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Survie dynamique 6/6 : Le Drill

On quitte le bateau ! A cet ordre, il faut mettre le radeau et l’annexe à l’eau sans les endommager, les assurer au bord pour ne pas les perdre, les charger, emporter tout le matériel nécessaire, sans rien oublier puis embarquer tous les passagers sans se blesser… Pour réussir cet exploit, dans un état de stress maximum, une préparation s’impose. C’est le “drill”.

Survie dynamique 6/6 : Le Drill

Il paraît utile d’insister sur le fait que, quelle que soit la situation, on est toujours bien plus en sécurité sur un bateau même quasi immergé que sur un radeau ou une annexe.
Chaque année des accidents dramatiques voient des équipages quitter des navires encore flottants et s’exposer aux dangers de la navigation sur les tous petits engins que sont les radeaux et annexes. J’ai le souvenir d’une tragédie au cours de laquelle l’équipage d’un fifty, dont une vitre du poste de pilotage avait volé en éclat, sous une déferlante, blessant superficiellement le skipper, abandonna le navire, par ailleurs en bon état, pour le radeau. Bilan : Deux morts.
On ne quitte le bateau qu’en tout dernier recours, au tout dernier moment.

Revêtir des tenues adaptées et capeler un gilet

Survie dynamique 6/6 : Le Drill

A cet ordre et si ce n’est pas déjà le cas, l’ensemble de l’équipage doit avoir revêtu un gilet ou une veste de quart flottante ainsi qu’une tenue adaptée au climat. C’est le moment de passer les combinaisons isolées et étanches dans les zones froides.

Prévenir les secours

Le COSS Gris-Nez

Le COSS Gris-Nez

Un abandon de navire est un cas de détresse urgente.
Il faut prévenir les secours par tout moyen.

VHF Canal 16 “Mayday” puis donner aux secours :

  • La position de l’embarcation
  • La nature du sinistre
  • Le nombre de personnes à bord
  • Le type d’embarcation
  • Le nom de l’embarcation

Par téléphone GSM ou téléphone satellitaire, appel du CROSS local :

- CROSS Gris-Nez (Manche Est et mer du Nord) : 03 21 87 21 87
- CROSS Jobourg (Manche Centrale ) au 02 33 52 16 16
- CROSS Corsen (Manche Ouest) au 02 98 89 31 31
- CROSS d'Etel (Atlantique) au 02 97 55 35 35
- CROSS La Garde (Méditerranée) au 04 94 61 16 16
- Sous-CROSS d'Aspretto (Corse) au 04 95 20 13 63
- CROSS Antilles - Guyane au 05 96 70 92 92
- CROSS La Réunion au 02 62 43 43 43.

En difficulté à l’étranger, c’est le CROSS Gris-Nez qui fait le contact entre le naufragé et les secours locaux.

On met le radeau de survie et l’annexe à l’eau

Survie dynamique 6/6 : Le Drill

Avant la mise à l’eau du radeau de survie, on doit s’assurer qu’il est bien amarré à un taquet. Evitez d’amarrer le radeau ou l’annexe à un balcon, un dinghy retourné arrache un balcon et ceci, sans aucun problème.
Lors de la mise à l’eau du radeau, celui-ci percutera sa cartouche une fois délové l’intégralité du bout reliant celui-ci au taquet sur le bateau. On peut attacher le radeau ”plus court” pour le faire percuter et se gonfler plus près et éviter d’avoir à le hâler en retour.

Transborder le matériel de survie

Survie dynamique 6/6 : Le Drill

Il est sage de munir les sacs étanches de mousquetons permettant de les capeler sur la drisse ou sangle du radeau ou de l’annexe.
Le matériel de survie peut être contenu dans 3 ou 4 sacs ou conteneurs étanches :

  • Matériel de survie et de navigation (un sac fermé prêt dans un coffre du cockpit, nous avons décrit le contenu de ce sac dans notre article précédent).
  • Des vivres, les rations préparées et tout ce qu’on parvient à attraper avant de quitter le navire.
  • La ribambelle de jerrycans d’eau douce.
  • Le matériel électronique de signalisation (Balise Cospas Sarsat, VHF portable, Téléphone Iridium), les papiers de l’équipage, du bateau, les câbles de charge des appareils si vous disposez d’un chargeur photovoltaïque.
  • Les vêtements : vestes de quart, des serviettes, palmes masques tubas, fusil sous-marin.
  • La balise Carsat-Sarsat : Une fois à bord, il est prudent de la capeler.

Les papiers en tous genre pourraient avantageusement être scannés avant le départ et stockés en ligne sur un serveur “cloud” comme Dropbox ou GoogleDrive.
Pour le transbordement proprement dit, les professionnels capellent toujours le matériel à transborder sur un point fixe. Une solution facile consiste, avec des sacs munis de mousquetons, à les crocher sur le bout du radeau ou de l’annexe puis les transborder.

Prendre place à bord

Survie dynamique 6/6 : Le Drill

Une fois tous à bord, le matériel de survie embarqué, c’est le moment de déclencher la balise. Prendre garde à l’amarrer à un point fixe.
Sans entraînement préalable, sous la pression et l’adrénaline, il sera difficile de réussir cette séquence sans accroc.
Prévoir, préparer, penser, se renseigner, fort bien, mais ces actions n’auront que peu de valeur si elles ne sont pas suivies par un peu d'entraînement.

L’importance de l’anticipation

Steven Calahan s’entraîne toujours (il a passé 76 jours à la dérive en atlantique en 1982)

Steven Calahan s’entraîne toujours (il a passé 76 jours à la dérive en atlantique en 1982)

Il est demandé aux pilotes d’hélicoptères, aux parachutistes, aux plongeurs civils et militaires, au cours de leur formation d’acquérir des automatismes en cas de difficulté sévère. Ces situations font l’objet d’entraînements spécifiques, les “drills”.
Il ne serait pas stupide de se préparer à évacuer le bateau, en embarquant tout ce qu’on a prévu. On se prépare bien à envoyer un spi, pour le plaisir, alors pour quelle diable de raison ne se préparerait-on pas à une situation d’urgence vitale ?

Le maniement de la balise Carsat-Sarsat et de la VHF devrait être étudié à terre.
Le numéro du cross compétent enregistré en mémoire des téléphones.

Ainsi, il est important de compléter les sacs étanches en avance avec le matériel pouvant l’être (sac survie navigation, jerrycans et fonds de sac nourriture).
Pour les sacs de vêtements et de matériel à attraper en dernière minute, une liste plastifiée du contenu à y fourrer peut être utile.

Chaque membre de l’équipage peut avoir une mission spécifique à remplir (la nourriture, les vêtements, le matériel de dernière minute), en se référant à une liste.
Les plus forts et marins auront bien assez à faire à larguer le radeau (50/60 kg) ainsi que l’annexe et à y transborder tout le matériel...

Il n’y a pas de “vérité absolue” dans la préparation tant matérielle qu’humaine à une situation de détresse. Il n’y a que le bon sens et la prudence.
Personnaliser, maintenir et préparer son matériel de sécurité et de survie fait partie intégrante des devoirs du chef de bord, responsable de l’équipage.
Tout comme former son équipage en effectuant une simulation annuelle d’abandon de navire.
Celle-ci permet de se remémorer les tâches de chacun, de découvrir et de réfléchir aux difficultés pratiques qu’on pourrait rencontrer le jour J.
Ne vaut-il pas mieux prévenir que guérir ?

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