19 Avril 2021
Au cours de l'été 1970, Bruce Kirby, un journaliste nautique canadien, répondit à un appel d'offres émis par la compagnie de la baie d'Hudson qui voulait réaliser un petit canot, éventuellement motorisé ou muni d’avirons, destiné à être vendu dans son catalogue.
De son côté, Ian Bruce souhaitait développer un petit voilier, simple et économique, à très large diffusion.
C’est Ian Bruce, qui apparaît comme le maître d’ouvrage du Laser, qui commanda des plans à Kirby et le premier jeu de plans de voiles au voilier canadien Hans Fogh, par ailleurs champion du monde sur Flying Dutchman.
Bruce Kirby, pour reprendre l’analogie BTP, jouait le rôle de maître d’œuvre.
Quelques mois plus tard, les deux amis présentèrent, à une régate destinée aux voiliers de moins de 1000 USD, l’American Tea Cup Regatta, leur bébé, le Laser, baptisé Thanks God it's Friday TGIF.
Présenté au Boat show de New York en 1971, plus de 140 bateaux sont vendus en une demi-journée.
Deux ans plus tard, 15 000 Lasers naviguent.
Un mythe est né.
La coque du bateau est construite en sandwich fibre de verre résine polyester. Elle comporte une dérive et un safran amovibles.
Le gréement est du type cat boat, avec un mât non haubané et naturellement cintré, fiché dans une emplanture traversant le pont.
Dérive amovible et safran relevable en bois ou polyester.
Le voilier ne porte qu'une grand-voile donc il existe trois types :
Un bas de mât amovible permet d'adapter ces trois types de voilure sur un seul mât et une seule bôme. Les écoles de voiles apprécient, car on peut ainsi moduler une flotte à peu de coût.
L'ensemble des composants du Laser sont étiquetés pour en identifier la provenance, les règles de classe et de jauge étant extrêmement fermées.
Pas question d'apporter la moindre amélioration au gréement, à l'accastillage, à la coque ou à ses appendices. Cette volonté de Ian Bruce compta pour beaucoup dans le succès du laser.
Les exemplaires fabriqués aujourd'hui sont, à quelques détails près, identiques à ceux des années 1970.
L’ensemble peut se transporter démonté sur le toit d'une voiture, au moyen d'une galerie et permet de se passer d'une remorque.
Les Laser furent construits au départ au Canada par Bruce Kirby et ses associés. Après quelques déboires économiques, la marque fut rachetée par différentes sociétés qui se partagèrent son exploitation par territoire.
Ainsi, Laser Performance acquit les droits d'exploitation de la marque Laser pour l'Europe. D’aléas en aléas, Laser Performance interrompit ses versements de droits d’auteur à Kirby, qui intenta un procès envers l’ISAF (International Sailing Federation) afin que soit retiré l'agrément de classe au constructeur, Laser Performance, qui ne disposait plus des droits lui permettant d’apposer, sur ses plaques de type, le nom “Laser”.
A l’inverse, l’International Laser Class Association émit des changements aux règles de classe, et autorisa l'accréditation des bateaux neufs construits sans licence directe de Kirby, désormais dénommés ILCA Boats.
N’oubliez pas qu’il s’agit de 220 000 exemplaires d’un engin valant 8500 € neuf.
En 2020, un tribunal américain ordonna à Laser Performance de s'acquitter d'un reliquat de droit auprès de Kirby, de 7 000 000 USD.
Les lasers devenus ILCA Boats, redeviendront-ils des Lasers ?
A bord d’un Laser, on navigue sur un engin intermédiaire entre un windsurf et un voilier. Ça mouille !
Avant la mise à l’eau, 15 minutes de travail suffisent à créer l’engin, si on n’a pas démonté toutes les commandes.
Très puissamment toilé, le Laser est un voilier rapide qui délivre des sensations. Une risée plus et un rappel vigoureux sera indispensable pour éviter au barreur un bain accidentel…
Le rappel, sur un Laser, c’est absolument central. Sous cet angle, ces bateaux forment un excellent matériel de conditionnement physique. Rien de tel que le rappel pour se faire des abdominaux en béton !
En navigation, dans le petit temps, on ressent, avec son corps, chaque saut du vent, chaque réglage.
Le départ des compétitions de haut niveau est donné jusqu’à 30 nœuds de vent établi. Dans ces conditions, les réglages sont simples : cunningham et bordure à bloc, on relâche un peu de hâle-bas et l’expérience fait alors la différence.
C’est une sorte de prise directe avec les éléments, un peu comme on peut la ressentir sur un windsurf. Et dès que le vent se lève, au portant, le bateau bien à plat, le Laser plane. Et vite !