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Charles Hedrich, le rameur des glaces, hiverne à Tuktoyaktuk

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Avec un mois d'avance, les glaces se sont refermées sur le rameur solitaire qui tente une première : le passage du Nord Ouest à la rame !

 

C'est un réveil glacial dans 5 cm de neige que Charles Hedrich a vécu en ouvrant la porte de sa  cabine. L'hiver est bien là. Depuis plusieurs jours Charles Hedrich naviguait entre de gros  glaçons instables, formant des verrous naturels aléatoires sur sa route. Les températures sont négatives et les coups de vent se succèdent. Le danger est bien réel. Le rameur risque d'être écrasé par les blocs de glace. Cette année le réchauffement climatique n'est pas au rendezvous en Arctique. En 2012 le passage s'est refermé vers la mi-octobre, un mois et demi plus tard que cette année.

 

L'Aventure c'est ça. Réagir sur le terrain, décider, éviter la catastrophe. Sportif aventurier mais pas fou furieux. Charles Hedrich a bravé la tempête pour rejoindre lundi soir Tuktoyaktuk et y organiser l'hivernage du rameur des Glaces. Le bateau restera sur place jusqu'à l'été prochain, entre avril et juin, avant de repartir, Charles Hedrich regagnant la métropole d'ici là.

 

Accueilli par les villageois, pêcheurs et chasseurs de baleines, les hommes partagent leurs récits de tempête au delà du cercle polaire…

 

 charles hedrich hivernage

 

Le 1er juillet 2013 Charles partait de Wales, village du détroit de Béring Alaska, après un stand-by de plus de 10 jours; la fonte des glaces trainait, le vent était contraire. Deux mois plus tard Charles Hedrich a tracé à la rame pour la première fois au monde une route de plus de 1700 km en solo le long de la côte nord de l'Alaska et du Canada.

 

Avant la neige, Charles a connu la pluie constante, l'humidité qui s'incruste et s'installe partout. Les glaces ont hésité à le laisser passer à Barrow, l'extrême nord de l'Alaska. L'expédition, l'une des plus dures d'après Charles, compte des heures et des journées d'attente en combinaison de survie dans la petite cabine (1,5m²) secoué sans relâche amarré tant bien que mal à ses ancres sur des bancs de sable refuges ou en pleine mer. Les conditions s'empirent; Charles Hedrich a parfaitement intégré les limites acceptables dans l'aventure. Il choisit de rejoindre la terre hospitalière la plus proche Tuktoyaktuk, village du grand nord canadien pour hiverner car l'été prochain en 2014 l'expédition continue pour une deuxième partie.

 

Dans les villages Inuits, Charles Hedrich a goûté à la chaleur humaine de ces chasseurs de baleines qui vivent entre modernité et tradition au cœur de l'Arctique.Mais le temps est compté, Charles Hedrich prend les rames et fonce dès que la météo le permet, en juillet, le jour permanent était une aubaine. La motivation est garantie et la concentration sur l'objectif est intense. La route est jonchée de difficultés, parsemée d'instants aussi fascinants qu'effrayants, à bord du petit rameur des Glaces, silencieux au ras de l'eau, Charles s'est glissé dans des paysages uniques, ramant à la lumière du soleil de minuit, croisant la faune sauvage; d'énormes baleines, d'étranges belugas, des gros morses peu rassurants, sans oublier "les gros blancs" ours polaires, danger permanent et absolu. Une immersion totale, un état d'alerte et de pression constant pour Charles Hedrich, presque un retour à la préhistoire.

 

 

 

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