Hier, à 18 heures, l'édition 2021 du salon nautique de Paris a fermé ses portes. L'occasion d'en dresser un premier bilan à chaud.

Cette édition 2021 du Nautic était d'autant plus attendue par les plaisanciers et les professionnels du nautisme, que le salon n'avait pas eu lieu en 2020, crise sanitaire oblige, et que la filière nautique fait face à un fort enthousiasme et à une demande soutenus, de la part de plaisanciers, dans quasiment tous les segments du marché.

Avec 171 000 visiteurs, le Nautic 2021 ne rentrera clairement pas dans les annales comme l'une des éditions les plus réussies de son histoire, mais la résilience est forte, avec une 5eme vague de covid en cours, et un fait nous a vaiment positivement surpris : le bon respect des gestes barrière et du port du masque, tant de la part des visiteurs que des exposants - l'accès au salon était soumis au Pass Sanitaire - et une nocturne lors de laquelle, chacun aura su s'adapter à la particularité du moment !! 

Côté ventes de bateaux, le volume de bateaux vendus sur le salon afficherait une baisse de 20 à 40% selon les exposants, mais intervient après des salons de Cannes et La Rochelle très dynamique et à fin décembre, la croissance des ventes sera une nouvelle fois soutenue, selon les représeants des marques que nous avons interrogé, plutôt satisfaits de l'organisation technique du salon et de sa nouvelle disposition.

« Le bon climat d’affaires a été au rendez-vous de cette édition particulière et la plupart des exposants ont souligné la qualité des relations construites avec les visiteurs. Cette année est riche d’enseignements pour les acteurs économiques. Elle participe au rebond de notre filière qui doit, plus que jamais, être unie autour de son salon pour accueillir les pratiquants d’aujourd’hui comme de demain » a commenté Fabrice Lacoume, Directeur Europe de la division Marine de Yamaha, sur ActuNautique Yachtinbg Art.

=> tous nos reportages sur le Nautic de Paris 2021

Un salon sous le signe du changement

Salon post crise sanitaire, ou tout du moins positionné entre deux vagues de la pandémie - la 5ème vague se levant au large - le Nautic 2021 se présentait de façon compactée cette année, réparti entre le Grand Hall 1, pour tous les bateaux et le tourisme, la passerelle, pour les services, et une partie du Hall 2, pour les équipementiers.

Si l'on pouvait se poser des questions sur l'intérêt de regouper voiliers et bateaux à moteur dans le Hall 1, force est de constater que l'expérience visiteur y gagne fortement, tout comme celle des exposants, avec un dispositif plus simple à gérer et un effet de massification prometteur.

Las, cette massification de l'offre, aura cependant pâti de l'absence de nombreux chantiers cette année, dont bon nombre d'entre eux semblent avoir joué le jeu du Boot de Düsseldorf, et de la réduction du nombre de bateaux présentés par les exposants venus porte de Versailles.

Ajouté au fait que les exposants avaient en grande majorité, décidé d'exposer des bateaux de moins de 40 pieds, le Nautic 2021 se présentait comme un salon de "petits bateaux", principalement à moteur, avec un gros point fort sur le segment des semi-rigides. Les visiteurs ne pouvaient cette année, comme en 2019, que remercier la délégation italienne d'être venue en force cette année et qui aura permis de compenser les défections, notamment françaises....

Du côté des déceptions, le fait qu'un seul catamaran soit présent cette année, une unité de chez Fountaine-Pajot, les chantiers présents ayant opté pour des stands de représentation : il est vraiment dommage que sur un segment en croissance comme celui des multicoques, les acteurs renoncent à faire découvrir leurs unités au grand public... Bravo donc au chantier rochelais pour avoir décidé d'exposer son catamaran de 39 pieds, l'Isla 40, à Paris. 

Parmi les visiteurs croisés dans les allées, les amateurs de voile ne reconnaissaient clairement pas le Nautic, alors que le salon aura vu un boum de l'intérêt et de la demande pour une unités monocoques (regarder ce reportage), ce qui n'était pas arrivé depuis au moins 10 ans.

