15 Juin 2011
Mercredi 15 juin 2011 à 08h10, le MSC Térésa, porte container panaméen de 360 mètres aborde le pétrolier Guyenne de 166 mètres battant pavillon français. La double coque de ce dernier a protégé les 10500 tonnes d'hydrocarbures contenus dans les soutes.
Cette situation rappelle celle connue le 08 octobre 2010 lors de la collision entre le chimiquier YM Uranus et le cargo vraquier Hanjin Rizhao à l'entrée du dispositif de séparation de trafic (DST) à la pointe de la Bretagne.
Bien que les messages radio révèlent un navire en détresse, sur zone rien n'est observable. Ce n'est en réalité qu'un exercice pour tester les capacités de réaction des différents services de l'État devant un tel événement ainsi que leurs capacités de coordination et de travail en commun. Le VN Partisan et le BSAD Argonaute jouent les rôles des deux bâtiments.
Cet exercice de deux jours permet également de former différents acteurs à la mise en oeuvre de matériels tels que des chaluts de ramassage, des barrages anti-pollution et autres engins de nettoyage de plage et de rochers.
Le premier jour, tout se passe en mer à quelques dizaines de nautiques de l'île de Groix. La collision est simulée. L'alerte est donnée. Le Centre Régional de surveillance et de Sauvetage de l'Atlantique (CROSSA) d'Étel coordonne avec le Centre Opérationnel de la Marine (COM) de Brest les premières actions de sauvetage de l'équipage.
Une fois le personnel en sécurité, il est temps de s'inquiéter des dégâts occasionnés par l'abordage et de la survie du navire. En raison des conditions météorologiques défavorables (plafond trop bas), l'équipe d'évaluation ne peut être treuillée par l'hélicoptère EC225 de la Marine Nationale de la Base aéronavale (BAN) de Lanvéoc. C'est en vedette côtière de surveillance maritime (VCSM) de la gendarmerie maritime que l'équipe, composée de trois personnes, parvient à monter à bord du navire en difficulté. Ces experts des structures des bâtiments, sont en charge d'évaluer l'état du navire et sa flottabilité. Malgré une gîte de 12°, il est décidé d'envoyer à bord une équipe d'intervention de marins-pompiers de Brest pour tenter d'enrayer une voie d'eau importante et d'éteindre un incendie dans la salle des machines. Cette fois, c'est par les airs, avec l'hélicoptère Dragon 56 de la Sécurité Civile, que les hommes débarquent sur le pont du navire noyé par la fumée.
La chronologie de l'exercice simule un incident réel en mer. Toutes les phases sont « jouées » par une équipe qui s'est installée dans le Centre de crise (CTC) au dernier étage de la Préfecture Maritime de l'Atlantique de Brest.
L'exercice évolue selon un scénario rédigé en direct par une petite équipe dirigée par le Commissaire Cécile Cases, chef du bureau sécurité maritime de la division Action de l'État en Mer de la préfecture maritime de l'Atlantique, véritable chef d'orchestre de la stratégie. Son objectif : le naufrage du pétrolier en fin de journée avec un début de pollution aux hydrocarbures pour permettre au préfet maritime de l'Atlantique et au préfet du Morbihan de déclencher le plan ORSEC maritime et le plan ORSEC departemental dans leurs volets POLMAR mer et terre.
Le lendemain, tout le monde est sur la pont dès 06h00. La pollution est simulée par un largage à partir du BSAD Argonaute de balles de riz. L'exercice peut reprendre.
Sous l'oeil des médias et des observateurs étrangers (marocain, espagnol, portugais, européen), le BSAD Argonaute, le Galway Fisher, navire à soutes de l'Agence de sécurité maritime européenne (EMSA) et quatre chalutiers travaillent ensemble pour juguler la pollution, la récupérer dans leurs chaluts et pomper le plus de pétrole possible.
Apprise la veille lors d'une formation diffusée par le CEPPOL et les affaires maritimes sur un quai du port de pêche de Lorient et suivie par plus de quarante pêcheurs, la technique de ramassage par chalutage est simple et s'apparente à leur activité quotidienne. Deux chalutiers font route en parallèle en traînant derrière eux une sorte de seine pour racler la surface de l'eau et capter les produits flottants. Ensuite, il suffit de se débarrasser de cette "pêche" dans les soutes d'un pétrolier.
Malgré tout, ce travail est insuffisant. Une partie de la pollution atteint la côte, souille la plage du Loch et des rochers, et menace un port de plaisance et une zone protégée non loin de l'ancienne base des sous-marins de Lorient.
Sous la coordination du préfet du Morbihan, un barrage est installé et des équipes de nettoyage commencent leur laborieux et minutieux travail de remise en état du littoral.
A 13h45, l'exercice est terminé. Immédiatement, un premier retour d'expérience est établi. Il est globalement positif. Les objectifs fixés initialement sont atteints.
Il faut maintenant laisser le temps à chaque acteur d'analyser son action au sein de ce dispositif inter-administrations et de les examiner lors d'une réunion plénière avant la fin du mois de juin. Là seulement, « à froid », tout sera décortiqué pour que, si cet exercice devenait un jour réalité, chacun sache quelle place est sienne pour une meilleure efficacité.
Info/photos - Préfecture Maritime