25 Avril 2016
Thierry Chabagny et Erwan Tabarly sur Gedimat ont été les premiers à buter dans ce mur.
Agir Recouvrement est donc revenu dans son tableau arrière (moins d'1 mille) avant d'être arrêté lui aussi. Et c'est désormais au tour de Generali (3e à 4,6 milles) d'être ralenti. Difficile dans ces conditions de prévoir une heure d'arrivée. Encore moins de prédire le tiercé gagnant de cette 13e édition de la Transat AG2R La Mondiale. Car les dés sont sur le point d'être relancés, au hasard des risées et de la bonne fortune.
On les voyait passer la ligne vers minuit ce soir (heure locale) à Gustavia. Mais le vent s'est écroulé rendant toute heure estimée d'arrivée fantaisiste. En tête, on s'échine sur le pont pour essayer d'avancer vers le but. Les voiles faseyent. On essaye de faire porter un coup le génois, un coup le spi. Pour l'instant, Bretagne-CMB Performance (4e à 10,8 milles) et Cercle Vert (5e à 15,8 milles) progressent toujours à 5/6 nœuds, mais ils ne vont pas tarder à subir à leur tour ce coup d'arrêt.
Dans ces conditions totalement aléatoires, les leaders sont sous pression. Mais les marins ne s'en remettent pas encore à la fatalité et font tout ce qu'ils peuvent pour trouver une issue. Leur crainte absolue : que ce finish, après 22 jours d'efforts, ne se transforme en grande loterie à quelques encablures de l'arrivée. C'est pourtant ce qu'il risque fort de se produire.
Ceux qui ont vécu des arrivées d'étape de Solitaire du Figaro en baie de Dingle (Irlande) entrevoient probablement le scénario qui est en train de se produire à 25 milles de Port Gustavia. Sauf qu'ici, on ne parle pas de 2 ou 3 jours de mer mais de 22 jours de régate au contact. 22 jours que les 5 bateaux de tête contrôlent, rationalisent, calculent, ajustent, règlent, qu'ils font parler leur technique, leur savoir-faire, leur expérience. Autrement dit, qu'ils sont dans la maîtrise de leur art. Or, ce soir, ils ne contrôlent plus grand-chose et sont soumis aux caprices de la nature.
A Gustavia, les manches à air sont en berne, les drapeaux pendent sur les mâts de pavillon et pas une ride ne vient troubler l'eau du port… la nuit promet d'être très longue et très pénible pour les navigateurs qui n'ont désormais qu'une hâte : toucher terre.
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