5 Novembre 2020
« Cela me permet d’entrer déjà dans le match, en suivant le développement quotidien des systèmes en Atlantique Nord. On anticipe ainsi les scenarii, on visualise ce qui nous attend, et comment il faudra réagir, à quel moment changer d’amure et de voiles. On imagine la concurrence, et comment il faudra s’adapter, anticiper… La physionomie du départ dimanche nous apparaitra ainsi sans surprise, et les trajectoires seront déjà clairement tracées dans nos esprits. »
Totalement recentré sur lui-même, l’ancien hockeyeur sur glace appelle le jeu, la bagarre, le combat. « Un départ à 33 Imocas, c’est du jamais vu. Je ne prendrai aucun risque question timing sur la ligne, mais je compte bien profiter à fond de ce moment unique dans la course où tous les concurrents seront à vue, au contact. Un bon départ, c’est toujours bon pour le moral. »
Conformément aux directives de l’organisation du Vendée Globe, Thomas se rendra ainsi en petit comité depuis les pontons Sablais jusqu’à la ligne de départ dimanche matin. A bord de LinkedOut, Laurent Bourguès, boat captain, Lucas Montagne, responsable électronique et Simon Vasseur, tous prêts à bondir et à quitter le bord avant les 4 dernières minutes du compte à rebours de 13 heures 02.
« Ces jours qui précèdent le départ, c’est un sentiment d’aboutissement qui prédomine ! » raconte Alexandre Fayeulle, le Président d’Advens. « L’aboutissement de 3 ans de travail pour que Thomas se présente dans les meilleures conditions possibles au départ de ce Vendée Globe. C’est une sacrée performance entrepreneuriale et technologique qui a été réalisée, au service d’un immense défi humain, sportif et sociétal.
Nous en sommes tous conscients, et nous mesurons le chemin parcouru sur tous ces terrains. J’en suis très heureux pour Thomas et toute l’équipe de TR Racing, qui ont fourni un travail absolument remarquable, pour LinkedOut, Advens, et tous les partenaires de la course au changement et de TR Racing.
Thomas est le personnage central de toute cette histoire, il a su réunir autour de lui une sacrée équipe et fédérer beaucoup de personnes qui ont eu envie de l’aider, et ça c’est très fort ! Je lui tire mon chapeau, ainsi qu’à toute l’équipe et en profite pour remercier toutes celles et ceux qui ont contribué. Je serai certainement très ému dimanche au coup de canon, forcément. Nous allons refermer un 1er tome, et un nouveau va s’ouvrir, avec ce départ. Après l’avoir accompagné ces 3 dernières années avec beaucoup d’énergie et de passion, nous allons laisser Thomas seul, face au destin.
Nous serons des spectateurs passionnés, heureux et fiers de l’avoir aidé à aller au-delà de ses rêves nés de l’abandon il y a quatre ans en Nouvelle Zélande. Je souhaite qu’il puisse vivre pleinement cette course, et la terminer sans aucun regret! J’espère le meilleur, tout en sachant et en acceptant que tout peut arriver … Au destin, maintenant, de faire sa part ! »
Thomas Ruyant avance à pas comptés et mesurés dans une carrière de navigateur pourtant souvent faite de creux et de bosses. A l’enthousiasme et à l’inépuisable débauche d’énergie de ses premières navigations, l’entrepreneur - skipper de 39 ans a allié la réflexion, l’astuce et le discernement, pour construire en une démarche toute personnelle un projet en capacité de jouer la victoire dans la plus belle, la plus majuscule des courses à la voile, le Vendée Globe.
Le 21 décembre 2016, il mettait un terme, contraint et forcé, à sa première expérience sur ce tour du monde en solitaire, sans escale ni assistance, amarrant en Nouvelle Zélande son Souffle du Nord démantibulé, fracassé par un OFNI, mais héroïquement sauvé et ramené à bon port.
Une victoire plus tard, dans la transat en double AG2R La Mondiale aux côtés d’Adrien Hardy, Thomas posait avec un bel entêtement les jalons du seul projet tangible à ses yeux, celui de la construction d’une machine capable de l’aider à revenir sur cette épreuve majuscule avec des prétentions crédibles à la victoire.