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Capricho met le cap sur Carthagène (Colombie), second volet de la traversée

clemence rebours - vignette actunautique-copie-1Ce fut court mais bon... Nous avons quitté la paradisiaque Jalousie Bay de Sainte Lucie, et avons remis le cap vers l'Ouest, inexorablement. Objectif : la colombienne, la belle Cartagena de Indias, réputée pour compter parmi les plus jolies villes de la côte caribéenne. Capricho terminera là son voyage. Mais en attendant, nous voici au cœur de la mer des Caraïbes...

 

 

16 décembre 2012.18h30. 13* 15'. 382 N - 68* 18'. 806 O

 

Avant de quitter définitivement Sainte Lucie, nous avons tout de même voulu voir La Soufrière et les deux Pitons. Dès le lendemain de notre arrivée nous abandonnons le fourmillement des pontons de la marina. Des bateaux de l'ARC y arrivent nuit et jour avec, invariablement, le même programme : nettoyer le bateau de fond en comble, faire les lessives, rincer et sécher les voiles, sortir tous les équipements. Coussins, chaussures, draps, gilets se retrouvent suspendus, étendus à la baume, aux filières, sur les pontons, sur le moindre carré d'herbe !

 

Nous quittons donc aussi l'étonnant reggaeton "we wish you a Happy Christmas and a Rasta New Year !" qui tourne en boucle dans les haut-parleurs d'on-ne-sait-qui, et mettons les voiles (ou plutôt le moteur) pour le sud ouest de l'île avec à notre bord (nous ne somme pas rancuniers) l'équipage du Feliz !

 

La côte est remarquablement belle. D'aucuns disent qu'elle ressemblerait aux Marquises... Moi, je vois du vert vert vert partout. Et des montagnes. Les arbres et les palmiers descendent jusqu'à la mer. De temps en temps, nichés dans de petites baies, des plages, des hôtels et des villas de luxe... Sur les flancs des montagnes, d'autres villas qui ne défigurent rien du tout. Tout est joli, les constructions blanches constrastent harmonieusement avec la végétation. On ne voit pas, de loin, les cabanes de bois entrevues à l'entrée de la marina. Petites cabanes colorées avec tout un tas de bazar éparpillé autour. Peut être un peu trop petites...

 

Sainte Lucie 4

 

En chemin, le typique climat tropical nous offre soleil (brûlant) et pluie (fine et chaude), qui, quand ils vont de conserve, donnent... des arc-en- ciels ! L'arc-en-ciel, c'est un peu comme les étoiles filantes, c'est un phénomène assez courant mais ça nous émerveille à chaque fois. Je le sais parce que quand ils sont apparus, tous les soixantenaires du bateau ont orienté leur petit téléphone mobile/tablette vers eux pour les photographier.

 

Et plus l'arc-en-ciel est grand, plus on est content, alors que dire quand il est complet ! Là, ils l'ont été, et plusieurs fois... Et mieux, ils étaient DEVANT les collines, autant dire tout près de nous ! J'ai donc cherché leur base (ben oui, par où ils montent sinon les Bisounours ?!) et j'ai vu qu'ils continuaient sur l'eau mais qu'ils y étaient beaucoup plus difficile à apercevoir. J'en ai conclu que l'arc-en- ciel est peut être plus près qu'on ne le croit.....

 

Si vous aimez les paquebots, venez à Castries ! Chacun d'entre eux est tellement grand qu'il emplit le port de la capitale. Mais les suivants continuent d'affluer et doivent patienter au large du port. Pauvres vacanciers contraints d'admirer les plages et les palmiers depuis leur navire ! Alors des navettes viennent les chercher. Et nous assistons à un va et vient de petites navettes qui ressemblent très exactement à des fourmis. Sauf qu'elles ne se frottent pas le museau en se croisant.

