15 Septembre 2018
Le suspense de la reprise du chantier allemand Bavaria Yachts aura duré tout l'été - la reprise était initialement attendue courant juillet - puis constitué l'un des sujets les plus discutés du Yachting Festival de Cannes, premier salon de la saison nautique 2018-2018, qui ferme ses portes dimanche.
Selon nos informations, c'est finalement le fonds d'investissement Capital Management Partners qui reprend le chantier Bavaria Yachts, tombé en faillite en avril dernier, et sa filiale française Bavaria Catamarans (ex-Nautitech), sise à Rochefort, et qui a pour sa part continué son exploitation normalement, n'ayant pas été placée en redressement comme sa société mère.
Le choix d'une vente globale du groupe, monocoques ET multicoques, à un même repreneur
Le périmètre racheté par CMP comprend tant l'entité juridique allemande Bavaria Yachts, spécialisée dans la construction de voiliers et bateaux à moteur monocoques et sise dans le land de Bavière, qui emploie 550 salariés sur son site géant de Giebelstadt, que l'entité française Bavaria Catamarans, ex-Nautitech, qui emploie 250 personnes à Rochefort.
Durant l'été, le mandataire judiciaire Tobias Brinkmann a plusieurs fois changé son fusil d'épaule, entre une vente globale et une vente de chacune des deux entités séparément, mais il apparaît un final que la complémentarité des deux pôles du groupe a constitué une plus pour le repreneur.
CMP : un spécialiste du retournement d'entreprises industrielles du mittelstand
Basée à Berlin, créé en 2000 et dirigé par Kai H. Brandes, Capital Management Partners est spécialisée dans le rachat d'ETI allemandes en difficulté, et dans leur retournement.
Le portefeuille de CMP comprend actuellement des structures comme Pressmetal et UKM (automobile), Doll (remorques spéciales), ROI (croisières fluvailes) et AZ Elektro (électro-mécanique).
La société connaît donc bien le milieu industriel, et cette connaissance sera à n'en pas douter indispensable pour relancer l'entité allemande, sachant que bien prendre en considération les spécificité des industries nautiques sera un gage de succès, d'autant plus que CMP est d'ores et déjà confronté à deux situations fondamentalement différentes, entre Bavaria Giebelstadt en difficulté structurelle, et Bavaria Catamarans à l'équilibre, sur le marché florissant des multicoques.
Quelles pistes pour renforcer les chances de succès de la reprise ?
Si les repreneurs n'ont pas encore dévoilé leur plan de marche, il semblerait sans doute judicieux de séparer juridiquement les entités françaises et allemandes, en évitant tout lien de subordination entre elles, tant leur situation d'exploitation et de marché sont différentes, tout en optimisant une mutualisation des bonnes pratiques (conditions d'achat, ingénieurie...).
De fait, sur un marché dynamique, Nautitech semble avoir surtout besoin de visibilité et d'un nouveau modèle à sa gamme pour compléter ses très réussis 40 et 46, et à terme d'une extension de capacité de production qui pourrait passer par un déménagement sur Rochefort pour poursuivre son beau développement, quand Bavaria doit désormais recruter les compétences parties depuis avril, vendre et produire ce qui est au catalogue (en particulier ses réussis C45, C50, R40 et R55), afin de générer du cash, indispensable à la pérennité d'un site industriel géant employant 550 personnes, avant de réimaginer un plan produit, notamment dans le gros moteur hors-bord.
Cette autonomisation des deux structures pourrait se matérialiser par l'arrêt de la marque Bavaria Catamarans au profit de la dénomination historique du chantier français Nautitech, et par un retour de Bavaria sur son positionnement originel qui fit son succès.
Alors qu'une nouvelle ère débute pour Bavaria, on ne peut qu'espérer qu'elle soit florissante, tant pour la filière nautique que pour les familles que fait vivre le chantier.