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Bateaux célèbres : l'Ombrine, bateau mythique du chantier Bénéteau

Si certains modèles de bateaux se sont révélés d’incroyables succès commerciaux, d’autres jouèrent un rôle déclencheur dans la transformation radicale d’un chantier.
Il en est ainsi de l’Ombrine de Bénéteau de 1964, un succès à l’origine d’un marché : le pêche-promenade.

Bateaux célèbres : l'Ombrine, bateau mythique du chantier Bénéteau

Il y a 50 ans, nous étions présents pour la toute première fois au salon nautique de Paris, au CNIT à l'époque, où nous exposions, outre deux pêche-promenade, une très jolie petite vedette, l'Ombrine. Ce bateau a été le dernier dessiné par mon père. Sa longueur était de 5.80m !! Pour nous, c'était déjà un gros bateau !

Annette Roux, en 2015, sur ActuNautique

Les origines du chantier Bénéteau remontent à la fin du XIXe siècle lorsque Benjamin Bénéteau, glorieux ancêtre, construisait dundees, pinasses et autres gabarres à voile, et le premier bateau de pêche professionnelle à moteur de la région.

Après le premier conflit mondial, sous la houlette d’André Bénéteau père, le chantier évolue dans le monde de la pêche professionnelle à moteur et les techniques de construction bois. Le virage s’amorce au début des années 1960 qui rime avec déclin de la pêche professionnelle et l’arrivée d’un nouveau matériau : la résine polyester.

Une gamme d’annexes de travail

Pour satisfaire une clientèle de gens de mer exigeante, les marins pécheurs sardiniers, André Bénéteau avait dessiné deux canots à voile (3,60 m et 4,30 m) et une élégante vedette à moteur de 5,80 m, tous trois destinés à une construction bois
composite. Cette pêche se pratiquait alors au moyen d’un filet droit assez court (cinquante mètres) que l’on manœuvrait depuis des chaloupes, d’une longueur comprise entre 5 et 10 m, selon les zones de pêche auxquelles elles étaient destinées.
La construction bois-composite limitait le coût de main d’œuvre par unité, tout en limitant les opérations d’entretien courant sur les navires en bois de construction traditionnelle. Pots, pinceaux et travaux de peinture rythment la vie ou les loisirs du propriétaire d’un navire en bois.
L’un de ces trois bateaux de travail sera remarqué, lors de foires régionales, par plusieurs distributeurs de bateaux. De ces échanges naîtra la retouche de ces modèles qui prépara leur arrivée sur le marché de la plaisance.

Salon Nautique de Paris 1965

Cette année-là, Bénéteau expose pour la première fois ses bateaux au salon nautique de Paris. Un de ses modèles attire toutes les attentions : une élégante vedette pontée, disposant d’une cabine, l’Ombrine.

Dérivée d’une version professionnelle, l’Ombrine impressionne par son élégance. Un avant puissant, à même de passer la vague, un balcon solide à l’avant prolongé vers l’arrière par un solide rail de fargue, une forte tonture et une motorisation diesel Renault Couach de 40 à 80 chevaux, rappelant celle des petits navires de pêche, ce bateau attire tous les regards.

Bénéteau, outre la présentation d’un nouveau modèle, avait ouvert un nouveau marché : le pêche-promenade. Avec son capital génétique issu de la pêche professionnelle, la rigueur et la qualité de fabrication (de nombreux menuisiers et charpentiers en poste avaient pratiqué la construction en bois de chêne ployé à chaud), et son dessin véritablement intemporel, c’est le carton ! L’embryon du réseau de concessionnaires de la marque naît ici, et le carnet de commande se garnit.

La première génération des Ombrine, jusqu’à l’année 1967/68, était réalisée en strip-planking. Cette technique de bordage à petites lattes en pin d’Orégon, cloué/collé, reposait sur des membrures en chêne scié. Pont en pin d’Orégon et tableau arrière en chêne.

Dotées d’une barre franche et d’un poste de pilotage intérieur pour les plus grandes (jusqu’à 7,80 m), les Ombrine offraient une couchette double à l’avant et une cuisine, qui permettaient d’y passer occasionnellement la nuit.

Des Ombrines de “deuxième génération” virent le jour vers 1967, construites en composite fibre de verre-polyester. Ces dernières ont constitué le gros des ventes.

L’archétype de la vedette de pêche-promenade était né.

Un hall plein de pêche-promenade en polyester

L’Ombrine des années 1990

Fort de ce succès et solidement campé sur la vague de la plaisance, Bénéteau se développe très fortement avec le succès mérité qu’on lui connaît.
L’occasion de faire renaître ce nom historique se présente au début des années 1990, quand André Bénéteau fils dessine une large gamme de day-boats à moteur de 5 à 9 m. Ils sont, cette fois-ci, évidemment construits en sandwich fibre de verre - résine polyester.
Du petit 5 m Walkaround aux habitables vedettes 960 ou 1001 de 10 m, la gamme est devenue très large, à l’image de son chantier devenu mastodonte.

Une restauration exemplaire

Mérolène est une Ombrine flambant neuve, de … 1967. Classée BIP et restaurée de main de maître par son propriétaire (qui n’est autre que le responsable d’atelier des vieilles voiles de Rhuys), c’est un magnifique exemplaire de cet élégant pêche promenade in-bord.

Un look indémodable

En admirant, avec un œil actuel, les formes de cette élégante vedette, on lui trouve un charme fou qui n’est pas sans rappeler celles, néo-rétro, du chantier batave Zeelander Yachts.

Pourquoi ne pas imaginer que Bénéteau n’en produise une version actualisée, destinée aux amateurs de belles mécaniques, Noël approche, rêvons un peu, elle distille un charme fou, cette Ombrine !

Mérolène

 

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