5 Juin 2020
Xavier Caron, il existe aujourd’hui deux grandes technologies de flotteurs sur le marché, le PVC et l’hypalon. Intéressons-nous tout d'abord aux flotteurs en PVC...
Xavier Caron - Les flotteurs en PVC utilisent des tissus dérivés des produits pétroliers. C’est au départ un PVC rigide, qui est assoupli avec des plastifiants, pour arriver à des tissus qui sont bien plus abordables que l’hypalon néoprène.
Quel est l’avantage d’un flotteur en PVC ?
Xavier Caron - L’avantage du flotteur en PVC, réside tout d'abord dans son prix : il coûte moitié, voire trois fois moins cher qu’un tissu hypalon néoprène. Son avantage réside ensuite dans son coût d’assemblage : un PVC peut aujourd’hui , être industrialisé : on peut le souder, alors qu’un tissu hypalon néoprène ne peut être assemblé que par collage.
La soudure est-elle un procédé plus fiable que le collage ?
Xavier Caron - Oui, parce que c’est une fusion de matière, alors que le collage consiste à rajouter une colle, qui a ses limites dans le temps. Un autre avantage du PVC est qu’il est fixé par soudure, ce qui lui permet de ne pas se dessouder… Une fois que le tissu est soudé, il est indestructible, contrairement à un assemblage par collage, qui va perdre son efficacité avec le temps.
Y a-t-il une différence de poids entre le PVC et l’hypalon ?
Xavier Caron - Non, il n’y a pas de vraie différence, le poids varie en fonction du choix de la trame de tissu et du tissage lui-même.
Existe-t-il différents types de qualité pour les PVC ?
Xavier Caron - Vous avez la matière de la fibre textile et le tissage lui-même ; on peut ainsi faire des tissages simple fil ou double fil, de dernier procédé offrant une meilleure résistance à la déchirure ou à la crevaison.
Quand on achète un semi-rigide en PVC, faut-il donc demander le type de tissage de ses flotteurs ?
Xavier Caron - Oui, c’est ce qu’on appelle en général les décitex (dtx) ; quand on vous parle de tissus 1100, 1200 ou 1500 décitex, cela correspond en fait au poids du tissu.
Peut-on en extrapoler qu'un PVC de haute qualité sera forcément un 1500 décitex ?
Xavier Caron - Pas forcément : c’est surtout en fonction de la taille et de l’usage du bateau ; on va commencer avec des tissus à plus petit grammage sur les petits bateaux. Plus le bateau va être important, exposé à des chocs et à des accostages plus brutaux, et plus on va monter sur des qualités de tissus plus résistantes.
Trois qualités de tissus, 1100, 1200 et 1500 décitex ?
Xavier Caron - Cela dépend des constructeurs ; on trouve généralement sur le marché du 1100 et du 1570 décitex.
Au toucher ou au visuel, comment distingue-t-on l’hypalon du PVC ?
Xavier Caron - Ce n’est pas toujours évident de les distinguer ; ce qu’on va regarder, c’est au niveau des assemblages : un assemblage par soudure donne des surbrillances sur les phases d’assemblage du tissu, alors que le collage de l’hypalon néoprène va un peu s’effiler. C’est de cette manière qu’on reconnaît la différence entre un tissu PVC et hypalon néoprène.
Donc il n’y a pas de différence au toucher ?
Xavier Caron - Il y a très peu de différences au toucher ; le tissu PVC, selon les qualités, peut être plus ou moins granuleux, mais un très bon tissu PVC est très difficile à reconnaître quand on n’est pas un expert.
En termes de couleur en PVC, quelle gamme de couleurs existe t-il sur le marché ?
Xavier Caron - En PVC, on est très limité en termes de couleurs et on reste sur des couleurs traditionnelles – le blanc, gris rouge, noir, un peu de bleu – mais on n’a pas les panels de couleurs très larges qu’on va trouver sur l’hypalon néoprène.
Qu’en est-il du soleil ? Certains disent que le PVC n’est pas adapté à trop de soleil…
Xavier Caron - L’hypalon est aussi affecté par le soleil ; c’est une question d’entretien du bateau. Un PVC bien entretenu aura une durée de vie presque aussi longue qu’un hypalon néoprène. Mais le PVC va demander plus d’entretien qu’un hypalon. Avec l'hypalon, un rinçage très basique, va avoir une durée de vie plus longue, alors que le PVC va avoir un vieillissement plus rapide et devenir un peu collant et poisseux. C’est l’effet « sticky », dû à la remontée des plastifiants sur l’extérieur du tissu. Ce qui est important, c’est d’éliminer ce plastifiant qui ressort, et la seule façon de le faire, c’est de savonner son bateau ; typiquement prendre une éponge avec de l’eau savonneuse et bien nettoyer son bateau, à faire 2/3 fois par an.
Quand on a un semi-rigide PVC toute la saison au port, ne souffre-t-il pas trop sous le soleil ?
Xavier Caron - Sur une utilisation plaisance normale, où le bateau va rester un ou deux mois au port, exposé au soleil, non ! Mais si le bateau reste toute l’année à l’extérieur, il est de bon ton de le protéger avec des taux de protection.
Qu’est ce que vous conseilleriez à un plaisancier qui hésite entre du PVC et de l’hypalon ?
