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La pêche au Thon (1/5) : Le Thon Rouge

Le thon rouge fait rêver tous les pêcheurs. Nageur capable de pointes à plus de 80 km/h, ce poisson pélagique compte parmi les plus puissants de la planète. Espèce en déclin, classée en voie de disparition, ce poisson est désormais de plus en plus présent sur nos côtes.

La pêche au Thon (1/5) : Le Thon Rouge

Le Thon Rouge est le poisson de tous les records, atteignant 678,58 kg à la ligne (record mondial de pêche sportive homologué par l’IGFA) et même 845 kg (capturé par un pêcheur professionnel, à la palangre), ce thon peut vivre plus de trente années.

Un sprinter parfaitement adapté, le léopard des mers

Plus important, en taille, représentant de la famille des scombridés, la nature a doté le thon rouge (Thunnus thynnus) d’un véritable fuselage profilé, qui, combiné à une très puissante musculature, lui autorise une vitesse de nage ahurissante, plus de 80 km/h en pointe, soient près de 45 nœuds, le plaçant dans le top 5 des sprinters sous-marins.
Pour réussir cette prouesse, il est capable de rentrer certaines de ses nageoires, à la manière d’un avion rentrant ses volets, pour améliorer son hydrodynamique et limiter sa traînée.

Reconnaître un thon

Tête en forme de cône, corps rappelant une torpille, un dos bleuté, quasiment noir, des flancs métallisés, un ventre argenté, le thon rouge présente deux nageoires sur le dos suivies d’une dizaine de pointes, les pinnules. Sa nageoire caudale est striée, longitudinalement à la manière des carènes modernes et n’est pas sans rappeler le système Airstep de Bénéteau…

Biotope

Les thons adultes, poissons marins pélagiques, apprécient les eaux équatoriales, tropicales et tempérées. S’ils passent le plus clair de leur temps au-dessus du thermocline, ils ne dédaignent pas les fonds pour chasser. Le thon rouge est capable de dépasser des profondeurs de 1000 m en plongée (il règne 100 bars de pression à ces profondeurs !).
Les petits ainsi que les jeunes apprécient la zone comprise entre la surface et la thermocline (entre -100 et -200m) tandis que les plus gros s’aventurent volontiers plus bas.

Métabolisme

Ce poisson prédateur pélagique, adepte du grand voyage, est doté par la nature d’un métabolisme étonnant. A la différence de bien des espèces de poissons, le thon n’actionne pas de muscles branchiaux pour respirer mais utilise les flux d’eau de son déplacement pour respirer.

  • Le mouvement perpétuel

Il est donc en mouvement perpétuel, y compris en sommeil, seul le mouvement lui permet de respirer.
Pour cette raison, il est strictement interdit de remonter à bord les thons pris en no-kill qui ne survivraient pas une l’apnée accompagnée d’un stress intense juste après l‘épuisement du combat.

  • La thermorégulation

Il est capable d’adapter sa température et d'affronter des températures variées. Il est ainsi capable de vivre dans une plage de températures comprises entre 3 et 30° C.
Il dispose, pour ce faire, d’un échangeur de chaleur embarqué (le rete mirabile - en latin “réseau merveilleux”-), système complexe d’entrelac des réseaux artériels (sang provenant du cœur, plus chaud) et veineux (sang retour, plus froid).
Cet entrelac, coupé à un cœur énorme, permet de limiter le refroidissement du sang des petits vaisseaux capillaires veineux qui sont réchauffés par leur pendant artériel.
Cette faculté, qui leur permet d’affronter les grandes profondeurs (il fait entre 3 et 4° à 1000 m de fond) mais aussi des zones de chasse très variées et poissonneuses comme le nord du Pacifique ou, des zones chaudes comme les eaux tropicales, favorise aussi la vitesse et la récupération de ce sportif de haut niveau mais entraîne une très importante dépense énergétique.

  • L’adaptation aux variation de concentration d’oxygène et de sel dans l’eau

Si la salinité varie fortement en zone d’estuaire, la concentration en oxygène peut varier du simple au double dans certaines zones océaniques à l’ouest de l’Afrique particulièrement pauvres en oxygène.
Capable de faire varier la quantité de sel prélevée dans le milieu pour équilibrer son organisme et d’adapter son métabolisme respiratoire aux conditions d’oxygène, le thon rouge est un vrai passe partout...

Alimentation

Infatigable nageur pour sa sauvegarde respiratoire, le thon rouge est un gros mangeur.
Il ingère quotidiennement près de 30 % de son poids en aliments !
Durant leur premier mois de vie, les thons juvéniles passent ainsi d’un poids de quelques grammes à celui de plus d’un kilogramme.
Grégaire, le thon rouge vit en bancs pouvant atteindre plusieurs milliers d’individus.
Chasseur, il apprécie les poissons vivant en bancs parmi lesquels le sprat, l’anchois, le maquereau -son cousin-, le hareng, la sardine…
Il ne dédaigne pas. Il peut les poulpes ou autres céphalopodes ni même le krill et chasse aussi bien de jour que de nuit.
Il chasse entre congénères des bancs de poissons, les forçant à remonter près de la surface. Ce sont les “chasses” que recherchent les pêcheurs de thons ! La remontée des proies près de la surface attire tout un monde d’oiseaux pêchant frénétiquement visibles de très loin.
Sa position de prédateur, en haut de la chaîne alimentaire, le conduit à souffrir parfois de fortes concentrations en métaux lourds au premier rang desquels figurent le plomb et le mercure.

Migration et frai en Méditerranée et Atlantique

Le Thon Rouge du Nord est une espèce endémique en Méditerranée mais également en Atlantique.
Grand voyageur, il se déplace de plusieurs milliers de milles chaque année.
Deux “stocks” halieutiques cohabitent (Atlantique et Méditerranée) mais des individus passent de l’un à l’autre.
En Méditerranée, où est localisé le gros du stock, la reproduction se déroule de juin à septembre dans le triangle Italie-Sicile-Sardaigne.
Les thons méditerranéens, très présents dans le golfe du Lion, migrent selon plusieurs voies.
Certains partent à l’ouest, via les Baléares pour suivre ensuite les côtes du Maghreb. Ils y sont bien connus des pêcheurs d’Ibiza et de la côte marocaine.
Une autre voie, les entraîne vers la Sardaigne et la Sicile, où l’on pratique la “matanza” depuis la nuit des temps.

La migration méditerranéenne du thon rouge

En Atlantique, une voie de migration les mènent à l’est et à l’ouest de l’Irlande puis au Golfe du Mexique ou le Floride.
Une seconde passerait par le détroit de Gibraltar pour les mener en méditerranée.

 

La migration atlantique du thon rouge

 

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