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Vidéo a Rumbo Libre - Punta Tombo, des Manchots de Magellan en veux-tu, en voilà ! Comédie burlesque

clemence rebours - vignette actunautique-copie-1Février 2013 - Il existe, à mon sens, un mystère. Tout le monde parle de la Peninsula Valdes. Mais Punta Tombo, madre mia, Punta Tombo ! (Parc naturel que je qualifierais de "vivant",  situé à 120 km au sud de l'invisitable Trelew, sur la côte Atlantique).

 

 

Pour y arriver, vous prendrez un chemin asphalté. Bonne nouvelle ! Bon, les automobilistes oublient toujours de vous parler des derniers 25 km qui sont  de terre. Une terre d'un splendide rouge-ocre. S'il pleut, vous découvrirez qu'en fait de terre, il s'agit d'argile. Si vous êtes en vélo, vous découvrirez que l'argile mouillé se transforme en pâte compacte extrêmement dure et lourde. Bref, je me suis enlisée.

 

 

Arrivant enfin au parc, il allait bientôt fermer (forcément) et il était interdit de camper (évidemment). Et là, il faut reconnaître aux argentins une qualité immense : celle de chercher une solution, au-delà du "permis/interdit",  celle de faire appel à son bon-sens. Donc j'ai pu dormir sur place et visiter le lieu, ce qui me permet de conseiller de visiter les pinguineras en fin de journée : leurs habitants y sont plus bruyants (et donc encore plus comiques).

 

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Deux règles : rester sur le sentier et maintenir une distance d'un mètre avec les pinguinos. 1 METRE ?! Ils sont fous les Argentins Ma première photo montrait un pingouin à moitié planqué derrière un buisson. Émotion. "Montrait" parce qu'évidemment, je l'ai ensuite effacée. J'ai vite compris (Einstein) qu'en fait les pingouins SONT LÀ ! Tout autour du sentier. Leurs terriers longent le sentier. Les pingouins le traversent,  voire même le squattent, d'où la règle des 1 mètre. Bienvenue chez eux.

 

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Alors attention, ne vous pointez pas à Punta Tombo en juin, vous trouveriez terrier-clos. La plus grande colonie de pingouins de Magellan au monde accueille chaque année 400 000 individus venus enfanter et élever leur rejeton dans leur terrier fétiche mais il y a un planning, voyez-vous.

 

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Monsieur arrive en septembre, histoire de remettre un peu d'ordre dans le terrier quitté 6 mois auparavant,  Madame suit pour pondre l'œuf qu'ils couveront et nourriront A TOUR DE RÔLE. Vous avez bien compris. Monsieur et Madame Pingouin sont monogames, ils sont propriétaires d'une maison dans laquelle ils reviennent chaque année et ils ont voté pour l'égalité des sexes. Nous ne savons toujours pas s'ils possèdent un labrador. Quand j'arrive, en février, les petits sont déjà grands, ils sont en train de muer.

 

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Là encore, la ressemblance avec l'homme est frappante : pendant l'âge ingrat, le physique du jeune devient étrange. Il arbore un mix de duvet gris et de plumes noires des plus ébouriffants ! (Eh le jeune, je blague, TOI tu es beau !) Enfin toujours est-il que la petite famille et ses milliers de cousins séjournent là jusqu'en avril, en attendant que les pinguinitos soient fin prêts.

 

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Pendant cette période, c'est un bonheur de visiter Punta Tombo. Car plus encore que d'autres animaux, les pingouins ont l'art de prendre des poses et de faire des mimiques des plus comiques, qui nous font étrangement penser aux nôtres, et l'on se rend volontiers coupable d'antropomorphisme, inventant les sous-titres

 

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Les adultes se tiennent deux par deux, comme un gentil petit couple vous accueillant dans son pavillon de banlieue. Quand vous vous approchez un peu trop près à son goût, le pingouin, se sentant menacé, se met à vous observer sous toutes les coutures. Il se tord le cou d'un côté,  puis de l'autre.

 

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Le soir, une clameur s'élève d'un peu partout. Les mâles gonflent le torax, lèvent le bec vers le ciel, comme pour chanter un opéra, et se mettent à crier, par à-coups, fort. Parfois la compagne renchérit, parfois le voisin prend le relais. On peut même assister à des duos. Les voisines observent et semblent critiquer tout bas. Le tout donne une cacophonie qui ne se tait qu'une fois la nuit tombée.

 

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Évidemment, comme dans toutes les espèces, les mâles se chicanent à coups de bec. Madame vérifie placidement que son "homme" est toujours en forme, elle aurait presque sa thermos sous le bras (pour prendre un maté bien sûr). Soudain, elle décide qu'il suffit de ces enfantillages. Elle intervient et repart avec Monsieur. Qui sait si ce Monsieur-ci est le même que ce Monsieur-là avec lequel elle est arrivée ? Nos connaissances ne permettent pas de le savoir Seule différence avec le Français, le pingouin consacre la majeure partie de son temps à se laver pour entretenir son plumage (rien à voir avec le Français, donc, puisque pour le Sud-Américain, le Français est sale).

 

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Et ainsi va la vie à Pinguinsland jusqu'à avril, une fois que les petits sont prêts. Il parait qu'à cette période,  ils se plantent devant la mer et ils la regardent, la regardent et un jour, on ne sait pas pourquoi, ils plongent et partent au large. 

 

 

C. Rebours

"A Rumbo Libre en Amérique du Sud"


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