19 Octobre 2022
Les quilles droites sont les descendantes immédiates des quilles longues, des appendices qui souffrent d'inconvénients non-négligeables.
Ainsi leur maniabilité en marche arrière est très mauvaise. Leur safran, placé dans le prolongement immédiat de la quille, reçoit directement les turbulences générées par son passage dans l'eau ce qui limite considérablement son efficacité, tout particulièrement en arrière.
Cet effet désagréable est dû à la profondeur différente des quilles longues selon qu'on en observe l'avant ou l'arrière. Du coup, leur point de pivot qui se trouve très reculé.
Pour limiter ces effets, les architectes et les chantiers ont imaginé des quilles droites.
C'est une quille dont la longueur s'élève au maximum à 50% de la longueur du bateau.
Elle est séparée du safran et de l'hélice. Deux modes de construction ont vu le jour.
Les quilles droites encapsulées
Ces quilles en fibre de verre sont réalisées d'abord indépendamment des coques en composite polyester. Une fois terminée la quille est stratifiée sur la coque dans laquelle une réservation a été prévue.
L'ensemble, désormais monobloc, offre de très importantes garanties de résistance et de solidité et forme un réceptacle apte à recevoir le lest, placé à l'intérieur et arrimé.
C'est toujours ainsi que l'on fait chez Rustler, un des derniers chantiers à proposer des quilles droites encapsulées.
Les quilles droites rapportées
Ces quilles se composent d'un voile métallique, fait d'acier ou nettement plus rarement, de plomb ou de béton, qui est fixé par boulonnage à des renforts placés sur la coque, côté intérieur, pour le recevoir.
Dans la plupart des cas, les tiges filetées qui assurent la fixation de la quille sur la coque sont insérées dans le moule de quille lors de la fabrication.
La quille métallique prend place dans un puits de quille et des écrous et rondelles solidarisent le tout côté intérieur : ces écrous sont souvent visibles de l'intérieur bien que certains contremoules les cachent définitivement. Quand c'est le cas, ce n'est pas une bonne chose.
L'interface des quilles rapportées avec la coque, c'est le point faible numéro un de la quille.
Il est bon de pouvoir surveiller l'apparition de corrosion ou la décoloration du composite qui peut montrer une infiltration d'eau à cette interface, résultant, par exemple, d'un talonnage.
Le talonnage peut emporter, sur une quille rapportée, de graves conséquences. Une quille droite encapsulée est toujours réalisée dans un important échantillonnage et résiste bien mieux à ces impacts.
On imagine rarement à quel point une infiltration d'eau mal traitée peut endommager des boulons de quille.
Sur l'image suivante, notez l'effet de la corrosion sur la tige filetée du bas, provenant d'une quille.
Sans surveillance et traitement adapté, le risque de perte de quille est réel et peut emporter des conséquences dramatiques comme sur Cheeki Rafiki, un voilier dont la dramatique perte de quille durant une dépression a entraîné la mort de ses quatre membres d'équipage. Boulons cisaillés par la corrosion, la quille est tombée.
Notez la corrosion autour de plusieurs orifices d'entrée des boulons de quille.
La quantité de travail et de main d'œuvre nécessaire à la réalisation de quille droites rapportées est nettement plus faible que pour les quilles encapsulées. C'est la raison pour laquelle cette technique de fabrication a dominé ce type de quilles.
Avantages et inconvénients des quilles droites
Leur maniabilité est nettement meilleure que les quilles longues. Rayon de giration, mais aussi réponse aux commandes en marche au moteur, tout particulièrement en arrière. C'est un gros avantage. Ces quilles produisent des voiliers moins durs à barrer que ceux équipés de quilles longues.
Côté robustesse, les quilles droites encapsulées offrent le même degré de solidité que les quilles longues, mais les quilles droites rapportées détestent les talonnages ainsi que la présence d'eau de mer au niveau des boulons.
Leur surface plus réduite limite celle de leur plan anti-dérive elles sont donc moins stables en route que les quilles longues. Safran et hélices ne bénéficient pas de la protection de la quille.