27 Septembre 2017
Une annonce d'autant plus attendue que la nationalisation temporaire effectuée par l’État, en juillet dernier, avait jeté un froid entre Paris et Rome après d'âpres négociations portant sur le contrôle des Chantiers de l'Atlantique, qui emploient directement 2600 personnes et fournissent du travail à 5000 autres, via les entreprises sous-traitantes.
Fincantieri insistait alors pour détenir plus de 50 % du capital, une condition que ne pouvait pas accepter l’État français : les chantiers navals de Saint-Nazaire sont les seuls de ce type en France, et ils représentent un intérêt stratégique pour l'industrie de la défense.
« Nous avons trouvé un accord équilibré entre les deux partenaires: il donne le contrôle opérationnel à Fincantieri et la préservation des Chantiers de l'Atlantique sur le long terme pour la France », a annoncé l'Elysée.
A première vue, Fincantieri obtient gain de cause, en devenant détenteur de 51 % du capital des chantiers STX. Mais Paris n'a en fait que « prêté » 1 % du capital pour une durée de 12 ans à l'industriel italien, avec la possibilité de le reprendre à tout moment en cas de non-respect de certaines conditions, notamment sociales.
Dans les faits, le capital est donc plus proche d'une répartition à 50 – 50 : l’État français garde 34,34 % (altérés en pratique par le prêt de 1 %), Naval Group (ex-DCNS) obtient 10 %, 2 % vont aux salariés, et le reste (3,66 %), est réparti entre les différents sous-traitants des chantiers, dans la région de Saint-Nazaire.
Fincantieri, détenu en majorité par l’État italien, détiendra donc 51 % du capital (dont les 1 % « prêtés », représentant quelques dizaines de millions d'euros), et obtiendra le contrôle opérationnel des chantiers, ainsi que les votes et les parts équivalentes de dividendes.
Plusieurs rendez-vous seront organisés entre Français et Italiens pendant les 12 ans à venir, afin d'assurer le respect des engagements pris des deux côtés. La France pourra récupérer son prêt de 1 % si Fincantieri ne tient pas ses promesses, et reprendre totalement les contrôle des chantiers en cas de difficultés importantes.
Le conseil d'administration des chantiers sera constitué de huit personnes : quatre seront nommées par Fincantieri, deux par l’État, un par Naval Group, et un autre par les employés. Les Français pourront aussi bénéficier d'un droit de veto sur la nomination du président du Conseil d'administration.
Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, a tenu à préciser que « la montée en puissance dans le capital de STX n'avait pas vocation à durer mais à allonger le temps de discussion avec les Italiens ». Des discussions seront également menées d'ici à 2018 pour concevoir un éventuel rapprochement entre Naval Group et Fincantieri.