23 Novembre 2018
Une belle performance pour le skipper de Custo Pol, qui a réussi à aller au bout de son projet malgré une préparation très tardive, puisqu’il n’a récupéré son bateau qu’à la fin du mois d’août dernier, et une météo dantesque qui a mis au tapis plusieurs concurrents dès les premiers jours de la course. Antoine Carpentier n’a pas non plus été épargné par le problèmes techniques (perte de tous ses spis).
Une belle expérience aussi pour le skipper Morbihannais, qui faisait ses premiers pas en solo sur cette onzième édition de la Route du Rhum.
« Je suis bien content d’être arrivé », commente Antoine Carpentier à son arrivée au ponton de la darse à Pointe-à-Pitre où il a été accueilli, entre autres, par une multitude d’enfants et par Maxime Sorel et son équipe.
« Je ne pouvais pas espérer plus belle arrivée », avoue le skipper de Custo Pol qui a donc bouclé cette Route du Rhum à la 7e place dans la catégorie des Class40, après plus de 18 jours en mer.
« Ce que je redoutais le plus, c’était la solitude et c’est effectivement ce qui s’est avéré le plus dur pour moi. Plus encore que les conditions. Il est vrai que cette course a été engagée et le grand nombre d’abandons en témoigne, mais je ne suis pas sûr qu’elle ait été plus corsée que la Transat Jacques Vabre que j’ai faite en 2015 avec Catherine Pourre et lors de laquelle on avait aussi pris trois grosses dépressions successives sur la figure. Il n’empêche que ça n’a pas été facile. Je sais que tout le monde a eu son lot de petits soucis mais en ce qui me concerne, il n’y a finalement eu qu’une seule journée où je n’ai pas été confronté à un problème technique », raconte Antoine qui s’est battu pour aller au bout de sa transat.
« Je pense que j’ai fait du mieux que je pouvais même si, évidemment, aujourd’hui, avec déjà un peu de recul, je referais certaines choses différemment. Le fait d’avoir éclaté mes trois spis a été décevant car cela ne m’a plus permis d’envisager de poursuivre ma remontada. Forcément, cela a un peu changé le profil de ma course, un peu comme mon mal de dos dans les derniers jours qui m’a bien handicapé. J’ai terminé sous Code 5 et je me suis fait quelques bosses, mais je sais que cela aurait pu être plus dramatique, alors je relativise », relate Antoine qui faisait ses premiers pas en solitaire.
Une expérience satisfaisante à réitérer ? « Pour vraiment répondre à cette question, il faudra que je prenne un peu de recul mais je ne pense pas que j’aurai envie de faire un Vendée Globe car je ne suis pas sûr d’aimer me retrouver trois mois tout seul. Trois semaines, c’est bien ! », s’amuse le skipper, qui peut en tous cas se satisfaire d’avoir été au bout de sa course malgré un temps de préparation très court.
« Il est certain que je ne suis pas parti dans des conditions optimales. En ce sens, j’ai probablement eu moins de pression sur les épaules que certains autres mecs annoncés favoris. Je suis vraiment resté dans le même état d’esprit du début à la fin avec un objectif en tête : arriver de l’autre côté, même si parfois j’ai appuyé sur le champignon alors que j’aurais pu être plus raisonnable », note Antoine, bien conscient qu’il tirera énormément de cette expérience.
« En mer, je me suis posé la question de savoir si cette transat en solo allait changer des trucs chez moi car j’en ai pas mal bavé. Forcément, elle va me faire grandir sur certains plans et si je ne vais pas changer du tout au tout, je crois que je vais désormais moins me prendre la tête à arrondir certains angles », détaille Antoine qui peut être fier d’avoir réussi son projet.
« Je suis effectivement plutôt content de cela, même si je n’ai finalement pas fait de podium ou de Top 5 », souligne le skipper qui a par là même prouvé qu’il était un solitaire accompli en plus d’être un équipier de luxe, comme le confirme Géry Trentesaux, Président du conseil d'administration de Gery Trentesaux Investissements SA, dont l’entreprise Custo Pol fondée en 1998 apporté son soutien au navigateur pour cette Route du Rhum :
« Tout le monde savait qu’Antoine était un excellent marin, un très bon régatier, un joker sur un bateau, mais certains pouvaient avoir des doutes quant à sa capacité à mener à bien un projet comme celui-là. Aujourd’hui, il a rempli sa mission et c’est très satisfaisant d’autant qu’il l’a fait avec panache. Il a fait honneur aux Carpentier.
Il est parti en tête, il a traversé les tempêtes, il a été confronté à des galères mais il a fait une très belle course. Devant lui, ce ne sont que des très bons et les trois premiers ont vraiment fait une course incroyable. Antoine, lui, a beaucoup progressé pendant la transat. Il a passé un cap. Il ne faut effectivement pas oublier qu’il n’est pas parti dans les meilleures conditions puisqu’il n’a eu que très peu de préparation mais il a été au bout de son objectif.
De mon côté, je suis très satisfait de ce qu’il a accompli et j’ai aussi découvert à travers tous ses messages du bord, un Antoine Carpentier que je ne connaissais pas totalement ».