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Négoce de bateaux - CAP OCEAN et AYC en grande difficulté, vers une liquidation ?

Nautisme et plaisance - Des Agences qui baissent le rideau, des collaborateurs à qui l'on demande de ne plus venir travailler, des clients à qui l'on ne répond plus du tout au téléphone, une audience du tribunal de commerce de Perpignan : il semble que les sociétés portant l'enseigne CAP OCEAN et la société soeur AYC soient au bout du chemin, laissant une grosse ardoise à des centaines de clients et fournisseurs.

Photo - ActuNautique, le magazine du Nautisme et de la Plaisance

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La semaine dernière aura été une véritable épreuve pour la vingtaine de collaborateurs restants de CAP OCEAN et d'AYC, les sociétés de brokerage de bateaux d'occasion créées ou reprises par Jonathan Boutboul.

Une épreuve qui a débuté lundi dernier, la veille de l'ouverture du Yachting Festival de Cannes 2024, quand la direction de la société a demandé à ses collaborateurs de ne plus venir travailler, et de baisser le rideau de leurs agences, leur annonçant que la direction serait 2 jours plus tard devant le tribunal de commerce de Perpignan, dans le cadre d'une cessation de paiements, voire d'une liquidation.

L'épeuve s'est confirmée cette semaine, quand des huissiers de justice ont changé les serrures des différentes sociétés, pour éviter tout retrait d'actif, sous le mandat de l'étude MJSA SELARL de Me Aguilé Santodomingo et Charlotte Poncelet, mandataires judiciaires à Perpignan.

Les différentes sociétés portant l'enseigne CAP OCEAN et la société AYC ont de fait été placées en liquidation judiciaire, ce qui constitue un coup très dur, aussi bien pour les plaisanciers leur ayant donné mandat pour vendre leurs bateaux d'occasion, que pour les fournisseurs, les organismes sociaux et les salariés.

Le feu couvait depuis 3 ans, quand la presse réginoale se faisait l'écho de plaisanciers ayant de grosses difficultés à se faire payer leurs bateaux, une association de plaisanciers étant même parvenue à obliger la société à payer ses membres, sous peine de se voir interdite de salon !

Il faut dire que le modèle du brokerage fait encaisser au broker, qui sert d'intermédiaire, les montants de ventes des bateaux d'occasion qui ne lui appartiennent pas, touchant une commission au passage à chaque vente effectuée.

Dans un tel modèle basé sur le cash flow, il peut être tentant de jouer sur le flux financier, en cas de difficulté de trésorerie, pour faire financier une partie de son exploitation, en jouant entre ses délais d'encaissement et de réglement.

Il y a deux ans, Jonathan Boutboul avait rassuré la communauté des industries nautiques en levant 800 000 euros auprès de Dionae, une société du serial entrepreneur de renom Hugo Brugière, par ailleurs repreneur des chantiers CNB Villanova (Saint Tropez) et Port d'Hiver (Bormes les Mimosas), mais aussi de sociétés Pharnext et Neovax, à l'actualité chargée en ce moment, ainsi que les sociétés Cybergun, Verney-Carron dans l'armement, Europlasma... un investisseur très connu dans les forums boursiers.

Las, il semble que cet apport d'argent frais n'ait pas suffi pour combler la consommation de cash de CAP OCEAN et AYC.

CAP OCEAN aura été un ovni dans le monde du négoce de bateaux d'occasion.

Un ovni caractérisé par des méthodes commerciales bien rodées, un marketing efficace séduisant les plaisanciers, des commissions parfois très faibles favorisant la prise de dossiers, une croissance incroyable de son réseau, un train de vie assumé, mais aussi par une grande désinvolture en termes de gestion et de finance. Un manque dont l'impact aura sans doute été décuplé par la progression du réseau, débuté avec une agence, avant d'en compter pas moins de 14, réparties en Méditerranée et sur la façade atlantique, et aussi par les conditions de marché actuelles.

En bref, un modèle que l'on pourrait comparer, pour le comprendre, à un réseau de concession automobiles de dernière génération, géré comme la boutique d'un petit commerçant des années 70.

Un modèle arrivé en bout de vie.

NOTA : selon nos dernières informations, CAP OCEAN Port Camargue n'est pas concerné par la liquidation judiciare, dépendant d'une entité juridique spécifique, ayant été racheté à Jonathan Boutboul il y a 9 ans par un investisseur privé.

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