26 Septembre 2017
Il est arrivé à Nuuk, sur l'île danoise vendredi à 4 h 12 (heure française), à l'issue d'une navigation éprouvante de deux mois et six jours.
L'exploit d'Yvan Bourgnon est d'autant plus incroyable qu'il a effectué la traversée en solitaire, sans aucune assistance, le tout sur un catamaran de 6 mètres non-habitable !
« Je suis très heureux de revenir, revoir mes proches et partager ce moment avec eux », a t-il confié ému, interviewé par LCI et RTL. « J'en ai bavé plus que je ne le pensais. Les difficultés se sont accumulées tout au long du parcours. Ce défi a été à coup sûr le plus difficile de tous les défis réalisés depuis sept ans sur ''Ma Louloutte'', mon fidèle catamaran de sport. » Il a ainsi traversé plusieurs tempêtes et connu de nombreuses avaries, heurté un morse et rencontré un ours blanc !
Plus qu'un exploit sportif, le navigateur a fait montre d'une résilience peu commune, avec la perte de dix kilos et déplorant plusieurs blessures aux mains et aux jambes, liées au froid extrême qui sévit à ces latitudes.
Le skipper suisse a navigué à vue pendant ces deux mois, en ne dormant que par tranches de 5 ou 10 minutes, un rythme harassant qui lui laisse aujourd'hui un important déficit de sommeil.
« Honnêtement, c'est la première fois que je ressens vraiment la peur sur l'eau », a-t-il continué. « Le truc, là, qui te prend le ventre [...] Tout est fait pour te broyer. Tout est là pour te mettre dans l'eau. Et si tu es dans l'eau, tu es mort. [...] Je n'ai jamais eu autant froid de ma vie, jamais eu autant peur, jamais eu autant de situation de stress aussi inouïes. Je m'attendais à quelque chose de difficile mais pas autant. Clairement, je me suis mis en danger de mort. »
L'exploit d'Yvan Bourgnon a également servi à alerter sur les conséquences du réchauffement climatique dans l'Arctique : le passage qu'a emprunté Yvan Bourgnon pour rallier le Groenland, en passant par le Nord-Ouest de l'Alaska, était encore inaccessible aux voiliers il y a quelques années, mais le réchauffement climatique l'a ouvert le temps de quelques semaines. Le skipper de 46 ans avait dû attendre quinze jours avant qu'il ne « s'ouvre ».