23 Août 2022
Plus d'une centaine de voiliers au mouillage en Hiver au Tobago Keys mais une poignée seulement en été. Le mouillage des Pitons de Sainte-Lucie saturé en janvier et désert quelques mois plus tard. Admiralty bay à Bequia bondé et sillonné d'annexes, de jour comme de nuit, pendant l'hiver européen mais calme et paisible en été.
L'expérience d'une croisière dans le sud des petites Antilles (au sud de la Martinique) varie considérablement selon la saison. C'est un peu comme en Corse, ou, l'été, noir de monde, l'île ne montre pas son meilleur visage, un visage dont en profite hors saison.
On accède aux Grenadines depuis la Martinique après une navigation d'une centaine de milles ou depuis Grenade, toute proche et au prix d'une petite trentaine de milles seulement.
L'été, aux Antilles, c'est la saison dépressionnaire, et aux Antilles, ce n'est pas une question de simple température. Mais de quoi s'agit-il au juste ?
Du mois de juin au mois de novembre, c'est la saison humide aux Antilles. Au cours de cette période plus humide de l’année, des phénomènes météorologiques plus ou moins venteux et violents peuvent voir le jour.
Lorsqu’on écrit "saison humide", il ne faut pas s’attendre à une mousson ou à des pluies torrentielles permanentes, mais à des averses tièdes, rafraîchissantes, denses, mais peu fréquentes.
Mais la saison humide est aussi celle des perturbations, dépressions, tempêtes, et quelquefois, cyclones.
Ces phénomènes météorologiques, qui arrivent toujours de l’est, produisent des effets très différents.
Toutes les années ne se ressemblent pas sur le plan météorologique. Ainsi, cette année 2022, est particulièrement calme aux Antilles. Pas une dépression tropicale depuis le début du mois de Juillet.
2012 représente une année moyenne qui connu davantage de perturbations que 2022 et voit très bien, sur cette carte, le faible nombre de perturbations qui touchent l'extrême sud des Antilles. Ces phénomènes sont de faible importance (Dépression et Tempête tropicale) sur cette trajectoire.
En 2017, c'est différent. La saison cyclonique est chargée avec notamment Irma, qui a devasté Saint-Martin suivi de Harvey.
Ces deux cyclones sont passés très au nord de la Martinique et des Grenadines sans y causer de dégats importants.
Comme dans toute navigation, le suivi de la météo compte parmi les tâches à ne pas manquer !
Le National Hurricane Center, un service gouvernemental américain assure une veille très complète sur les phénomènes dépressionnaires. Ses prévisions sont actualisées 4 fois par jour et ciblent spécifiquement les perturbations nées en Atlantique dont le service évalue la force, la direction et l'évolution pour émettre des prévisions à 5 jours.
Il est crucial de disposer d'un moyen de suivi horaire de ces phénomènes lorsqu'il s'en produit un et que l'on se trouve en croisière.
Muni d'un smartphone, il est aisé de les récupérer en wifi lors des escales ou en utilisant les fonctions de roaming des opérateurs. Une solution bon marché consiste à acquérir une carte sim prépayé d'un pack data Digicell ou Lime, des réseaux qui couvrent toute la caraïbe.
Pour quelques dizaines d'euros, vous pourrez consulter la météo 20 fois par jour, si bon vous semble, et c'est parfois une bonne chose quand une dépression tropicale se forme à l'ouest des Açores...
Vous pourrez aussi compter sur l'assistance à terre des équipes des loueurs. Ainsi chez Dream Yacht Charter on contacte deux fois par jour par téléphone les clients lorsque survient une perturbation dans leur secteur de navigation.
A moins de se couper volontairement du monde et d'éviter toute escale, il est impossible de ne pas prendre con naissance d'un coup de vent qui se prépare...
Ces perturbations sont de quatre types :
L'onde tropicale passerait, en pratique, presque inaperçue s'il ne pleuvait pas. Alerte jaune Météo France.
La dépression tropicale, c'est un coup de vent dans lequel on peut naviguer s'il le faut et que l'on est équipé et préparé. Au port, c'est un événement qui ne vous réveillera peut-être pas. Au mouillage, s'il est solide et l'endroit abrité, c'est un peu de stress et d'angoisse pour le skipper, mais rien de plus. Alerte Orange Météo France.
La tempête tropicale nécessite de mettre le bateau à l'abri, mais ne cause pas de dommages à un voilier correctement amarré et préparé dans une marina adaptée ou dans un abri sûr. Alerte rouge Météo France.
L'occasion de passer une nuit à l'hôtel !
Pour les cyclones, le danger est réel, c'est l'alerte cyclonique de Météo France. Mais ces derniers passent très rarement par l'extrème sud des Antilles.
La carte ci-dessous reprend les trajectoires de tous les cyclones Atlantiques ayant parcouru la caraïbe depuis les 150 dernières années. L'immense majorité de ces phénomènes adopte une trajectoire nord-est et naissent au nord des petites Antilles et épargnent ainsi toute la zone au sud de la Martinique.
L'immense majorité signifie que seul un faible nombre de tempêtes tropicales et de cyclones traversent le sud des petites Antilles.
Sur les 150 dernières années, 52 tempêtes tropicales et cyclones ont traversé le sud des petites Antilles sur les 1631 qui sont nées en Atlantique. C'est 3 % et ce chiffre représente le risque d'en croiser une au large des Grenadines lors d'une croisière d'été.
C'est la rareté de ces phénomènes qui pousse les compagnies d'assurances à couvrir les navires qui hivernent au sud des petites Antilles, et pratiquement depuis la Martinique.
En termes de fréquence et dans tout l'Atlantique, chaque année, ce sont 14 tempêtes tropicales qui naissent durant la saison dépressionnaire. 10 évolueront en cyclones et 4 en cyclones importants comme Irma en 2017, Harvey la même année, Katrina en 2005 et Ivan en 2004.
Même les cyclones Irma et Harvey, de 2017, les numéros 8 et 9 sur la carte ci-dessous, sont passés au nord de la Guadeloupe, dévastant Saint-Martin et les îles Vierges mais ne faisant que peu de dégâts au sud de la Martinique et dans les Grenadines.
La trajectoire nord-nord-ouest des systèmes dépressionnaires tropicaux en Atlantique est bien connue. Mais de très rares exceptions adviennent toujours pour confirmer la règle...
Ainsi, en 2004, le cyclone Ivan s'est renforcé en 4 jours du stade de dépression tropicale à cyclone de catégorie 5 pour passer sur Grenade le 7 Septembre. Il a causé de très importants dégâts, 39 morts, tous les toits de l'île, une bonne partie de ses infrastructures ainsi que la perte d'un tiers des navires de plaisance présent sur l'île, mouillés, pour la plupart dans des baies ouvertes à l'est.
Quelques 20 milles plus au nord, Carriacou a nettement moins souffert et aucun des voiliers mouillés dans la mangrove de Tyrell Bay, (protégée de l'est), n'a été perdu.