20 Novembre 2020
Neuvième à avoir passé l’équateur et huitième au dernier classement du Vendée Globe, le skipper de Maître CoQ file désormais à vive allure vers les côtes brésiliennes, avec déjà une pensée pour les mers du Sud.
Yannick, comment vas-tu après quasiment 11 jours de course ?
Yannick Bestaven – Nous allons passer l’équateur ensemble, je suis à 00°02 Nord ! Ça va bien à bord de Maître CoQ IV, je suis content de ce que j’ai fait ces dernières heures. Mon passage du Pot-a-noir s’est plutôt bien déroulé, je suis passé le plus à l’est de la flotte, je n’ai pas trop souffert du manque de vent, je me suis battu toute la journée d’hier avec les grains, mais ça payé, puisque j’ai réussi à raccrocher le wagon de Sam Davies (Initiatives Cœur) et Boris Herrmann (Seaexplorer-Yacht Club de Monaco). Donc c’est plutôt une bonne opération.
Quelles sont les conditions en ce moment ?
Yannick Bestaven – Là, je suis dans 20 nœuds de vent, à 100 degrés du vent (quasiment au travers donc, le vent venant de la gauche), j’avance à 19-20 nœuds, le bateau est penché et fait du saute-mouton, mais ça va vite, donc je ne vais pas me plaindre. Ça va durer quelques jours comme ça, on descend plein sud-ouest vers le Brésil.
Tu disais la semaine dernière que tu ne te focalisais pas trop sur les positions des autres, est-ce davantage le cas aujourd’hui ? Et es-tu à ce stade du Vendée Globe où tu aurais voulu être en t’élançant le 8 novembre ?
Yannick Bestaven – Oui, carrément, je suis content. Mon objectif était d’être dans les dix, je le suis, donc c’est une belle satisfaction. Et en termes de position géographique, mon petit décalage avec Sam et Boris, une centaine de milles dans leur est, me plaît aussi. Je commence désormais à regarder les routages à long terme pour l’entrée dans les mers du Sud, ça n’a pas l’air si simple que ça de trouver le trou de souris pour contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène, donc je commence à y passer du temps pour ne pas me tromper de route.
Comment va le bonhomme ? Les douleurs aux côtes et au genou se sont-elles estompées ?
Yannick Bestaven – C’est toujours d’actualité, mais ça va mieux, ça ne me fait plus souffrir en permanence comme la semaine dernière. Quand j’ai changé de voile d’avant, hier, j’ai quand même ressenti une douleur au genou, donc il faut que je fasse attention à mes mouvements, ça serait dommage que je me refasse mal. Et pour ce qui est des côtes, quand il y a des chocs dans le bateau, comme celui que tu viens d’entendre, je serre un peu les dents, car quand le bateau redescend, même si je suis calé dans mon siège, je sens mes côtes. Heureusement, il n’y en a pas trop.
Après une première semaine de course éprouvante pour tout le monde, as-tu l’impression d’être vraiment dans le rythme de ton Vendée Globe ?
Yannick Bestaven – Oui, je suis bien dans le rythme. Mais par exemple ce matin, je me suis réveillé, je ne savais pas où j’allais ! Je me suis posé la question du port duquel j’étais parti et vers quelle destination j’allais, ça m’a pris un peu de temps avant de réaliser que je faisais le tour du monde et que dans l’immédiat, je n’avais pas de destination précise, si ce n’est les Sables d’Olonne qui sont derrière moi ! Mais bon, au niveau sommeil, ça va de mieux en mieux, j’arrive à bien dormir, surtout la nuit, je me fais de bonnes tranches de sommeil d’une heure-une heure et demie à suivre, plusieurs par nuit, donc je ne me sens pas trop fatigué. Ce qui est surtout pesant en ce moment, c’est la chaleur et l’humidité ambiante, rien ne sèche, tout est collant, il faut faire attention aux petites blessures ou irritations sur la peau, car elles ne cicatrisent pas bien. A l’heure où je te parle, le jour est en train de se lever, il fait 32 degrés dans le bateau. A cette vitesse, tous les embruns qu’on génère, c’est de l’humidité en permanence.
As-tu le temps de faire autre chose que de veiller à la bonne marche de ton bateau, manger et dormir ?
Yannick Bestaven – Non, je n’ai rien fait d’autre que du bateau. Je n’ai pas ouvert un livre sur ma tablette, j’ai juste essayé d’écrire quelques lignes pour essayer de résumer ce qui s’était passé et me faire des souvenirs de ce Vendée Globe, mais ça ne va pas plus loin, le bateau me prend tout mon temps.