28 Janvier 2019
Autant dire que dans un tel contexte, les professionnels du nautisme et du yachting sont plus que circonspects, quant à l'attitude à tenir pour l'édition 2019 du Cannes Yachting Festival. Peuvent-ils traiter ou non avec Reed, qui n'a officiellement plus le droit de commercialiser le salon ? Ce, alors que l'édition à venir sera d'autant plus tendue que la voile doit partir sur Port Canto, décision qui a déjà provoqué de nombreux remous, Port Canto ayant toujours été dédié au brokerage de yachts d'occasion.
Dans ce contexte, et alors que le Yachting Festival est pour les acteurs de la filière nautique un lieu d'affaires - les chantiers signent 70% de leurs ventes sur les salons - cette situation pourrait avoir des conséquences très néfastes pour la filière.
Si Reed a communiqué sur sa volonté de faire appel de la décision du TGI - un appel est suspensif de la décision du fond - l'issue d'un tel appel est extrêmement risqué pour la multinationale néerlandaise à deux niveaux.
Tout d'abord d'un point de vue juridique, parce que statistiquement, près de 85% des décision de première instance sont confirmées en appel, selon des statistiques qu'ActuNautique a consulté auprès du ministère de la justice (http://www.justice.gouv.fr/statistiques.html). Jusqu'à présent, dans ce dossier, toutes les décisions de justice sont allées en faveur de la FIN, l'Autorité de la Concurrence ayant pour sa part rejeté le dossier parce qu'il n'entrait pas dans son champ de compétence.
D'un point de vue financier ensuite : le jugement du TGI portant sur les salons organisés par Reed depuis fin 2016, la multinationale pourrait se voir demander des compensations financières sur les éditions 2017, 2018, 2019 voire 2020 selon le temps que prendra l'appel. Autant dire que ces montants pourraient s'élever en millions d'euros.
Dans ce contexte, et afin de ne pas déstabiliser la filière, la FIN serait prête à tendre la main à Reed, pour arriver à un accord à l'amiable.
A cette occasion, Yves Lyon-Caen, président de la FIN a déclaré à l'AFP : "Il nous semble important d'essayer de trouver une solution de transition pragmatique. Un appel maintiendra sur cet événement une situation de précarité et d'incertitude mauvaise pour les exposants, les collectivités,et donc pour l'industrie, qui ne peut que freiner les investissements et les plans à moyen terme,et ne peut donc que nuire au salon lui-même. Il nous paraît préférable d'engager une négociation pour organiser une transition pragmatique plutôt que de prolonger un contentieux qui constitue un vrai danger pour la filière".