1 Juin 2018
Il en résulte un vent particulièrement faible, 5 à 6 noeuds, toujours orienté Est, soit au portant pour les bateaux longeant le sud irlandais, et au près pour le leader Imerys (Sharp-Pulvé) et ses poursuivants. La guerre des nerfs continue pour les 7 bateaux de tête tous réunis en une grosse douzaine de milles, chacun craignant le retour d’un de ces coups de mistoufle dont la Normandy Channel race a le secret.
La Normandy Channel Race, ce sont les skippers qui en parlent le mieux, surtout dans cette extraordinaire configuration de régate au contact particulièrement longue dans le temps et la distance. Ainsi maxime Sorel (V and B) s’épanchait-il un peu ce matin : « Rester concentré, ne pas "péter de plomb" au sens figuré comme au sens propre, notamment celui du moteur, et ce n’est pas l’envie qui nous manque... bref vous l’aurez compris, cette course s’apparente plus comme une épreuve de force mental, que de défis sportifs ».
A 5 miles du leader, V and B partage les mêmes affres, les mêmes doutes que le duo de Lamotte Module Création, quand Luke Berry décrit l’ambiance de ce retour vers la Manche. « Le vent adonne, refuse, monte et redescend et les réglages se jouent à quelques centimètres sur les écoutes... On perd des mètres, on en gagne... »
Brillant et très éphémère troisième, Louis Duc et Gwen Riou (Carac) observent une veille à 360° tant les menaces peuvent se matérialiser de tous côtés : « Nous continuons donc notre chasse à l'anglais, en ayant un œil constamment sur le rétroviseur. Les attaques sont fréquentes, nous sommes loin d'être à l'abri d'un retour de l'arrière. On sait que Campagne de France (Mabire – Merron) à encore des tours dans son sac ! »
A quelques 300 milles de l’arrivée, tous se sentent sous la menace d’un coup de chance ou de génie de l’un ou l’autre des protagonistes en lutte à quelques encablures de leur bord. Ils savent tous aussi l’heure des tergiversations passée. Malgré la fatigue, il faut tout donner et gagner dans le sud d’où un souffle certes peu puissant mais au demeurant portatif pourrait apparaitre demain matin. Re commencera alors ce jeu toujours aussi stressant des empannages à bon escient, dans les petits airs, pour glisser devant les petits camarades, cap sur la pointe du Cotentin.
Claire Pruvot et Alois Kerduel ont décidé de jeter l’éponge après leur échouage sur des cailloux irlandais. Ils sont désormais 21 bateaux toujours en course. C’est le duo du Class40 Up Sailing de Morgane Ursault Poupon et Arnaud Dalhenne qui ferme la marche, 141 milles derrière Imerys, mais à portée de leurs prédécesseurs immédiats.