12 Septembre 2022
La plupart des chantiers de construction de voiliers de croisière proposent des versions hybrides à leur catalogue. Certaines se caractérisent pas un surcout équivalement à celui d'une petite maison indivuduelle, d'autres tablent sur l'arrivée d'hydrogène, d'autres souffrent d'une autonomie limitée à quelques milles, et certains parient sur des technologies directement issues de l'industrie automobile et peu adaptées au réalités de la croisière au long cours...
Si certains de ces projets ont bien un petit air de greenwashing, celui de Windelo appartient à une tout autre catégorie.
Le Windelo 54 est un catamaran hybride destiné à la croisière hauturière. C'est un bateau qui a été pensé et développé pour réduire son impact carbone au minimum.
Au menu, deux axes, un composite à base de mousse PET recyclée et de basalte et une motorisation électrique hybride série.
Le Windelo 54 compte parmi les rares voiliers intégralement réalisés en composite "foam core", un composite construit autour d'une âme en mousse.
Cette approche procure une excellente raideur aux coques ainsi qu'une isolation thermique et phonique.
Là où les chantiers de grande série emploient un composite fibre de verre-mousse PVC, Windelo a choisi une gamme de tissus, à base de fibre de basalte et un foam-core composé de PET recyclé, le plastique des bouteilles d'eau.
Un peu moins lourd que le verre, résistant davantage au feu, ce composite permet de gagner 47% d'empreinte carbone en comparaison d'un foam-core mousse PVC traditionnel. De plus, la transformation du basalte en fibres ne nécessite aucun additif et émet 10 fois de CO2 que celle du verre.
En pratique, que ce soit sous le pied ou au son, on ne décèle aucune différence entre un composite verre ou basalte.
Vous voulez voyager avec votre catamaran, qui saura réparer une installation en 400 V, aux San Blas, Samoa ou même dans le Var ? Personne. Seuls quelques rares spécialistes de l'électricité marine disposent des agréments haute tension leur permettant de travailler sur ces systèmes issus de l'automobile. Le Windelo 54 est propulsé part deux moteurs électriques Bellmarine de 20 kW, à refroidissement liquide, en 48 V (basse tension) une tension sur laquelle il est aisé de travailler sans risques.
Ces moteurs, petits par la taille, délivrent toutefois une puissance maximale équivalente à deux diesels de 40 HP chacun. La comparaison s'arrête là, car, pour un diesel, la puissance nominale s'obtient à haut régime, un régime rarement exploité en croisière.
Si vous étudiez l'optimisation de la propulsion auxiliaire, une propulsion intimement liée à la capacité de sa batterie et de ses chargeurs, vous cherchez à éviter, au maximum, les déperditions. Exit alors le saildrive et retour à la ligne d'arbre.
A 6 nœuds, sur une mer calme, le bateau consomme 5 kW par moteur, 10 kWh par heure.
Côté batteries, pour animer un engin léger, mais qui pèse quand même 10 tonnes, Windelo a installé un parc propulsion de 57 kWh, un parc évidemment réalisé en LiFePO4, la technologie la plus stable, différente de celle utilisée par Torqeedo sur ses systèmes haute tension. Les services sont alimentés par un parc de 300 Ah, lui aussi LifePO4.
Ne demeurent à bord qu'une ou deux batteries au plomb, celles qui animent le ou les générateurs (option), des générateurs à régime variable, d'une puissance nominale de 18 kW chacun.
Un ou deux générateurs, suivant le désir du client, deux procurant au bateau la faculté de se déplacer à la vitesse maximale des moteurs électriques jusqu'à épuisement des réservoirs de gazole.
Un choix qui peut se poser réellement, car le WIndelo 54 est un vrai voilier, capable de moyennes élevées et qui serait capable de délivrer, en hydrogénération, 1,2 kWh à 12 nœuds, de quoi sérieusement recharger ses batteries.
Des batteries qui bénéficient du flux massif d'électrons en provenance de 5053 Wh de son installation photovoltaïque. Ce puissant mix énergétique renouvelable permet de recharger intégralement les batteries en une seule journée de navigation à la voile. Une journée de 4/5 heures au moteur rechargée par une seule journée à la voile !
Moteur 20 kW, panneaux photovoltaiques,hélice repliable et schéma de principe
Cette disposition de cockpit avant rappelle un peu celle des cockpits centraux des monocoques. Depuis ce double poste de barre, on voit ses pointes, ce qui est plutôt pratique pour les manœuvres, mais on est aussi installé sous un toit, environné de vitrages qui procurent une protection réelle.
La visibilité est excellente, on accède très facilement dehors et on peut veiller, toutes commandes sous la main (moteur compris), depuis le cockpit. Au mouillage, la commande de guindeau électrique et son compteur de chaîne permettent à une seule personne de mouiller l'ancre. Pas mal !
L'arrière de la nacelle est équipé d'une porte basculante, à la manière des Bali, une porte qui change tout dans un cockpit l'été.
Les cabines (3 ou 4 suivant les plans) sont spacieuses et dotées de vitrages verticaux et cintrés, volontairement dépourvues de panneaux horizontaux. Résultat : au Cannes yachting Festival 2022, c'est le seul catamaran de cette taille qui se visite sans transpirer sans être équipé de climatisation !