Pas simple pour un chantier de niche de survivre sur un secteur aussi capitalistique que celui du nautisme et de la plaisance. Après Ofcet, Ocqueteau et Fora Marine en France, c'est au tour de l'Allemand Bente Yachts d'en faire la triste expérience, qui vient d'être placée en redressement judiciaire.

Signe avant-coureur de cette décision survenue le 3 février, l'absence de Bente Yachts sur le Boot de Düsseldorf, qui avait beaucoup fait de bruit cette année, après une édition 2019 où le chantier faisait clairement le show avec son nouveau flagship, le Bente 39.

Basé dans la ville de Bremerhaven, sur la Mer du Nord, le chantier allemand Bente Yachts est sans doute l'un des chantier européens les plus détonants de ces dernières années, tant dans son offre de bateaux, que dans sa communication.

Lancé en 2014, le Bente 24 est un voilier qui sort de l'ordinaire avec son design tranchant, son cockpit bien protégé, et ses qualités marines. Autant de caractéristiques que le chantier saura habilement mettre en avant sur les réseaux sociaux, pour gagner en notoriété et faire de ce premier modèle un succès. Il s'en vendra près de 120 !

Un succès sur lequel Bente souhaite capitaliser, en présentant fin 2018 un 39 pieds, le Bente 39 son flagship, dont le carré se caractérise par un design moderne, assez minimaliste, à la RM, et à la luminosité unique, du fait d'immenses vitrages zénithaux et latéraux. La bateau crée le buzz sur le Boot et la file d'attente est longue avant de pouvoir espérer monter à bord.

C'est justement le développement de ce bateau original qui semble être à l'origine des difficultés du chantier, confronté à un de forts besoins d'investissements et à des décalages de paiements. Situation classique des chantiers de petite taille, confrontés à une forte croissance, mais aussi à des coûts de production trop élevés pour des prix d'achats hors marché, face à des géants comme Bénéteau, HanseGroup ou Bavaria.

Décryptage - le chantier Bente Yachts cherche désormais un repreneur qui saura apporter les capitaux nécessaires à son besoin en fonds de roulement et à ses investissements. Un avenir pérenne consisterait sans doute par une reprise par une major du secteur, qui ne courent pas les rues. Le nom d'HanseGroup est sur toutes les lèvres, qui a su habilement, au fil des années, se développer en reprenant des marques en difficulté, puis en saturant un outil industriel très performant, basé en ex-Allemagne de l'Est. En attendant, la situation se tend pour les constructeurs de niche sur le marché des voiliers monocoques, marché en légère décroissance où les généralistes élargissent de plus en plus leur catalogue, en ciblant justement les différentes niches de marché...