ActuNautique.com

Saint-Jean-le-Thomas, village normand menacé par la montée des eaux

Saint-Jean-le-Thomas, village normand menacé par la montée des eaux

En bordure de baie, face au Mont-Saint-Michel, le village de Saint-Jean-le-Thomas, dans la Manche, voit sa plage disparaître sous les assauts répétés de la mer. L’érosion du littoral inquiète les habitants, qui réclament des solutions concrètes pour faire face à un phénomène amplifié par le changement climatique.

À chaque marée haute, les vagues rognent un peu plus le front de mer. La plage rétrécit, les rochers placés pour contenir les éléments sont déplacés, et les habitations proches du rivage sont de plus en plus exposées. Dans ce décor de carte postale, l’angoisse monte chez les riverains.

La situation est particulièrement préoccupante depuis la tempête Ciaran, en novembre 2023. La mer avait alors avancé de plusieurs mètres, grignotant les dunes, effaçant des chemins piétonniers et affaiblissant les protections existantes. Pour les habitants, cet épisode a marqué un tournant : ils ne peuvent plus rester passifs.

Mobilisés au sein d’un collectif, les résidents réclament des mesures de protection adaptées. Alain Bachelier, maire de la commune, soutient leurs démarches. Elle rappelle que les premières alertes datent de 2009, mais que depuis, les phénomènes se sont intensifiés, rendant les solutions ponctuelles insuffisantes.

Les habitants demandent notamment la création d’un cordon dunaire renforcé par des troncs de châtaigniers, une technique utilisée ailleurs pour ralentir l’érosion. Ils espèrent ainsi stabiliser la plage et éviter que la mer ne continue de progresser vers les maisons.

Mais sur ce territoire classé et protégé, les projets d’aménagement sont encadrés par des règles strictes. Le Conservatoire du littoral, propriétaire de certains terrains, privilégie des interventions limitées, respectueuses des dynamiques naturelles. Il préconise la restauration douce des milieux, sans artificialisation.

Cette approche prudente, jugée trop lente par les habitants, suscite l’impatience. Ces derniers estiment que l’urgence climatique nécessite des décisions rapides et concertées. Certains dénoncent un manque de coordination entre les différentes institutions impliquées dans la gestion du littoral.

Les services de l’État, les agences de l’eau et les collectivités locales se renvoient souvent la responsabilité. L’Agence de l’eau Seine-Normandie rappelle qu’elle peut financer certains travaux, mais uniquement sur sollicitation des élus. De leur côté, les mairies sont confrontées à des démarches administratives lourdes, souvent dissuasives.

Face à l’inaction, les riverains multiplient les appels aux autorités. Ils demandent à être associés aux discussions techniques, estimant que leur vécu et leur connaissance du terrain sont indispensables pour élaborer des solutions efficaces.

Le cas de Saint-Jean-le-Thomas n’est pas isolé. Partout sur les côtes françaises, des communes font face à l’avancée de la mer. Le ministère de la Transition écologique estime qu’un recul stratégique du trait de côte sera nécessaire dans plusieurs dizaines de zones à l’horizon 2100.

Dans cette perspective, la population locale redoute d’être laissée seule face aux éléments. Le village, bien qu’habité en grande majorité par des résidents secondaires, reste très attaché à son identité littorale. Sauver ce cadre de vie, c’est aussi préserver un patrimoine collectif.

Des discussions sont en cours pour expérimenter de nouveaux dispositifs de protection. Mais pour l’instant, aucune solution concrète n’a été mise en œuvre. Le sentiment d’abandon gagne les habitants, qui craignent de voir leur commune disparaître à moyen terme si rien n’est fait.

En attendant, la mer continue son travail de sape. Et le village, perché entre ciel et sable, regarde son avenir s’effriter au fil des tempêtes

Partager cet article

Repost0