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Le Groupe Bénéteau vise une croissance supérieure au marché sur les 2 prochaines années

ActuNautique a rencontré Hervé Gastinel lors du Cannes Yachting Festival 2017. Eclairage sur la stratégie du Groupe Bénéteau et les visées du plan Transform to Perform.

Hervé Gastinel, président du Groupe Bénéteau, devant le nouvel Oceanis 51.1

Hervé Gastinel, président du Groupe Bénéteau, devant le nouvel Oceanis 51.1

Hervé Gastinel, le Groupe Bénéteau, numéro 2 mondial du nautisme, lance cette année 38 nouveautés, ce qui est quasiment un record ! L'année des records ?

Hervé Gastinel - C'est effectivement l'année des records pour nous, puisque non seulement le groupe a effacé la crise de 2008 en termes d'activité et de chiffre d'affaires, mais encore parce qu'il a relancé sa rentabilité, et qu'il est désormais totalement désendetté…

Le Groupe Bénéteau présente un bilan avec une trésorerie positive, ce qui nous donne les moyens de faire ce que nous avons fait cette année, c'est-à-dire accélérer et profiter d'un environnement international que nous qualifions de porteur. Cela se voit se voit dès cette année sur le plan des produits, avec 38 nouveautés !

Cette année, nous présentons 30 % de nouveautés en plus, par rapport à l'an dernier, de vraies nouveautés, qui sont souvent majeures : je pense notamment à la Prestige 520, à la nouvelle génération d'Oceanis, avec le 51.1, au nouveau Sun Odyssey 319, à toutes les nouvelles générations de hors-bord (françaises, européennes et américaines), et puis aussi à des nouveautés très intéressantes sur les gammes in-board.

Ce plan a été rendu possible par la transformation considérable qui est mise au sein du groupe depuis maintenant deux ans, grâce au plan Transform to Perform. 

Justement Hervé Gastinel, où en est-on de ce plan Transform to Perform depuis sa mise en place, et comment se décline-t-il concrètement ?

Hervé Gastinel - Transform to Perform est organisé autour de plusieurs axes : d'abord en R&D ; l'innovation est pour nous vraiment essentielle et on s'en donne les moyens. Il y a aussi un axe marketing, car il y avait besoin que nos marques travaillent plus ensemble, pour partager les innovations, mieux segmenter chacune de nos offres, et ainsi éviter les doublons inutiles.

L'axe « Production » est également majeur : cela a toujours été l'une des forces du chantier, que d'être capable de produire au meilleur coût. Nous avons lancé de ce point de vue-là un grand projet « Usine du futur », basé sur l'efficacité opérationnelle, mais aussi sur de nouvelles capacités de production. 

Nous investissons pour accompagner la croissance du marché, avec de nouvelles lignes de production en France d'abord (Bordeaux, Vendée), en Pologne, ainsi qu'un nouveau projet d'extension aux Etats-Unis, que ce soit à Marion ou à Cadillac, dans le Michigan.

Sur tous ces axes, le groupe est vraiment à la manœuvre : il ne faut pas oublier derrière tout cela un indispensable travail sur toutes les fonctions « support », « logistique », « achat », et plus important encore, l'investissement humain, avec de nouveaux talents qui viennent compléter l'expertise très riche du groupe. 

Parmi les annonces de ce matin, la nouvelle marque de catamarans que vous allez lancer. Quand pourra t-on on savoir plus sur cette marque, et en découvrir les premiers modèles, sur un ponton par exemple ?

Hervé Gastinel - Nous avons toujours dit que nous donnerions la priorité à la marque Lagoon, c'est pourquoi sur les salons d'automne en particulier, nous renforçons l'ancrage de leader mondial de la marque, avec des innovations et des nouveautés extrêmement importantes : le Lagoon 40, le Lagoon 50, le Seventy 8, la version moteur du Seventy 7 lancé l'an dernier, qui a été un franc-succès.

En parallèle et pour continuer à asseoir le leadership du groupe dans le domaine du multicoque, nous lançons effectivement une deuxième marque sur la fin de la saison, et nous aurons alors l'occasion de dévoiler son nom, et les premiers modèles qui sont en cours de finalisation, qui seront mis à l'eau très prochainement ; vous en saurez plus sur la deuxième partie de l'année !

Certains de vos compétiteurs font de l'intégration verticale ; c'est-à-dire qu'ils rachètent des clients, à savoir des loueurs de bateaux. Hervé Gastinel, est-ce que le groupe Bénéteau a pour objectif d'écouler sa production par ce biais-là ?