Xavier Caron - Le choix va d’abord se faire en fonction du budget : un bateau en PVC va coûter moins cher (environ 3000 euros de différence sur un bateau de 5 mètres ). L’usage compte également : pour un usage classique plaisance, estivale, un tissu PVC est largement suffisant. Après, quand on va arriver à une certaine taille de bateau, l’impact du poids du PVC est moindre dans le coût global du bateau, et dans ces cas-là, on va seulement avoir des bateaux en hypalon néoprène. Si on prend par exemple la gamme Zodiac, à partir de 6,50 m, on ne va proposer que du flotteur en hypalon néoprène, car le coût du flotteur sur le coût global du bateau a un impact très minime.
Si on s’intéresse maintenant à l’hypalon, l’hypalon, c’est quoi ?
Xavier Caron - L’hypalon, c’est un produit naturel, du caoutchouc, qui est enduit sur une trame de tissu.
Existe-t-il différentes qualités d’hypalon ?
Xavier Caron - Oui, et ces qualités vont varier selon les colorants qui vont être utilisés et selon l’épaisseur et le poids de l’enduction. C’est le tissage qui va vraiment faire la différence : vous pouvez avoir des fils très résistants avec un simple tissage, ou des fils un peu moins résistants avec un double tissage, et à l’arrivée le fil moins résistants sera peut-être plus solide, grâce au double tissage. Vous avez aussi l’enduction et l’épaisseur de l’enduction : plus les bateaux vont être utilisés pour un usage professionnel et soumis à rude épreuve, et plus l’enduction sera épaisse.
Chez Zodiac, quelles qualités d’hypalon proposez vous ?
Xavier Caron - Aujourd’hui sur le marché, l’offre n’est plus représentée que par un seul acteur, la société belge Pennel et Flipo, donc toutes les marques se fournissent chez le même fabricant !
Un seul fournisseur, et donc une seule référence de tissage et d’enduction ?
Xavier Caron - Il n’y a qu’un seul fournisseur d’hypalon néoprène, mais les autres sont assez éloignés et les temps d’approvisionnement sont très longs. On ne peut pas choisir son tissage sur de l’hypalon, et c’est en fonction de la résistance du tissu que l’on veut avoir sur le bateau : vous allez choisir dans le catalogue du fournisseur un tissu plus ou moins lourd en fonction de l’usage que vous voulez en faire.
Et au niveau de l’assemblage ?
Xavier Caron - Malheureusement, le tissu hypalon néoprène ne peut pas s’industrialiser au niveau de la production : on reste donc encore sur un assemblage manuel (ponçage, collage et assemblage manuel).
Quelles sont les qualités et les défauts de l’hypalon ?
Xavier Caron - Sa qualité, c’est sa résistance dans le temps, avec un entretien moindre, et le défaut, c’est qu’il est toujours soumis à la qualité du travail de l’opératrice ou de l’opérateur lors de son assemblage initial...
Peut-on avoir à terme, des problèmes de colle ?
Xavier Caron - Oui, il peut y avoir des malfaçons.
Existe-t-il différentes couleurs d’hypalon ?
Xavier Caron - Le panel de couleurs est très large sur l’hypalon néoprène ; vous avez aussi différentes qualités d’enduction (imitation carbone, peau de requin…). La résistance à l’abrasion peut aussi varier.
Quel est l’entretien pour un bateau semi-rigide en hypalon ?
Xavier Caron - Ce sera le même que pour le PVC ; bien nettoyer de temps en temps, savonner et rincer son bateau. L’hypalon étant plus résistant que le PVC, on n’est pas obligé de le faire 3 ou 4 fois par an, seule une ou deux fois suffisent.
En termes de poids par rapport à du PVC ?
Xavier Caron - Il n’y a pas vraiment de différences. L’hypalon est un petit peu plus lourd, mais c’est aujourd’hui minime sur le poids du bateau. C’est surtout la carène qui va faire la différence de poids, plus que le tissu lui-même.
Quand on parlait de PVC, il y avait trois références principales, 1100, 1200 et 1500, et c’est le chantier qui choisit ?
Xavier Caron : C’est le chantier qui va choisir. C’est généralement la taille du bateau qui va définir le poids du tissu.
Pareil pour l’hypalon, le choix du plaisancier ne portera pas sur la qualité du tissage, mais plutôt sur les couleurs ou le type d’enduction ?
Xavier Caron - C’est surtout le choix de la couleur du flotteur qui va définir le choix du bateau.
Y a-t-il de gros écarts de prix entre deux hypalon, comme c’est le même fournisseur ?
Xavier Caron - Cela dépend du type d’enduction qu’on va choisir ; si on choisit aujourd’hui des hypalon néoprène imitation carbone, le tissu coûte beaucoup plus cher qu’un hypalon lisse par exemple. Globalement, le prix peut varier de 50 à 60 % entre un hypalon basique et un hypalon haut de gamme.
Si je veux un petit semi-rigide de 4,50 m en hypalon, est-ce que c’est raisonnable ?
Xavier Caron - Oui, en fonction de l’usage que vous allez en avoir ; si vous allez sortir toute l’année avec votre bateau ou si c’est pour un usage professionnel (club de voile ou de plongée), on va effectivement vous orienter sur un flotteur en hypalon néoprène. Si c’est pour un usage plaisance, et que vous n’allez sortir qu’un ou deux mois et que le bateau sera ensuite remisé sous un hangar ou dans un garage, le PVC est largement suffisant.
Est-ce que l’un comme l’autre se craquellent ?
Xavier Caron - Le tissu ne se craquelle pas ; cela dépend des couleurs, qui peuvent passer plus vite. Le PVC, avec un manque d’entretien, va devenir plus rigide et poisseux. Le problème des couleurs très vives qui ternissent au soleil peut se retrouver dans d’autres activités ; on sait par exemple que la couleur rouge passe assez vite au soleil.