran océanique traditionnel polynésien jusqu’en France. 

Un exemplaire de la relation de son aventure “Le voyage de Kaimiloa” finit entre les mains de James Wharram, qui entreprit la construction des premiers catamarans hauturiers modernes. On rencontre encore de beaux exemples de Tiki (croisière côtière) ou de Pahi (hauturier) en navigation aux quatre coins du monde. Wharram ne construisait pas de bateaux, on pouvait acquérir ces bateaux en bois, léger et rustiques finis auprès d’un chantier partenaire ou les construire en s’en procurant les plans. 
 

Le marché était mûr pour voir naître les premiers catamarans habitables de série, lancés dès 1982 aux chantiers Fountaine-Pajot, puis en 1984 par JTA (Jeanneau Techniques Avancées devenu CNB-Lagoon), précurseurs de ce type de bateau. En conjuguant stabilité, surface habitable, vitesse et confort on obtient un succès mondial : l’industrie française du catamaran de croisière ou Fountaine-Pajot, CNB-Lagoon, Catana-Bali, Outremer, Nautitech, Privilège occupent l’essentiel d’un marché en constante évolution. 

Le plus grand catamaran à voile naviguant à ce jour est Hemisphere, 44 m, à votre disposition en charter pour 200.000 € la semaine. 
 

Les catamarans de sport, les Formule 1 des mers

Le premier bâtiment à obtenir une place d’honneur dans une course en solitaire fut “Cheers” de Tom Folett. Il finira 3^ème à la transat Anglaise (OSTAR) de 1968, en l’absence d’Eric Tabarly. 

La 33^ème Coupe de l’America, vit, pour la première fois, s’affronter deux multicoques : Alinghi, catamaran de la Société Nautique de Genève defender, perdit la coupe contre BMV Oracle, un trimaran équipé d’un mât aile. 
 

En course autour du monde, de nombreux maxi catamarans prirent le départ du Trophée Jules-Verne parmi lesquels :

● Enza New Zealand, de Peter Blake et Robin Knox-Johnston : catamaran de 25,9 mètres, deux victoires 1993 et 1994. 
 

● Orange de Bruno Peyron : catamaran de 33,50 mètres, victoire en 2002 
 

● Cheyenne de Steve Fosset : catamaran de 37,90 mètres, meilleur temps en dehors du cadre Jules Verne (sans y être inscrit).