Hervé Gastinel - Tout d'abord il s'agit de l'achat d'un professionnel de la location, certes très important… Je pense pour ma part qu'il s'agit d'une stratégie extrêmement dangereuse. Qui dit intégration verticale dit forcément, à un moment ou à un autre, conflit avec ses propres clients.

Je n'aimerais pas être aujourd'hui un loueur professionnel qui travaille avec Fountaine-Pajot, car c'est bien de lui dont il s'agit. Je crois que cela crée toujours la confusion dans les esprits des clients, et de même dans le réseau de concessionnaires.

On sait que ces grands loueurs ont également une activité de concessionnaire ; donc là-encore, notre choix à nous est de privilégier la clarté, et un soutien sans aucune ambiguïté à nos concessionnaires et à nos clients professionnels.  

A l'aune de la bonne conjoncture actuelle, Hervé Gastinel, comment voyez-vous le Groupe Bénéteau dans deux ans, en termes de répartition d'activités, entre la voile et le moteur, sur vos activités à l'export, et dans le développement des gammes ?

Hervé Gastinel - Je vous renvoie à ce que nous avons communiqué sur le plan Transform to Perform : une croissance que nous voulons deux fois supérieure à celle du marché, une continuité de prises de parts de marché, un groupe dont la rentabilité opérationnelle devrait se situer aux alentours de 8,5 %, et un groupe qui générera plus de ressources de free cash flow, de manière à continuellement assurer son développement.

On a un objectif de 250 millions d'euros de génération de cash flow libre, et puis au-delà de tous ces chiffres, un positionnement de multi-spécialiste, leader sur l'ensemble des segments sur lesquels il opère, soit numéro un mondial dans la voile, monocoque ou multicoque, n°1/n°2 dans le hors-bord et le petit in-board, et dans le top 5 des très grandes unités, les bateaux de plus de 60 pieds. 

Hervé Gastinel, le marché s'est beaucoup développé vers les grosses unités ; cette année, le marché des petites unités a redémarré, et le marché de l'occasion dans la voile baisse, au profit des ventes de voiliers neufs ; est-ce que ça signifie qu'aujourd'hui le Groupe Bénéteau va investir dans des voiliers de moins de 30 pieds, segment abandonné par les grands constructeurs ?

Hervé Gastinel - Nous l'avons fait de longue date et nous visons effectivement de reprendre pied sur ce segment au travers de nos deux marques généralistes, que sont Bénéteau et Jeanneau.

Jeanneau franchit un nouveau cap cette année, puisqu'il n'y avait pas de modèles Sun Odyssey en-dessous du 349 : nous relançons un 319, qui sera lui-même suivi dès l'année prochaine de plusieurs modèles en-dessous de 30 pieds, et la marque Bénéteau suit le même chemin de renouvellement de sa gamme de 20 à 30 pieds.

Vous avez parfaitement raison de dire qu'il y a besoin aujourd'hui d'amener de nouveaux pratiquants, avec des produits fun, ludiques, performants, et surtout abordables, pour renouveler le plaisir de la navigation, et puis demain, des nouveaux clients pour des voiliers de plus grande taille. 

Avec des voiliers construits comme le 319 en Pologne, pour permettre d'avoir un prix accessible ?

Hervé Gastinel - Pas nécessairement, l'idée c'est surtout d'être au plus près de nos bassins de consommation, et puis d'avoir effectivement le prix de revient le plus compétitif.

Pour cela, le chantier s'appuie sur une stratégie de plate-forme commune, de standardisation de ses composants, de manière à mieux maîtriser son coût de revient, et donc d'être capable d'offrir des produits extrêmement compétitifs. 

Qu'entendez-vous par « plate-forme commune » : pour vos futurs catamarans, d'aucuns ont pensé qu'ils utiliseraient les coques des Lagoon, alors qu'il n'en est rien : qu'est-ce qu'une plate-forme commune dans le nautisme, Hervé Gastinel ?

Hervé Gastinel - Pour moi une plate-forme commune, c'est tout ce qui ne se voit pas par le client ; on retrouve la logique de l'automobile, du châssis en particulier. L'idée c'est que les équipes marketing doivent pouvoir habiller ce châssis, cette plate-forme commune, de manière à respecter une identité, un style, propre à chacune des marques.

Nous ne voulons surtout pas avoir des bateaux qui se ressemblent les uns des autres ; c'est vrai aussi bien pour Bénéteau et Jeanneau, sur lesquels j'insiste fortement sur la différenciation du style, de l'identité de ces deux marques, et ce sera tout aussi vrai demain pour nos deux marques catamarans, Lagoon et la nouvelle marque "X2", dont le nom reste encore à définir. 

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