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Les allures de sauvegarde à la voile (2/3) - La Fuite

Quand la géographie et les caractéristiques du bateau l’y autorisent, la Fuite offre un autre type de stratégie de mauvais temps.
Par gros temps, la tenue de la Cape Courante ou Sèche peut se révéler impossible.
La plupart des voiliers actuels, appartiennent au type “déplacement léger”. Ceux-ci, compte tenu de leur masse relativement réduite, se révèlent mieux adaptés à la fuite qu’à la cape.

Les allures de sauvegarde à la voile (2/3) - La Fuite

Fuite à la voile

Un bateau “fuit” lorsqu’il navigue, portant de la toile ou non, aux allures portantes par mauvais temps.
Pour un voilier de type sloop, la fuite peut se prendre avec la grand-voile arisée et un génois arrisé, un foc ou un tourmentin mais aussi, sous voile d’avant arisée ou de tempête seule.
Enfin, tant pour les voiliers que les bateaux à moteur, la Fuite se pratique aussi à “sec de toile” quand la force du vent et le fardage du bateau le permettent.
Lors de la fuite, le bateau navigue au portant ou au vent arrière, exposant son arrière aux vagues du vent et au risque de sancir.
Cette exposition nécessite des précautions et la présence d’un barreur expérimenté, capable de barrer “à la vague”.

Les précautions pour la fuite

  • Un arrière solide
Arrière du Valiant 42

Les vagues et déferlantes parvenant au bateau par l’arrière, les forces en jeu sont considérables au niveau de la partie arrière du bateau.
Les arrières fins sont avantagés par la faible surface qu’ils offrent aux vagues qui peuvent y déferler.

 

 

  • Un panneau de descente très solide
Une porte de descente sur un Imoca

Beaucoup de bateaux se sont perdus faute de disposer d’un capot de descente suffisamment solide pour ne pas être enfoncé par une vague plus haute que les autres. Si le panneau rompt, l’eau entre et peut mettre rapidement HS les circuits électriques du bord, navigation et pompes de cale compris.
Un panneau de descente renforcé couplé à un seuil haut à enjamber offrent une bonne protection.

 

  • Un cockpit profond
Un Swan 55 cockpit central

Le barreur, que nous évoquerons plus tard, joue un rôle essentiel lors de la fuite.
Absorbé par son travail à la barre, il doit être protégé de l’arrivée des vagues par l’arrière.
Un cockpit profond, comme celui que l’on rencontre sur les voiliers à cockpit central offrent une sécurité plus importante au barreur que les deux filières en fil de 7 mm qui ferment l’accès arrière, au dessus de la plateforme de baignade, des voiliers actuels.
Ces dernières caractéristiques ne se retrouvent plus sur les voiliers de grande série actuels, destinés à naviguer par beau temps principalement.

  • Un barreur capable de barrer “à la vague” ou “à la lame”

“Barrer à la vague” c’est barrer en fonction des vagues qui arrivent. Quand le bateau monte sur la vague, au portant, il part naturellement “au lof” (il tend à vouloir se rapprocher de l’axe du vent). Le barreur doit anticiper la
correction de barre à donner, afin qu’elle intervienne (via une abattée), avant que le départ au lof ne s’esquisse.
C’est un travail technique et fatiguant sur la durée.

 

Maîtriser la vitesse pour ne pas sancir

Lors de la fuite, dans les vagues, la maîtrise de la vitesse du bateau est importante.
En effet, si la vitesse incontrôlée du bateau venait à dépasser celle de la vague sur laquelle il est monté, l’avant du bateau viendra se “planter” dans la vague précédente, stoppant net la coque qui va sancir (culbuter) sous la force propulsive des voiles.

 

Mais comment freiner un bateau en fuite à sec de toile ?

 

L’utilisation des trainards

Pour freiner un bateau, on augmente la surface de contact du bord avec l’eau au moyen de divers dispositifs.

Les traînards du bord
En couplant les aussières deux par deux ou 3 par 3, on peut mettre à l’eau, frappées aux taquets d'amarrages avant et passant en dehors des haubans, deux traînards réunis ensemble à leurs extrémités.
Certains évoquent le lestage de ces traînards au moyen de l’ancre du mouillage secondaire sur laquelle viendront se joindre les deux groupes d’aussières.

D’autres utilisent le mouillage principal et sa chaîne rabouté à des aussières et filées à l’arrière.
Pour éviter le vent arrière, les traînards peuvent être amarrés légèrement sur le côté.
Quelle que soit la solution retenue, les systèmes lestés, seront bien plus aisés à récupérer ou à régler s'ils sont amarrés depuis l’avant du bateau.  Impossible d’avoir prise, pour le rentrer, sur un trainard filant depuis l’arrière.

Les trainards industrialisés
Il existe sur le marché des dizaines de trainards de mauvais temps.
Un trainard est différent d’une ancre flottante. Cette dernière est destinée à, plus ou moins, immobiliser un bateau, sans considération des vagues et du vent.
C’est un outil statique que nous avons décrit dans notre article sur les Capes.
Le traînard, quant à lui, est un outil dynamique destiné à être tracté par le bateau.
Attention à cette confusion.

  • Le Trainard (drogue en anglais) Jordan

Ce système est constitué de dizaines de petits “cônes” synthétiques agissant comme des écopes dans le sens opposé à la marche du bateau. Solidement arrimés sur un bout lesté à son extrémité, l’autre est destiné à être frappé à l’avant ou au milieu du bateau.
 

 

  • Le traînard type Gale Rider

Ces systèmes ressemblent à des ancres flottantes qui seraient constituées de bandes de sangles et non de toile. Le tout forme une espèce de “manche à
eau” semblable aux manches à air des pilotes, dont l’ouverture est maintenue constante avec un cerclage inox.
Lesté, l’ensemble dispose d’un émerillon destiné à être frappé sur une écoute ou une aussière.

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