4 Avril 2018
Nicolas Gardies et Romain Motteau pour Fountaine-Pajot, et Salvatore Serio pour Dufour Yachts ont répondu aux question de la presse nautique, suite à l'annonce du rapprochement des deux chantiers rochelais, annoncé dès le 30 mars sur ActuNautique.com (lire notre article).
Naissance du N°2 européen du nautisme
La prise de contrôle majoritaire de Fountaine-Pajot dans le capital de Dufour Yachts, qui conduira à une consolidation des comptes de ce dernier dans le bilan de Fountaine-Pajot, donnera naissance au N°2 européen du nautisme et de la plaisance, soit un groupe réalisant 142 millions d'euros et employant 1100 collaborateurs, se positionnant derrière le Français Bénéteau, mais devant les Allemands HanseGroup (128 millions d'euros de CA et 1314 salariés) et Bavaria. A noter que le chantier Lagoon CNB, filiale de Bénéteau, leader mondial des catamarans et des voiliers monocoques de luxe, réalise pour sa part un chiffre d'affaires de 187 millions pour 1490 salariés.
Fountaine-Pajot Dufour, nouveau numéro deux européen du nautisme et de la plaisance, démontre tout le dynamisme de la filière nautique française et tout le potentiel qu'elle recèle, elle qui exporte près de 70% de sa production !
Il y a 5 ans, Fountaine-Pajot réalisait un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros : que de chemin parcouru depuis lors...
Un rapprochement effectif sous un mois
Le rapprochement des deux entreprises devrait être effectif sous un mois, car si les équipes de management ont trouvé un point d'accord, les délais légaux d'information des collaborateurs des deux entreprises sont incompressibles !!
"S'il n'avait tenu qu'à nos salariés", a déclaré Romain Motteau, "le rapprochement serait déjà fait !!"
A la question "pourquoi avoir vendu une entreprise en croissance, réalisant des profits et un chiffre d'affaires de près de 63 millions d'euros ?", Salvatore Serio a indiqué que le moment était venu, qu'une consolidation était nécessaire, Nicolas Gardies précisant que les deux entreprises, toutes deux rochelaises, se connaissaient bien, et que leurs positionnements respectifs les rendaient très complémentaires.
Une acquisition par endettement et equity
La prise de participation majoritaire de Fountaine-Pajot au capital de Dufour s'opérera par endettement et par equity, avec l'appui du Crédit Agricole et de son fonds d'investissement Unexo.
Côté Fountaine-Pajot, les dirigeants ont précisé que l'impact de cette prise de participation en terme d'endettement serait très raisonnable.
Le montant de l'investissement n'a pas été dévoilé, qui devrait l'être d'ici l'annonce du rapprochement officiel, Fountaine-Pajot étant une entreprise cotée en bourse, à l'instar de Bénéteau et Catana Group.
Les premiers catamarans Dufour seront produits et livrés
En décembre dernier, Dufour faisait le buzz en annonçant le lancement d'une nouvelle gamme de catamarans, dont le premier modèle était un 48 pieds, pricé au même niveau qu'un FP Saona 47, dévoilant par ailleurs au Nautic que près de 14 unités en avaient été vendues.
Cette nouvelle activité de multicoques n'appartenait pas à la société française Dufour Yachts, mais à une entité spécifique italienne, détenue par le management de Dufour Yachts.
Lors de la conférence de presse, il a été confirmé que cette entité faisait bel et bien partie du périmètre repris par Fountaine-Pajot.
A la question de savoir si ce rapprochement pouvait sonner le glas des catamarans Dufour, les deux équipes de direction ont précisé que les modèles commandés seraient livrés, mais qu'une étude approfondie devrait permettre de statuer d'ici quelques temps sur le maintien ou non de cette gamme.
Alors que Lagoon annonce la lancement d'une nouvelle gamme de multicoques, complémentaire de Lagoon, le chantier Fountaine-Pajot Dufour conservera t-il lui aussi 2 gammes ou seulement une ?
Toutes les spéculations sont sur la place.
Pas de synergie étudiée au niveau des achats
Répondant à la question d'un journaliste sur le montant anticipé des réductions de coûts engendrées par ce rapprochement, ce qui constitue généralement l'une des pierres angulaires d'un rachat d'entreprise dans le cadre d'une politique de massification des achats, Romain Motteau, DG de Fountaine-Pajot, a réfuté toute stratégie allant dans ce sens, précisant que ce point n'avait pas été étudié lors de la négociation de rapprochement, et que les deux entreprise ne souhaitaient pas mettre la pression sur leurs fournisseurs, considérés comme des partenaires.
Pas de construction de catamarans FP chez Dufour Périgny, mais...
A la question d'un journaliste portant sur le transfert de production de catamarans Fountaine-Pajot chez Dufour, Salavatore Serio a tenu à préciser que cette solution n'était pas envisageable, du fait d'une hauteur sous plafond insuffisante sur le site rochelais de Dufour Yachts (Périgny, une ancienne usine Simca), qui par ailleurs tourne à pleine capacité, indiquant que l'un des deux bâtiments du site d'Andilly (anciennement Gib Sea) pourrait éventuellement être adapté pour cela, mais que ce site n'était pas utilisé depuis des années.
Les deux entreprises maintenues dans leurs périmètres
Le rapprochement de Fountaine-Pajot et de Dufour Yachts n'aura pas d'impact sur leur activités respectives, chacune des deux structures étant maintenue dans son périmètre, tout comme leurs équipes dirigeantes.
Ce rapprochement ne devrait également pas avoir d'impact financier majeur, tel un éventuel rattrapage des clauses sociales en vigueur chez Fountaine-Pajot chez Dufour, ont tenu à préciser les dirigeants des deux groupes.
Décryptage : à quand des bateaux à moteur ?
Le nouveau numéro deux européen du nautisme et de la plaisance associe deux activités complémentaires, entre les multicoques, un marché en forte croissance et aux marges élevées, et les voiliers monocoques, une activité historique de la plaisance, difficile ces dernières années mais pour laquelle Fountaine-Pajot anticipe clairement une reprise de marché.
Après ce rachat, une question se pose désormais : la nouvelle entité restera t-elle à terme l'un des spécialistes mondiaux de la voile, ou s'ouvrira-t-elle aux bateaux à moteur, un segment qui représente 85% des ventes de bateaux de plaisance, mais qui est particulièrement bataillé.