17 Septembre 2012
Dans l’effervescence et la séduction déployées lors des manifestations nautiques, on en oublierait presque que le secteur n'est pas au mieux de sa forme, même en France, où les dégâts sont toutefois moindres que chez nos voisins.
Le blocage dans le port de Marseille, de deux navires de croisière pour impayés, que nous apprenons aujourd’hui, vient nous le rappeler de manière aussi cruelle qu’inopportune, alors que la rentrée nautique et ses fastes bat son plein.
Articles dithyrambiques sur des paquebots toujours plus performants, luxueux et spacieux, auto-louanges des croisiéristes, programmes toujours plus individualisés et... mutisme et la presse magazine grand public - souvent de la partie - devant la réalité qui se cache bien souvent au coeur des soutes de ces géants des mers.
Certes les difficultés financières des uns ou des autres n’enlèvent rien à la beauté de la ligne d'un navire, quoique le style immeuble flottant - en vogue - ne fasse sans doute pas beaucoup rêver les amoureux de la mer et de la plaisance !
Elles n’enlèvent rien non plus au plaisir d’une croisière organisée, mais il n’est peut-être pas indécent de rappeler de temps en temps que les tempêtes financières ont aussi des conséquences notamment sociales, sur des gens qui ont toujours été malmenés, non seulement par les intempéries, mais aussi par les aléas financiers.
Rappelons juste, pour cette année, la polémique suscitée après le naufrage du Costa Concordia, de manière générale, sur les conditions de travail des marins de beaucoup de ces immeubles flottants : horaires sans limites, mauvaises conditions de travail, et parfois obligation de verser un droit d'entrée pour avoir le droit de travailler...
Qui s'est ému de ces trois ferries marocains, bloqués à Sète pendant plusieurs mois, blocage qui a entrainé le non-paiement des salaires de 200 marins ?
Aujourd'hui, ce sont deux paquebots de croisière portugais qui sont immobilisés à Marseille pour cause de saisie conservatoire suite à des impayés, le MV Athena et le Princess Danae. Ces impayés concernent des factures de carburants mais aussi, pour le Princess Danae, des salaires de l’équipage. Conséquence directe : plusieurs centaines de membres d’équipages sont bloqués dans le port de Marseille. Sans parler des passagers...
De manière générale, dans ce type de situation, les marins, venant du bout du monde et tenant à leur poste, restent sur place malgré l'absence de salaire et les affres de l’attente et du désœuvrement, qui ne sont pas forcément plus faciles à supporter que la surcharge de travail.
Quasi-esclaves quand il y a du travail, variable d’ajustement quand il n’y en a pas, ce malheur discret et chronique passe souvent inaperçu pour le client qui réceptionne une marchandise ou effectue un trajet ou une croisière.
Ce « côté obscur » du travail des équipages est d’autant plus pesant pour les personnes concernées et leurs familles que la crise, elle, est générale, et ne leur permettra pas forcément de rebondir…
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