20 Mai 2020
Prendre sa météo, quand on est à bord de son voilier ou de son catamaran de voyage, voire de son motoryacht, comparer les prévisions météorologiques, bénéficier d’assistance à distance, médicale ou technique, appeler ses proches ou leur envoyer quelques messages, ou qu’on soit dans le monde, il y a une foule de raisons, en dehors de l’aspect purement sécuritaire, à disposer d’un téléphone satellitaire ou d’une
connexion internet satellitaire.
Les systèmes de télécommunication satellitaires placent leurs satellites sur deux types d’orbites définissant leurs caractéristiques, points forts et points faibles.
Iridium - Le système IRIDIUM utilise 90 satellites (66 actifs) à orbite polaire basse à 780 km d’altitude. Disposés sur 6 plans orbitaux, ces satellites survolent les pôles, assurant une excellente couverture quasiment mondiale. Les liaisons partent de la terre via un téléport qui compresse les données et les envoie vers un satellite qui transmet à son voisin dès que sa position risque de le rendre inopérant vis-à-vis du terminal de l’utilisateur. Les données circulent depuis le terminal satellitaire, de satellite en satellite, jusqu’à une des deux bases terrestres ou elles sont dispatchées vers le destinataire. La société, fondée au départ par des transfuges de Motorola est aujourd’hui en position de leader du marché.
Les appareils Iridium interagissent avec le Système Mondial de Détresse et de Sécurité en Mer (SMDSM). Les communications Iridium se reconnaissent grâce à la légère distorsion phonique due à la compression ainsi qu’au temps de latence. Le système Iridium standard offre un débit de 9,6 Kbps, c’est très faible pour certaines applications.
Une offre à haut débit, baptisée “Certus”, basée sur une nouvelle génération de satellites, offrant un débit de 360 Kbps va voir le jour.
Globalstar - Concurrent américain direct d’Iridium, Globalstar dispose d’une constellation de 32 satellites à orbite basse permettant d’offrir une couverture centrée sur les Amériques, l‘Europe, l’Australie et leurs eaux, pôles exclus. La méditerranée est intégralement couverte.
Dans ce système, les satellites communiquent directement avec la terre depuis l’appareil connecté, rendant indispensable une architecture reposant sur 40 “relais” terrestres souvent hébergés par des opérateurs télécom. Ceux-ci prélèvent un pourcentage sur le trafic mais supportent le principal du financement des équipements souvent partiellement communs avec les leur. Ce système génère des coûts plus bas qui se retrouvent dans le prix des données.
Les téléphones sont meilleur marché et parfois même offerts en comparaison de leurs équivalents Iridium. Enfin, en data, des débits de 38 Kbps sont atteignables, en comparaison des 9,6 Kbps d’Iridium.
StarLink - Nouvel entrant sur le marché de la téléphonie satellitaire, StarLink est un service de SpaceX, société américaine fondée par Elon Musk, par ailleurs fondateur de Tesla. Ce service est né de la nécessité de générer du cash flow positif à SpaceX afin que cette dernière puisse poursuivre ses activités visant à financer les vols spatiaux habités, dirigées vers la planète Mars, de SpaceX ! StarLink n’est pas un opérateur téléphonique mais un fournisseur d’accès internet à haut débit satellitaire. Pour parvenir à son objectif, la société va lancer 12.000 petits satellites dont 422 sont déjà en orbite.
Le réseau, en cours de développement, se voit régulièrement renforcé de “trains de satellites”, lancement de 60 de ces appareils, qui peuvent faire craindre à certains l’arrivée d’extra-terrestres...
StarLink est en phase de Bêta-Test depuis le 20 avril 2020.
Thuraya - Thuraya, qui signifie “Pléiades” en arabe est une société basée à Abu-Dhabi aux EAU, et qui dispose de deux satellites géostationnaires sur trois déjà lancés. C’est un opérateur régional dont les appareils nécessitent un pointage vers un satellite. La couverture du réseau Thuraya est particulièrement efficace sur l’Europe, l’Afrique, et l’Asie. Les appareils Thuraya sont très bon marché, ce qui limite le coût d’utilisation global.
Le coût des communications est le plus faible du marché. La facturation Thuraya dépend du lieu d’émission, il cohabite deux zones aux prix différents. Il est par ailleurs possible d’utiliser les fonctions “roaming” d’une carte sim “normale” souscrite chez un opérateur qui l’autorise, s’épargnant ainsi la contrainte de disposer d’un abonnement dédié.
Inmarsat - Organisation internationale publique Britannique créé en 1972, Inmarsat opère désormais sous la forme d’une société privée qui dispose de 11 satellites et 37 stations terrestres. La couverture est excellente en dehors de certaines zones arctiques et antarctiques. Avec ce réseau, l'utilisateur doit pointer son appareil vers le satellite cible. Les installations fixes disposent d’antennes motorisées asservies à un gyrocompas qui pointent automatiquement. Les appareils Inmarsat sont capables d’émettre et de recevoir des messages SMDSM.
On peut recevoir gratuitement des messages texte sur les terminaux Inmarsat.
Par ailleurs, le système Inmarsat propose des offres à haut débits pouvant atteindre les 482 Kbps via son service FleetBroadband. De quoi profiter d’internet à toutes les latitudes ou presque !
VSAT - Vous avez probablement déjà aperçu, sur les superstructures de certains yachts, des dômes d’une diamètre compris entre 40 cm et 1 m, ressemblant à ceux abritant des radars. Les récepteurs VSAT (Very Small Aperture Terminal) sont des antennes mobiles qui pointent continuellement vers les satellites leur fournissant le signal. Ce système est utilisé aussi bien par les chaînes de TV pour émettre leurs émissions et leurs directs que pour disposer de bande passante importante dans des sites isolés à terre que sur des yachts.
Pointant vers des réseaux de satellites de communication géostationnaires de grande taille (ASTRA, EUTELSAT, DISH, BELL, HUGUES), ces systèmes peuvent offrir une bande passante considérable. Dans le secteur nautique, les paquebots et autres navires de transport de passagers offrant TV et internet à bord, comme les yachts par exemple, se servent de ces systèmes. Des dizaines d’opérateurs interviennent sur ce marché professionnel.
Professionnel car le prix du matériel atteint rapidement des dizaines de milliers d’euros pour des installations à très haut débit, permettant de disposer de 2, 4, ou même 10 Mbps (l’équivalent de la fibre optique) en mer. A ce rythme, un abonnement illimité en 4Mbps (réception) 1 Mbps (émission) revient à près de 6.000 € mensuels. Ces systèmes équipent, entre autres, les superyachts d’exploration et permettent à leurs hôtes de profiter de Netflix lors du franchissement du détroit de Drake, de télétravailler ou de surveiller les cours de la bourse depuis leur bateau depuis le milieu du Pacifique...
Que de chemin parcouru depuis le lancement des premiers téléphones satellitaires... Ces équipements satellitaires permettent désormais de garder un contact permanent avec son travail, sa maison (domotique) et la vie à terre. Est-ce vraiment un progrès indispensable quand on se souvient du plaisir à voyager en bateau, déconnecté de tout, au rythme du temps qui passe ?