24 Juin 2013
Mars 2013 - "Le chemin vaut souvent autant que la destination" chapitre 2 : Cabo Polonio.
Ici, les touristes s'entassent dans de drôles de 4x4 minibus pour aller visiter ce petit village uruguayen connu pour les dunes de sable qui l'entourent (la bici restera au garage) et son absence d'électricité, deux caractéristiques qui lui donnent une saveur de bout du monde. Ça, c'était avant l'arrivée de la rangée de poteaux, des câbles qui la parcourent et des hordes de 4x4...
Le "village" étant minuscule, on retrouve nos touristes de nouveau entassés dans les trois bistrots et dans les hôtels pour hippies des temps modernes : quatre bouts de bois et 20 lits en rang d'oignons.
Ils me semblent tous manquer ce qu'il y a précisément de plus beau : les 7 km qui serpentent à travers les dunes, les teintes changeantes que leur donne le soleil, les ridules qu'y dessine le vent. Le plaisir de fouler ce sable lisse, fraîchement "râtissé". Le silence, les quelques végétaux qui parviennent à survivre dans le sable, les oiseaux, les chevaux et les vaches en liberté. Et puis en arrivant, les quelques maisonnettes posées comme au gré du vent de l'autre côté du phare, sans clôtures pour indiquer la possession de la terre. Celui qui, enfant, a passé ses étés à Cabo Polonio doit avoir un sens aigu de la liberté et du paradis. Mais les touristes leur tournent le dos, les bistrots sont orientés vers l'autre côté.
Pour repartir, je remonte vers Valizas. 7 km de nouveau, mais au nord cette fois, le long de la plage. Des enfants surfent les dunes, des pêcheurs lancent leur ligne pour attraper des soles. Puis plus personne. Je trouve de nombreux cadavres de bébés loups de mer, de tortues d'eau. Le soir tombe, je me dépêche. Je passe un monticule d'énormes cailloux ronds : polis par le vent ? L'un deux a clairement la forme d'un visage : est-ce naturel ? Je comprends que les premiers hommes aient créé le spirituel pour donner un sens à ce genre de phénomène (aïe, mécréante !)...
La mécréante a confiance en l'humain. À la nuit tombée, elle finit enfin par trouver un pick-up qui la ramène à sa bici, reprend la route, entend des aboiements, s'approche et voit de la lumière dans une chaumière, y quémande un petit bout de terrain pour planter sa tente et récolte (après avoir mangé le faisceau de la torche en pleine figure), un bon lit dans une petite grange, de l'électricité et même un bon pain "casero" !
C. Rebours
"A Rumbo Libre en Amérique du Sud"