27 Février 2018
Complètement fou ! Au terme de presque trois semaines d’une étape à multiples rebondissements, c’est quasiment un final de match-racing à Auckland que nous a offert mardi (dans la nuit de mardi à mercredi sur place) la quasi-totalité de la flotte engagée sur cette sixième étape partie le 7 février de Hong Kong.
Certes, au regard des positions des uns et des autres à l’approche de la Nouvelle-Zélande, on s’attendait à une arrivée au finish, mais pas forcément à cinq bateaux, dans la mesure où dimanche, MAPFRE et Dongfeng Race Team accusaient 140 milles de retard sur le trio de tête composé de Team AkzoNobel, Team Sun Hung Kai/Scallywag et Turn the Tide on Plastic.
Mais comme l’avait annoncé Christian Dumard, prévisionniste météo de la course, une zone de hautes pressions située au nord de la Nouvelle-Zélande a totalement rebattu les cartes lors des 24 dernières heures de mer et permis aux deux leaders au classement général de fondre sur la tête de course et de même se mêler à la lutte pour la victoire en arrivant en baie d’Hauraki ! « Je n’arrive pas à croire que Dongfeng et MAPFRE soient là, il n’y a pas de justice, ça va être une journée difficile », se désolait mardi matin David Witt, skipper de Team Sun Hung Kai/Scallywag, tandis que sur Turn the Tide on Plastic, la skipper britannique Dee Caffari, directement menacée par le retour des deux leaders au général, riait jaune : « Les bateaux rouges reviennent dans la course, vous allez vous moquer de moi : 140 milles derrière et les voilà… »
Finalement, seul le duo composé de Team AkzoNobel et de Team Sun Hung Kai/Scallywag est parvenu à garder à courte distance les deux bateaux rouges et après un ultime empannage une fois Rangitoto Island laissée à bâbord, c’est le premier qui s’est imposé à 13:17 (heure française, 01:17 mercredi sur place) dans la City of Sails après 20 jours 9 heures 17 minutes et 26 secondes de mer de mer, soit la plus longue étape de la course autour du monde depuis le coup d’envoi à Alicante en octobre. Une première victoire d’étape sur la Volvo Ocean Race pour l’équipage de Simeon Tienpont, à bord duquel on trouve la Française Cécile Laguette, qui aura été l’un des grands animateurs de cette sixième étape, avec une option nord d’entrée qui s’est peu à peu transformée en coup de maître.
« Cela a été du match-race pendant 7000 milles, c’est irréel, a commenté après le passage de la ligne le skipper néerlandais. Je n’ai jamais couru une course comme ça dans ma vie. Nous avons toujours été à vue des autres bateaux, cela s’est joué au coude-à-coude, ils n’ont jamais cessé d’attaquer et nous, nous n’avons jamais cessé de défendre, je suis trop fier de mon équipage, ils n’ont jamais flanché ». A ses côtés, Cécile Laguette, était d’autant plus radieuse qu’elle a vécu dix ans à Auckland, sa deuxième maison : « Je m’étais dit que si je faisais la Volvo et l’étape d’Auckland, c’était déjà génial ; là, non seulement, je fais cette étape, mais en plus je la gagne, c’est énorme ! C’est le fruit d’un long travail qui a super bien payé. Au départ quand on a viré et qu’on s’est séparés de la flotte, on pensait que les autres allaient suivre, ça n’a pas été le cas, on s’est retrouvés cinquièmes, on a ensuite eu un peu de réussite. A la fin, on a un peu pris cher lors des 24 dernières heures : au début de la dernière nuit, on avait encore 30 milles d’avance sur Scallywag et au petit matin, on les a vus revenir à 200 mètres de nous et ça a continué toute la journée ».
A l’arrivée, seulement 2 minutes et 14 secondes séparent le vainqueur de Team Sun Hung Kai/Scallywag - soit l’une des arrivées les plus serrées de l’histoire de la course à Auckland - qui, avec cette deuxième place, confirme sa belle victoire lors de l’étape précédente à Hong Kong. « Notre équipe n’a jamais lâché. Cette fois-ci, nous n’avons pas empoché la victoire, nous avons eu nos chances, mais AzkoNobel était juste un peu trop bon. Mais nous avons fait un long chemin depuis la première étape », s’est réjoui sur le ponton à Auckland David Witt.
Troisième, MAPFRE finit à 22 minutes et 12 secondes minutes du vainqueur du jour, un podium quasiment inespéré pour l’équipage espagnol qui aura passé une grande partie de l’étape en queue de peloton à livrer un duel au couteau avec Dongfeng Race Team, quatrième à 2 minutes et 58 secondes du VO65 espagnol. « Cela aura un gros combat jusqu’à la dernière minute, a commenté le skipper de Dongfeng, Charles Caudrelier. Nous avons toujours été ensemble, dans les bons et les mauvais coups. Comme on n’avait pas de météo au départ, il fallait qu’on suive quelqu’un, on a suivi MAPFRE. Malheureusement pour nous, car pour quasiment la première fois depuis le début de la course, ils ont fait un très mauvais choix, si bien qu’on s’est retrouvés derniers avec eux. Et malheureusement, nous sommes arrivés juste derrière lui, c’est encore un point de perdu, c’est dommage ».
Le grand perdant de cette incroyable fin d’étape est finalement Turn the Tide on Pastic qui, après avoir longtemps fait la course dans le bon paquet, a tout perdu à l’arrivée à Auckland, cinquième à 2 minutes et 32 secondes de Dongfeng Race Team. « Ils méritaient mieux, c’est injuste et triste pour eux de terminer cinquièmes, ils auraient même pu gagner, alors que de notre côté, nous avons eu beaucoup de chance de revenir, c’était un peu inespéré, mais c’est la voile », a ajouté Charles Caudrelier.
Au classement général, MAPFRE reste leader et grappille un point sur Dongfeng Race Team, tandis Team Sun Hung Kai/Scallywag prend la troisième place.