10 Décembre 2012
Je crois que la nature sait très bien ce qu'elle fait. Cette nuit et ce matin, elle la joue doucereuse, calme, d'une bonté infinie.
7 décembre, 13h - 20* 17'.838 N - 047* 53'.470 O.
Un petit vent nous fait avancer tranquillement, suffisamment chaud pour adoucir nos quarts de nuit, suffisamment frais pour contrebalancer les effets du soleil qui, depuis ce matin, se montre sous son plus beau jour. La température, le vent, la mer, tout est idéal. Les lignes de pêche ont été lancées, le spi (ma voile préférée) est de sortie... La nature semble, sinon s'excuser, nous faire les beaux yeux, nous montrer qu'elle peut aussi être clémente, d'une douceur absolue. Nous n'en doutions pas mais nous nous taisons et profitons de ces heures divines !
Voulez-vous une considération moderne ? Cette nuit, la lune avait très exactement la forme des "croissants de lune". Les gâteaux. Remarque du même niveau que le "parking à vaches" d'un petit parisien devant un pré ;-).
L'éloge de la frugalité
Hier soir, Romain a dit que jusqu'ici, nous avions mangé légèrement, que nous allions pouvoir passer à 3 repas par jour. Je compte sur son sens de l'humour pour nous sauver d'une obésité qui serait quelque peu malvenue à Rodney Bay...! J'ai déjà vu des photos de moi sur lesquelles je me trouve... changée. Il lui tient à cœur de démontrer qu'en bateau, on peut se nourrir aussi bien qu'à la maison. Je le crois bien volontiers... (reconnaissons tout de même qu'il faut avoir les frigos, congélateurs et rangements adéquats pour entreposer nos menus plaisirs !)
Nos petites occupations...
En dehors de nos quarts, de nos siestes et des moments passés en commun, chacun vaque à ses occupations et j'imagine que tous les esprits vagabondent. Julian lit énormément et filme les actions héroïques de nos deux pros, Alvaro tient son blog et les stats de la traversée, trace des schema, fait des milliards de choses, il est rare de le voir non accompagné de petits appareils électroniques blancs. Romain et Oscar font surtout marcher le bateau, s'occupent des réparations...
Quant à moi, je ne sais pas ce à quoi je m'occupe visiblement, mais j'en profite pour lire ce que je ne prends jamais le temps de lire, j'apprends, je me remplis de mer et d'horizon, et je pense. Une traversée sereine comme celle-ci, c'est l'occasion rêvée de dresser la liste des sujets sur lesquels on souhaite se pencher depuis un moment mais qui nécessitent du temps et un peu de concentration. Comprendre les liens qui les unissent, prendre le temps d'y réfléchir, remettre des schema de pensée et des certitudes anciennes en question, laisser ensuite le cerveau assimiler ces pensées, puis y revenir, trier et re-ranger, pour vivre le reste pleinement. Ou pas tout ça d'ailleurs. C'est la surprise, et c'est ça qui est bien !
De l'importance d'avoir une bonne assurance...
Après une journée de repos, j'ai repris mes quarts : mes côtes et mon dos vont mieux, je peux me mouvoir. Merci les anti-inflammatoires ! La téléconsultation a surtout permis d'être assurés que tout est sous contrôle, d'écarter les doutes. Je songe qu'un accident est bien vite arrivé et qu'une évacuation au milieu de l'Atlantique doit coûter bonbon...
Je n'en aurai heureusement pas besoin cette fois, mais vive les bonnes assurances !
La baignade mythique...
Ca y est, nous nous sommes baignés au milieu de l'océan ! Incroyable mais vrai : l'eau était bleu profond/turquoise et chaude ! 23 degrés selon Julian, qui a sauté depuis le balcon avant, suivi d'Alvaro. Nous avions affalé le spi et la grand voile, avancions à 3 nœuds... Tenant compte de mon état de pénibilité accrue, le capitaine a préféré que je n'y aille pas, il m'a proposé de m'arroser à l'aide d'un seau.
Je me suis permis de décliner cette proposition pathétique et ai préféré m'asseoir sur le balcon arrière pour laisser mes jambes traîner dans l'eau (divine). Me suis rapidement sentie en séance thalasso pour maisons de retraite (très exactement au moment où l'eau est venue jusqu'à moi, baignant le balcon arrière et mon postérieur du même coup, j'ai bien senti que je faisais trempette...), suis remontée. Romain a du noter ma mine déconfite car il a proposé de mettre le bateau bout au vent pour diminuer la tension... et que je puisse moi aussi me mettre à l'eau de façon digne !! C'était incontournable, un peu flippant d'immensité : je suis ravie !
Un peu de technique dans ce monde de plaisirs
La sortie du spi est l'occasion pour Romain et moi d'échanger sur le choix et l'utilisation des voiles d'avant. Je vais y consacrer un petit article si vous le voulez bien...
Demain !!
C. Rebours
"A Rumbo Libre en Amérique du Sud"