12 Avril 2016
Sur un marché de la plaisance dynamique un peu partout dans le monde, à l'exception de la France, qui affiche il est vrai, une certaine langueur à laquelle les incertitudes fiscales, législatives et réglementaires ne sont pas étrangères, le marché des multicoques est sans conteste le segment de marché affichant la plus forte croissance.
Une croissance pour partie issue du développement du marché de la location, mais aussi pour partie, due à un transfert de clientèle, des monocoques vers les multicoques, plus habitables et plus stables.
Un marché mondial estimé entre 950 et 1100 unités par an
Si aucune statistique officielle n'existe vraiment dans ce domaine, les chiffres collationnés auprès des différents constructeurs permettent d'estimer le marché des catamarans habitables de plus de 33 pieds, entre 950 et 1100 unités neuves produites par an, qu'il s'agisse de catamarans ou de trimarans, qui se répartiraient entre 80% de voiliers (760 à 880 unités), et 20% de motoryachts (190 à 220 unités).
En terme de chiffre d'affaires, la part des motoryachts monterait toutefois à 30%, du fait d'un prix moyen supérieur à celui d'un voilier.
70% de la production mondiale réalisée en France
Cocorico ! Près de 70% des multicoques construits dans le monde le sont en France, par des chantiers comme Lagoon (leader mondial), Fountaine-Pajot (N°3 mondial), Catana Group, Bavaria-Nautitech, Outremer, Privilège Marine, Marsaudon Composites et Neel, pour ne citer que les plus importants.
Cette prédominance française trouve son origine dans le fait que les premiers multicoques habitables ont été conçus en France, par Fountaine-Pajot, vite suivi par Lagoon (qui dépendait alors de Jeanneau Techniques Avancées), Catana et Nautitech, dans la foulée des expérimentations faites en course par des skippers comme Eric Tabarly, Alain Colas, Philippe Poupon, Florence Arthaud...
L'Afrique du Sud est le second producteur mondial de multicoques, avec des chantiers comme Robertson & Caine (N°2 mondial), plus connu au travers des marques Leopard, Sunsail et Moorings, Tag Yachts, Knysma Yachts, Royal Cape, Xquisite.
A noter que des pays comme la Pologne ont acquis une position enviée dans le domaine des yachts multicoques avec le chantier Sunreef (voile et moteur), ou comme Taïwan avec Horizon Yachts (moteur).
Une forte hausse des capacités de production
Dans un contexte de croissance des ventes, les chantiers investissent et se développent. Fountaine-Pajot vient ainsi d'investir près de 10 millions d'euros dans le développement de son site d'Aigrefeuille (La Rochelle), afin de faire passer sa capacité de production de 130 à 180 unités par an, tandis que Bali, encore inconnu il y a deux ans, a déjà vendu près de 80 catamarans produits entre ses usines de Marans (17) et Canet en Roussillon (66) !
Bavaria Nautitech, pour sa part, a totalement redimensionné son usine de Rochefort, qui peut désormais produite 70 unités par an, sur deux chaînes parallèles, tandis que Lagoon construit un nouveau hall de production à Bordeaux, afin de produire ses futurs Seventy 7 et Seventy 8 ! Outremer enfin, a racheté un site à Canet en Roussillon pour y fabriquer des catamarans day charter, et agrandit en parallèle son site de la Grande-Motte pour répondre à la hausse des commandes.
Un prix d'accès de 200 000 euros
Le marché des multicoques habitables démarre aux alentours de 200 000 euros, pour grimper à plusieurs millions, sur des unités comme des Catana 70 ou des Sunreef. Il se positionne donc clairement au dessus du marché des monocoques en terme d'accessibilité financière.
Ce positionnement tarifaire, tout comme les qualités des multicoques ont depuis toujours favorisé leur acquisition en gestion, phénomène qui s'est développé au fur et à mesure du développement du marché de la location.
On estime ainsi que le marché de la location représente près de 40% de l'activité des constructeurs, cas unique sur le marché de la plaisance.
Le cas à part des catamarans à moteur
Annoncé depuis des années comme un eldorado à venir, le marché des multicoques à moteur ne représente toutefois que 20% du marché, porté par des acteur historiques comme Robertson & Caine, Fountaine-Pajot, Sunreef et Horizon, rejoints par Lagoon et Bali.
Si les spécialistes sont dubitatifs quant au potentiel de ce marché sur les unités de moins de 50 pieds, il semble que son avenir réside plutôt au delà, ce qui expliquerait les développements réalisés récemment dans ce domaine par Lagoon avec le 630 MY et le prochain Seventy 8, et Bali avec le futur Bali 5.8 MY, pour répondre aux offres de Fountaine-Pajot et de Sunreef dont le Supreme 68 Power devrait étonner, le taïwanias Horizon Yachts étant un cas un peu à part, qui cible avant tout l'Amérique du Nord avec ses PC 52 et PC 60.