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Strongall ou aluminium pour les bateaux de grand voyage et d'expédition ?

Marguerite, le bateau d'expédition de Michel Joubert

Marguerite, le bateau d'expédition de Michel Joubert

Bateaux de Grand Voyage et d'expédition - Le Strongall est une technique de construction faisant l'objet d'un brevet, qui se caractérise par une épaisseur suffisante pour éviter les renforts classiques, tels que membrures, lisses ou barrots.

Pourquoi opter pour une construction en strongall plutôt qu'en aluminium classique ? ActuNautique.com a posé la question à l'architecte naval Michel Joubert, à l'origine de cette technique, avec le constructeur de bateaux Joseph Fricaud du chantier Meta.

"Pour un bateau d'expédition, le choix est extrêmement simple entre l'aluminium et le strongall. Soit on a envie d'aller naviguer dans la glace, ou soit on n'a pas l'intention d'aller naviguer dans la glace. Quand on veut naviguer dans la glace, on se retrouve a naviguer au milieu des growlers, des blocs de glace flottant entre deux eaux et pouvant peser plusieurs tonnes, growlers qui engendrent une multitude de petits chocs localisés sur la coque du bateau. Sur un bateau construit en aluminium de façon traditionnelle avec de la tôle de 5 ou de 6mm entre des lisses et les membrures, le tôle se cabosse sous l'effet de ces chocs. Le procédé Strongall qui revient à doubler l'épaisseur pour retirer de la structure fait que l'on n'a pas le poinçonnement localisé des chocs multiples. Sur Marguerite, mon bateau d'expédition de 12m de long, la coque fait 12mm d'épaisseur alors qu'elle en aurait fait 6 avec une construction traditionnelle. Le procédé Strongall c'est un peu comme si on construisait avec du contreplaqué qui est une technique qui ne nécessite pas une multitude de lisses et de membrures, pour une grande résistance. En terme de forme de carène, le procédé Strongall a une sacrée limite, puisqu'il ne permet de réaliser que des coques à bouchains vifs, comme pour les coques en contreplaqué. Un avantage aussi est que sur un procédé classique, la tôle de 6mm se déforme à la soudure et peut paraître un peu bosselée si on ne la peint pas, ce qui n'est pas le cas du Strongall car de la tôle de 12mm ne se déforme pas. Enfin, en terme de coût, le procédé Strongall se situe au même niveau qu'un procédé classique, parce que s'il y a plus de matière, il y a moins de structure : les coûts s'équilibrent généralement." 

 
Michel Joubert, devant une vedette open de chez Rhéa Marine, qu'il a signée !

Michel Joubert, devant une vedette open de chez Rhéa Marine, qu'il a signée !

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