Autre remaque sur bien des lèvres de visiteurs : le fait qu'il n'y avait plus de bateaux à vendre, du fait de la forte demande : il semble que dans ce domaine, il y ait eu une certaine confusion ces derniers mois, entre les ventes des constructeurs à leurs réseaux - ou les délais sont longs désormais - et les disponibilités de bateaux en concessions, concessions qui disposent bien de bateaux qu'ils recevront de janvier à septembre 2022 !!

Une situation que nous a confirmé Loïc Roy, patron du Groupe RC Marine, gros concessionnaire Bénéteau et Highfield dans l'Ouest de la France (6 concessions), dans l'émission Eco Yachting, il y a bien des bateaux de disponibles à la vente !!

Que se passe t-il chez les équipementiers ????

Côté Hall des Equipementiers, la situation était ambivalente cette année, avec d'un côté une bonne nouvelle, l'abandon de la cave, ce hall souterrain glauque à mourir, bas de plafond, et à côté duquel un visiteur sur 4 passait sans le voir jusqu'en 2019, et d'un autre côté, un nombre d'exposants ridiculement bas !!

L'offre était ténue cette année, et les présents doivent être félicités pour avoir permis aux visiteurs de découvrir les produits et technologies dont ils pourront équiper leurs bateaux dans le futur.

Cette situation est d'autant plus décevante qu'un salon nautique est un salon de filière, et qu'une filière - en particulier dans le monde des loisirs - doit se promouvoir en groupe, pour susciter de la curiosité et de l'intérêt. 

Comment Vi-Paris, l'exploitant du Parc des Expositions, gâche tout !! 

36 euros pour une journée de parking Porte de Versailles au P1, 27 euros pour une mauvaise salade qui n'avait de César que le nom, et une tartelette fine aux pommes saturées de beurre trop cuit : si l'organisation du Nautic de Paris fait de son mieux pour améliorer l'expérience des visiteurs, Vi-Paris, l'exploitant du Parc des Expositions fait de son côté tout le contraire ! A croire que la Tour Triangle, la végétalisation des toits des halls, et l'installation de nouveaux hôtels - hors de prix - dans l'enceinte du Parc, sont devenus sa priorité, par rapport aux salons et expositions....

Vous attendiez le Nautic avec impatience pour y déguster vos sandwiches au foie gras du sud-ouest de chez Mémé du Quercy ?? Cette année, c'était nada !!

Vous pouviez acheter les bocaux sur son stand, mais pas de sandwiches, car Vi-Paris avait imposé une taxe sur les sandwiches consommés sur place, totalement dissuasive. Une taxe sur la taxe, bien française dans le concept.....

Vous souhaitiez aller aux toilettes ??? Objectivement, il était préférable de se retenir... tant leur propreté laissait à désirer. Pour Vi-Paris, les toilettes sont clairement moins importants que les sculptures électroniques lumineuses du Hall 6, selon un adage novateur : est-ce bien utile et rentable d'aller aux toilettes ? L'image de Paris dans ce domaine - Ville Poubelle - en a une nouvelle fois pris pour son grade, mais dans ce domaine, la Capitale ne surprend plus personne.....

Autre exemple incroyable concernant les exposants du Hall 1 ce fois-ci : une surtaxe de Vi-Paris apparue durant le montage, au dernier moment, sans prévenir personne, pour la pose d'élingues, du fait de nouveaux tuyaux de ventilation.... 

Ces quelques exemples qui étaient sur toutes les lèvres, tant des visiteurs que des exposants cette année, reflètent une exaspération profonde quant à l'exploitant du Parc des Exposition, dont le monopole en Ile de France semble bien confortable...

Quand on ajoute à tout cela les coûts de location des halls, dissuasifs, de l'électricité et des prestations techniques, de la complexité et du coût de traverser le périphérique pour amener des bateaux Porte de Versailles, une question se pose : le Nautic de Paris ne devrait-il pas quitter Paris, pour des Cieux plus cléments et motivés par le nautisme, dans un contexte où la Ville de Paris ne fait aucun effort pour promouvoir le salon ???

Voilà une question qui traîne sur les pontons.... depuis bien logtemps ma foi, et qui n'a pas fini de faire parler !!