Pour qu’un voilier puisse étaler le mauvais temps, encore faut-il qu’il dispose d’une garde-robe adéquate. La célèbre règle consistant à adapter sa toile au temps n’est jamais plus actuelle que lorsque le baromètre chute !

La Grand-voile

On utilisait il y a quelques décennies, sur les voiliers de plaisance, des grand-voiles, dites “Suédoises” qui étaient construites dans des tissus lourds, les mêmes que ceux dans lesquels on taillait les tourmentins.
Ces voiles, dont la surface représentaient 25 % de la grand-voile qu’elles venaient remplacer, pouvaient, à leur tout, être arisées…
Aujourd’hui, deux solutions bien connues cohabitent : la grand-voile à bande de ris et la grand-voile à enrouleur.
Nous ne décrirons pas ici la prise de ris mais insistons seulement sur la nécessité de disposer, sur une telle voile, d’au moins 3 ris.
En effet, passé les 25 nœuds établis et aux allures remontantes, l’absence du 3ème ris, sur bien des voiliers contemporains, se fait cruellement ressentir.
Les voiliers munis de mâts à enrouleurs, s'ils paient (légèrement) en cap l’absence de lattes, gagnent, en revanche, une multitude de possibilités de réglage.

La voile d’avant

Le génois monté sur enrouleur constitue une solution satisfaisante pour les météos clémentes à sportives. Au-delà de ce palier, lorsqu’on n’a plus besoin que d’une toute petite voile d’avant 3 à 4m² pour un voilier de 12 m, le point de tire du Génois se retrouve ridiculement haut. Cette position en hauteur due aux contraintes de l’enrouleur s’oppose au bon fonctionnement d’une voile d’avant dont le centre de gravité doit se trouver le plus bas possible.
Plusieurs solutions existent pour pallier à ce désagrément. Quelles solutions pour monter une trinquette ou un tourmentin ?

La trinquette

C’est une voile d’avant historiquement portée par les côtres, qui se caractérise, sur les bateaux modernes, par une surface correspondant à 30 % de celle du génois.
Taillée dans un tissu lourd et solide, elle est capable, arisée, de faire office de voile de tempête ou de mauvais temps.
C’est une voile très versatile, en général la première sortie et la dernière rentrée !

Le tourmentin

Ce mot porte en son sein l’évocation du mauvais temps… Voile de tempête ou de mauvais temps, taillée dans un tissu très solide 400, 500 gr/m², souvent réalisée dans une étoffe orange, la rendant visible de loin, le tourmentin est une voile de surface réduite à environ 5 à 10% de celle du génois.
Des tourmentins de 2,5 à 4 m² sont fabriqués par la plupart des voileries.

Quelles sont les façons de monter ce type de voiles de mauvais temps ?

La trinquette sur enrouleur sur son étai

Sur les voiliers d’une longueur supérieure à 12 m, il est possible d’installer un second étai, à poste, sur lequel on peut monter une trinquette sur enrouleur.
Ce montage de type “côtre” est fréquent sur les grands monocoques de voyage.
La trinquette est une voile de brise, réalisée dans un grammage lourd, à qui le montage sur enrouleur autorise une utilisation, lorsqu’arisée, comme voile de mauvais temps. Impossible de ranger alors une annexe gonflée sur le pont, inconvénients de taille de ce montage sur les bateaux de taille plus réduite non munis de bossoirs.
Parmi ses immenses avantages, en dehors de ceux inhérents à la voile qu’il porte, la présence d’un second étai est à même de garantir au mât sa stabilité même en cas de rupture de l’étai principal !

L’étai largable

Comme son nom l’indique, un étai largable est un second étai, mobile que l’on installe à poste, à la demande, lorsqu’on à besoin de hisser une petite voile, au-delà des possibilités raisonnables d’usage du Génois.
Qu’il se compose d’un câble d’acier ou d’une fibre synthétique, le principe est le même. On dispose une cadène fixée sur le pont (sur un renfort stratifié idoine).

Sur celle-ci, on frappe un émerillon ou un mousqueton monté d’un cable qui sera hissé et étarqué sur le mât.
Sur cet étai, on peut endrailler une trinquette munie d’un ris ou encore un tourmentin.
C’est un système simple et bon marché mais il faut stocker les voiles à bord et leur mise en place est longue et difficile par mauvais temps.

L’Emmagasineur de trinquette

Tout comme on emmagasine les gennakers et autres codes, on peut emmagasiner une trinquette et la stocker, grées sur son emmagasinage, dans un sac, à l’intérieur.
Par le passé, certaines trinquettes spéciales disposaient d’un bord d’attaque comportant un câble inox difficile à rouler. Les systèmes modernes disposent d’une ralingue anti-torsion en fibres synthétiques qui permet de s’affranchir de cette contrainte.
Il devient ainsi assez aisé d’envoyer ou de rentrer depuis le cockpit une trinquette sur emmagasineur préalablement installée à l’avant.
La forte tension de la ralingue et de la drisse qui l’étarque peut nécessiter d’adapter des bloqueurs compatibles.

Les tourmentins et autres storm bags à poser sur le génois enroulé
Ces systèmes sont destinés aux voiliers de croisière souhaitant disposer d’une voile de mauvais temps mais sans souffrir les inconvénients de la pose d’un bas étai ou d’un étai largable.

Le tourmentin spécial enrouleur de Storm Bag

C’est un tourmentin double à deux points d’écoute superposés.
Tout prêt dans son sac jaune, il n’y a que 3 mousquetons à frapper, avant de hisser le tourmentin Storm Bag. Un premier sur la ferrure d’étai, un second sur l’écoute de spi et le dernier pour réunir les deux “demi” tourmentins au niveau du point d’écoute, car, ici, c’est toute la voile qui va se plier sur l’étai et l’enserrer des deux côtés.
Si les conditions l’imposent, comme en cas de prise de Cape sèche, il peut être affalé sur le pont pour être hisser à nouveau lorsque le besoin s’en fera sentir.
Le repliage de ce système, s'il ne semble pas infaisable du tout, reste plus compliqué que le rangement en sac d’une voile d’avant sur étai ou sur emmagasineur.

Le gale Sail de Sailonet

Ici, guindant est muni d’une housse sur toute sa longueur qui vient entourer le génois enroulé à poste sur son enrouleur.
Le tourmentin, construit en dacron (tissu solide de 400 g/m²) voit son point d’amure se prendre via une manille sur la ferrure d’étai, tandis que le point de drisse est frappé sur la drisse de spi.
De solides mousquetons permettent de refermer la housse autour du génois.