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Le Thon Rouge (4/5) - La pêche au broumé et dans les chasses

Poisson sportif par essence, les débuts de la pêche récréative et sportive au thon rouge ont connu des débordements. Fortement encadrée, cette pêche, génératrice d’adrénaline, se pratique depuis un bateau, au lancer, à la traîne et au jigging.

Le Thon Rouge (4/5) - La pêche au broumé et dans les chasses

Les débuts catastrophiques de la pêche sportive au thon rouge

La pêche sportive au Thon n’est pas née en Méditerranée, mais a vu le jour en Europe du Nord au cours des années 1920.
Les Danois font figure de précurseurs, ainsi en 1928, un pêcheur sportif remonta, à lui seul 62 thons rouges durant la saison de pêche.
En 1949, un autre danois, professionnel, a pêché 68 thons dont 18 durant la même semaine pour un tableau annuel personnel de plus de 10 tonnes...
Ce chiffre est à rapprocher des 60 tonnes que se répartissent aujourd’hui l‘ensemble des pêcheurs sportifs français. Ces pêches quasi miraculeuses ont conduit à la création en 1949 du « Scandinavian Tuna Club » qui organisait des concours de pêche au thon rouge. En 1954, lors du dernier tournoi, aucun pêcheur n'a pu capturer de thon rouge, fin de l’épisode...

Des membres du Skandinavian Tuna Klub des années 1940

La pêche au thon rouge au Broumé

Le Broumé, l’odeur en moins

Cette pêche à l’amorce se pratique mouillé ou en dérive.
Le broumé, ou strouille, est un broyat de sardines dont il existe des centaines de recettes, toutes plus secrètes les unes que les autres. Pain, huile, carcasses de poulet chacun y adjoint son petit ingrédient personnel… Mais ce peut aussi être des morceaux de sardines (coupées en 3/4 parties) que l’on met à l’eau dans le sens du courant et où l'on mouillera les lignes séchées des mêmes sardines.
Brouméger, c’est répandre le broumé (20 à 30 kg par sortie) pour faire “monter” le poisson sur les lignes.
Des broyeurs automatiques permettent de s’affranchir de la tâche fastidieuse et parfois puante de brouméger à la main.

Le Sardamatic, “broumégeur” automatique

La matériel pour le broumé
Cette pêche se pratique debout ou assis sur un fauteuil de combat, mais toujours avec du matériel très lourd.
Pour la pêche debout, des cannes d’1,70m de 60 à 80 livres et des moulinets 9/0 ou 12/0 sont nécessaires, les thons rouges pouvant facilement atteindre les 200 kg.
Pour la pêche assis, il faut des cannes fortes, mais plus longues car on est plus loin du bordé du bateau. Cannes de 2,2 à 2,40 p, moulinet 14/0.
Les tresses et nylons doivent être en rapport avec la puissance des poissons recherchés entre 100 et 130 livres minimum !
Les hameçons seront fonction de la taille des sardines séchées, 6/0 à 12/0.
Enfin, pour la pêche debout, impossible d’y songer sans un baudrier adapté.

L'action de pêche au broumé

Les thons affectionnent la profondeur. Inutile de les chercher avec moins de 100 m de fond !
Pour les chercher, certains pêcheurs pêchent mouillés au bout d’un très long mouillage frappé sur un orin qu’on larguera au moment du combat pour venir le récupérer plus tard.
Il faut disposer d’un mouillage (bout) de plusieurs centaines de mètres de long.
D’autres pêchent en dérive, ce qui leur permet de dériver avec leur broumé.
Si le vent ou le courant deviennent trop importants, il faut mouiller une ancre flottante pour limiter la dérive et la caler sur celle du broumé.

La pêche au thon rouge dans les chasses

Le thon rouge chasse en groupe des bancs de poisson fourrage en les forçant à remonter à la surface de l’eau.
A cette occasion, les petits poissons attirent les oiseaux pêcheurs et les flots s’agitent. C’est une chasse.
Pêcher le thon rouge dans les chasses, c’est lancer ses leurres adaptés dans l’agitation des chasses.
Ça à l’air simple, mais il ne s’agit pas de foncer plein gaz à bord de votre dernier Merry Fisher Marlin 895 au milieu de la chasse… Vous la verriez se débander.
Non, il faut repérer sa dérive, la vôtre, et se placer à une centaine de mètres, sur son chemin, moteur éteint.

La matériel pour le thon dans les chasses
Il faut pouvoir lancer un leurre assez lourd (30-80 grammes) mais aussi supporter combattre avec un poisson puissant et combatif.
Les ensembles utilisés par les pros sont plus légers que ceux pour le broumé, mais font rarement moins de 80 livres. Difficile de lancer un leurre de 30 grammes avec une canne de 120 lbs !
Le moulinet spinning utilisé doit être très costaud, une tresse d’au moins 80 lbs et un bas de ligne de 60/70 lbs.
3 types de leurres marchent bien chez les guides de pêche :

  • Les leurres souples

Parmi ces leurres, les leurres en forme de sardine, fonctionnent avec des poids compris entre 39 et 60 grammes.

  • Les leurres durs flottants

Si les poppers simulent le bruit de la chasse, les stickbaits, bien animés simulent un poisson en fuite. Il y en a pour tous les goûts.

  • Les casting jigs

Bien lourds, on les lance loin. Ils ont besoin d’être bien animés.

Notez que certains petits malins utilisent des drones pour larguer leurs leurres de loin dans les chasses, parfois même depuis la côte !

Une fois positionné en avant de la chasse en cours, lancez et, si ça mord, ferrez, une, deux ou trois fois pour être certain de disposer d’une prise ferme.
Débute ensuite le combat, tout en force et en souplesse, alternant rushs et calmes. Lors des rushs, inutile d’essayer de les combattre, mais usez du frein.
Pompez, pompez et pompez encore et vous l’aurez bientôt auprès du bateau.

La sortie de l’eau

Si le thon n’est pas destiné à être prélevé, il est préférable de le laisser dans l’eau, sans lui imposer une apnée qui pourrait être fatale.
Attention à ne pas soulever les petits spécimens juste par la queue, leurs vertèbres n’y résisteraient pas.
Pour le no-kill, évitez si possible les hameçons triples. Pris en bord de gueule ils peuvent abîmer un œil et condamner la prise.
Les hameçons simples préservent aussi les branchies.
Enfin, pour les gros spécimen, l’usage d’une pince ou d’un lasso à thon permet de maintenir fermement le poisson à l’eau pour qu’un collègue le libère.

Une pince à thon

 

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