22 Avril 2016
Comme l’énonce le Rapport du Député M. Terrasse déposé lundi 8 février 2016 au Gouvernement et qui avance 19 propositions pour encadrer et développer l’économie collaborative « Le phénomène d’ «uberisation » de notre économie a mis en lumière la nécessité pour les acteurs de l’économie traditionnelle de faire évoluer leur modèle et leurs pratiques pour prendre le tournant de l’économie numérique. Aujourd’hui, chacun a la possibilité de créer et de devenir le chef de son propre entreprise. C’est l’essor de la consommation collaborative. Ainsi, chacun peut vendre des biens, un service, louer un appartement, une voiture ou un bateau ou encore se déplacer à prix abordable via les applications numériques. »
Nous en parlions dans notre dernier article : Nautisme collaboratif, 19 pistes pour encadre les nouvelles pratiques.
Avec le développement des plateformes collaboratives, le nautisme participe au phénomène de « l’ubérisation » de la société. Ces sites de mise en relation entre propriétaires de navires etéquipiers désireux de naviguer pour une journée, un week-end et parfois plus... surfent sur lavague du numérique et mettent
Au carrefour d’une évolution, peut-être d’une révolution, le secteur économique de la plaisance se trouve profondément bouleversé avec de nouveaux acteurs innovant qui manient le numérique pour offrir des services plus rapides, moins coûteux en limitant les intermédiaires et au final facilite la vie du plaisancier, navigant mais aussi client et consommateur.
Cette économie de partage suscite d’intenses réactions car elle remet en cause les modes de consommation traditionnels et certains modèles sociaux.
Ces nouvelles formes d’exploitation du navire intéressent le juriste à plusieurs titres. Tout d’abord, sous le prisme des qualifications juridiques.
Est-on en présence d’un contrat d’affrètement maritime ou de location classique ? Est-on présence de transports de passagers ? Est-on en présence d’une relation de droit ou de fait ?
Ensuite sur un plan politique, comment le législateur peut-il encourager la liberté d’entreprendre tout en garantissant les règles de droit de la concurrence, les déclarations obligatoires ou encore le contrôle fiscale ? Enfin sous un prisme prospectif, ces évolutions révèlent un laboratoire intéressant du mode de vie numérique.
Force est donc d’admettre que la plaisance, comme nombre de secteurs économiques, est soumis aux évolutions du numérique et aux nouvelles exigences des usagers. Comme dans les transports, dans la livraison, dans l’hébergement, l’usager est à la recherche de l’instantanéité que le numérique peut désormais lui procurer, et de la simplicité.
La plaisance collaborative : un terme générique mais plusieurs situations
Sous couvert du terme de conavigation se développe des activités distinctes. La principale crainte de ce terme utilisé parfois à mauvais escient est une dérive des pratiques vers une forme illégale de navigation commerciale. Car, si la réglementation autorise, pour un particulier embarqué sur un navire à usage personnel, à partager les frais du transport avec ses « passagers », elle interdit formellement d'en tirer profit, à moins de disposer d'un brevet professionnel et d'exercer son activité dans le cadre d'une activité commerciale (navire à utilisation commerciale doté d'un rôle d'équipage ou d'un rôle d'entreprise).
L’adaptation nécessaire du droit, balloté dans une tempête digitale…
Cette évolution induit une modification de la concurrence dans le secteur du nautisme et les professionnels ont déjà pris conscience de cette réalité, une réalité qui utilise des outils pour se rapprocher du navigant et réduire l’écart les séparant que les professionnels avaient peut-être trop souvent creusé…
Dans l'obligation de s’adapter face à la digitalisation de la plaisance, et se confrontant à de nouveaux profils de navigants, le législateur doit donc faire face à un défi de taille.
Comment adapter le droit avec un œil nouveau face à un nautisme plus réactif, plus concurrentiel qui casse les codes jusqu’à alors établis depuis des années… ?
Le cadre règlementaire, gage de sécurité juridique, doit répondre à plusieurs objectifs :
En l'absence à ce jour de décision de Tribunaux sur le système de la conavigation, les interrogations sont nombreuses et la plus grande vigilance est de mise tant pour les plates forme de mise en relation que pour les navigants consommateurs de ces modes d’exploitation du navire.
Une grande première européenne, le 3 juin, à Nantes
Le rendez-vous est donc donné en présence du Ministère de la Mer, de la Fédération des Industries Nautiques, des représentants de Ports de plaisance, de Professeurs d’Université, d’avocats et avec l'appui d'ActuNautique.com, le vendredi 3 juin à Nantes à l’occasion de la Première Journée nationale du droit de la plaisance et du nautisme organisée par l'association Legisplaisance, sous la direction scientifique du Centre de Droit Maritime et Océanique de la Faculté de droit et des Sciences Politiques de Nantes.
Un colloque dont le thème portera sur la réglementation du développement économique de la plaisance collaborative avec au programme de nombreuses questions soulevées :
LE PROGRAMME DU COLLOQUE DU 3 JUIN A NANTES
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