Le numéro deux mondial du nautisme et de la plaisance a profité de son positionnement de multi-spécialiste pour compenser une partie de la forte baisse de certains marchés comme celui des loueurs, par la croissance d’autres segments très dynamiques, notamment le marché des bateaux hors-bord. 

Bénéteau vient de publier une information financière intermédiaire, au 31 août, suite à la décision du groupe de modifier les dates de la clôture de son exercice au 31 décembre, et non plus à la fin de la saison nautique.

La bonne nouvelle de cette publication vient de la structure même de l'offre du groupe français, qui en étant multi-spécialiste - offre large et profonde dans la voile et le moteur, de 14 à 80 pieds - a pu amortir une partie du choc de la chute du marché du tourisme, et notamment de la location de voiliers et catamarans, grâce, en grande partie, au dynamisme du marché des bateaux hors-bord et des bateaux à moteur jusqu'à 45 pieds.

Au 31 août, le chiffre d'affaires du Groupe Bénéteau (bateau et habitat de loisir), s'affiche à 1149,3 millions d'euros, en recul de 14%, affichant un ebitda de 110,4 millions d'euros (9,6% du CA), pour une trésorerie nette de 155,6 millions d'euros (+58,6 millions d'euros sur 1 an) et un résultat opérationnel courant de 30 millions d'euros à 2,6% du chiffre d'affaires.

Initialement, le Groupe Bénéteau s'attendait à une chute d'activité comprise entre -16% et -18%.

Pour le groupe français, "les effets de la crise sur le dernier quadrimestre 2020 restent toutefois significatifs, avec une activité attendue sur cette période en retrait de 25 à 30% par rapport à l’an dernier".

Dans le contexte actuel et suite au lancement de son plan stratégique le 9 juillet dernier, le groupe Bénéteau a mis en place toute une série de mesures qui visent notamment à adapter ses capacités de production et frais de structure aux volumes actuels du marché, avec comme objectif une réduction de ses coûts de 45 à 65 M€ en année pleine.

De nombreux chantiers en cours

Parmi les changements en cours, le groupe a décidé de ses concentrer sur 8 marques fortes (Bénéteau, Jeanneau, Prestige, Lagoon, Excess, Wellcraft, Four Winns et Delphia), couvrant autant de segments de marché que précédemment avec 12 marques (CNB, Monte Carlo Yachts, Scarab, Glastron). Ces marques sont désormais regroupées au sein d'une Maison des Marques, dont la terminologie est pleine de sens.

Cette rationalisation de l'offre produit, qui vise à supprimer les doublons et différencier nettement chaque marque l'une de l'autre, à l'instar de ce que l'on trouve dans l'automobile, aurait permis de réduire de 30% les investissements du Groupe en 2020 par rapport à 2019 (-26M€), tout en maintenant une forte activité de création de nouveaux modèles.

Le groupe français a en effet lancé 18 nouveautés cette année.

Parmi les segments très prometteurs sur lesquels planche le Groupe Bénéteau, les petits catamarans à moteur hors-bord (d'environ 8 à 12m) ou les bateaux à propulsion électrique pour les lacs et les rivières semblent promis à un bel avenir.

Cette spécialisation des marques de bateaux du Groupe Bénéteau aura son corollaire industriel, avec une plus grande spécialisation des unités de production par type et taille de bateaux, leur temps de mise sur le marché devant notablement s'accélérer (time to market).

Une activité de fin d'année attendue en retrait

L’activité du Groupe durant le dernier quadrimestre 2020 devrait s'afficher en retrait de 25 à 30% par rapport à la même période de 2019, principalement en raison de la baisse importante d’activité des loueurs et des facturations de la division Habitat.

Compte tenu de la forte saisonnalité de ses activités, l’EBITDA et le ROC du Groupe sur la période septembre/décembre sont traditionnellement négatifs. Ainsi, les éléments pro-forma sur la période septembre/décembre 2019 montraient un EBITDA de -8,1M€ et un ROC de -35,3M€ pour un chiffre d’affaires de 247,8M€.

Les éléments non courants relatifs au plan « Let’s Go Beyond ! » et aux mesures d’adaptation industrielle seront comptabilisés à fin décembre 2020. Ils sont évalués à ce stade entre 75 à 90 M€ et comprennent à la fois les dépréciations d’actifs découlant du plan stratégique « Let’s Go Beyond ! » et les coûts d’adaptation des capacités de production et des frais de structure à l’évolution attendue des marchés post Covid-19.

La division Bateau a procédé à des ajustements de ses capacités de production dans tous les pays pour répondre à l’évolution de ses marchés. Cela s’est traduit par la mise en sommeil progressive, la fermeture ou la cession de cinq sites, le transfert des productions vers les autres sites et le recours à l’activité partielle en France et en Italie.

Une nécessaire adaptation à l'annulation des salons nautiques

Pour faire face à l’annulation de la plupart des salons d’automne, de nouvelles initiatives innovantes ont été prises par toutes les marques : l’organisation d’événements, d’essais privés et de journées exclusives en France (Cannes-Mandelieu, La Rochelle, Les Sables d’Olonne) et à l’étranger (Monaco, Espagne, Italie, Royaume-Uni, Allemagne, Etats-Unis). Le Groupe prépare également l’ouverture de salons virtuels (du 10 au 12 décembre) et la création de nouveaux formats digitaux plus immersifs et interactifs.