 

Sainte Lucie 1

 

Les deux pitons sont majestueux et la petite Jalousie Bay, que j'imaginais si touristique, est d'une tranquillité déconcertante : un hôtel-restaurant sur la plage, quelques villas dans les arbres, 4 catamarans au mouillage. Une légère odeur de soufre. Une eau chaude et transparente... Un petit coin de paradis pour qui aime la tranquilité (et peut être aussi, sans parler de luxe car je n'ai pas regardé les prix de l'hôtel, le grand confort). Le soir, les chauve-souris volètent autour du bateau. Romain tente de me faire croire que ce sont des oiseaux... avec des ailes arquées... bien sûr. Il les attire avec sa torche pendant que nous nous baignons dans une eau bleu-piscine grâce aux éclairages sous-marins de notre Lagoon... Nice.

 

"Geek je suis, Geek je resterai", c'est bien ça ? Au petit-déjeuner, à Jalousie Bay, je tenais, concentrée, le menu dans mes mains quand soudain, j'ai scrollé down. Oui, j'ai, d'un mouvement doux mais bref et précis du pouce droit, effleuré ma carte du bas vers le haut, sur quelques centimètres. La présence, bienfaisante et ô combien nécessaire, de Galak pendant mon périple ne sera pas pour me guérir !

 

La première journée de la seconde partie du voyage a été d'une harmonie et d'une douceur incroyables. Comme si l'équipage était heureux de repartir en mer (il est vrai que leurs familles les attendent pour Noël !), comme si, aussi, le fait de nous être mélangés au reste du monde pendant ces deux jours avait achevé de former le groupe que nous sommes. Et j'ai l'impression qu'embarquer pour la seconde fois se fait avec un réel plaisir à être ensemble, au-delà du plaisir de partir naviguer. Alvaro monte sur la baume pour réparer la mayor, les lignes de pêches sont relancées (en deux jours, on pêche un wahou, un mahi-mahi... et un thon à l'instant même ! Les pêcheurs seront heureux au large de Las Roques...)

 

Le temps n'y est pas pour rien : 13 nœuds d'un petit vent frais couplés à un soleil qui brûle la peau et à une mer plate... Les Caraïbes telles qu'on se les imagine. En arrivant à Sainte-Lucie sous la pluie, je réclamais à Oscar "où est-il, ton soleil ?!", il me répondait "bientôt tu en auras tellement que tu t'en cacheras !". Avec l'effronterie des gens qui arrivent du froid, je lui riais au nez... Aujourd'hui, de 13 à 17h, je suis restée à l'ombre. :-) A moins de 15 nœuds de vent réel, nous n'allons pas suffisamment vite pour nous permettre d'arriver à temps à la voile : nous enclenchons les moteurs.

 

Ça n'a pas empêché ce matin une dizaine de dauphins de venir faire leurs chassés-croisés devant les coques du bateaux ! Nous faisons régulièrement le compte de ce qui manque pour compléter cette croisière idéale, et, avec les dauphins vus ce matin et le mahi-mahi et le thon pêchés aujourd'hui (à la mouche s'il vous plaît pour le petit thon...) Il ne manque plus que les baleines !

 

La lune est revenue. Il paraît qu'elle est "nouvelle", ce qui serait logique puisqu'elle avait disparu. Je ne sais pas si c'est la limpidité du ciel qui lui donne cet éclat particulier, si c'est le fait que les étoiles et les quelques nuages qui l'entourent la mettent particulièrement en valeur ou si c'est simplement la finesse de sa découpe, en croissant "pour faire un berceau à l'enfant" et son très fin filet de lumière qui dessine délicatement ses contours mais elle semble se cacher et elle n'en est qu'incroyablement plus belle et rayonnante. Une vraie lune de dessin animé genre Kirikou ou Azur et Azmar !

 

Les quarts sont de plus en plus peinards car il faut simplement être attentif aux bateaux, essayer de profiter que le vent forcisse pour dérouler le genois puis l'enrouler quand il ne sert plus à rien qu'à claquer, surveiller le niveau de la batterie... Mais cette tranquillité peut être traître car, ronronnante, elle nous invite à nous plonger un peu trop profondément dans une lecture, une écriture voire une songerie proche du sommeil...

 

Notre voyage vers la Colombie se fait au son de la chanson "Mi pueblo natal" du Grupo Niche colombien : "ya vamos llegando, me estoy acercando, no puedo evitar que mis ojos se me aguen..."

 

 

C. Rebours

"A Rumbo Libre en Amérique du Sud"

 

 

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