17 Décembre 2020
Le prix du « Marin de la décennie » a été désigné par un jury d’experts, présidé par Michel Desjoyeaux, double vainqueur du Vendée Globe et le seul à avoir remporté trois fois le Trophée du Marin de l’Année (2001, 2007 et 2009), auquel s’ajoutait le vote du public.
La Fédération Française de Voile (FFV) a décerné en parallèle un prix spécial, celui de la Solidarité à Jean Le Cam, pour le sauvetage de Kevin Escoffier sur le Vendée Globe 2020-2021.
Ces dix dernières années ont été marquées par les performances françaises en voile, tant sur les épreuves olympiques et inshore que lors des courses au large, avec l’arrivée notable des foils.
En France ou à l’international, quels que soient les supports, les marins français participent activement à partager leur passion de la voile auprès d’un large public, qui a voté massivement cette année pour l’élection du Marin de la décennie, avec 16 801 votes, un record !
Franck Cammas, un marin d’exception
Depuis plus de 20 ans, Franck Cammas évolue sur toutes les mers du globe et sur des supports très divers. Marin d’exception, élu « Marin de l’année » en 2012 et 2013, le "petit Mozart de la Voile" possède l’un des plus beaux palmarès de la voile française : dès 2010, Franck Cammas bat le record du Tour du Monde en équipage en 48 jours à bord de Groupama 3, un multicoque de 31,5 mètres.
Jamais rassasié, il s’élancera ensuite quelques mois plus tard, en solitaire, sur la Route du Rhum, qu’il gagnera. Dans la foulée, c'est en monocoque à la barre de Groupama 4 qu'il signe une éclatante victoire, pour sa première participation à la très exigeante Volvo Ocean Race 2011-2012, au terme de 19 courses et 8 mois et 10 jours de compétition.
Le marin touche à tout revient en M34, un monotype de 10,34 mètres de long, et remporte le Tour de France à la Voile en 2013 puis s’impose en Class C en devenant champion du Monde en 2013 et 2015 à bord de Groupama C. En 2015, Franck Cammas monte Groupama Team France pour participer à la plus prestigieuse des compétitions de voile au monde, la Coupe de l’America. Cammas et ses hommes seront finalement battus dans la baie de Great Sound, aux Bermudes.
L’an dernier, à 46 ans, il rejoint le Gitana Team et devient le skipper du Maxi Edmond de Rothschild, un trimaran de 32 mètres, aux côtés de Charles Caudrelier. Pour ce grand retour au large, le marin signe un sans-faute en remportant la Rolex Fastnet Race et la Brest Atlantiques. Avec ce maxi-trimaran volant, le duo est actuellement en stand-by dans l’attente d’une fenêtre météo favorable pour s’attaquer au Trophée Jules-Verne, que tente actuellement Thomas Coville sur le maxi-trimaran Sodebo.
Michel Desjoyeaux, président du jury : « Choisir un Marin de l’année est déjà un exercice difficile, alors un marin de la décennie ! Nous avions un plateau de marins très éclectique et avons fait le grand écart entre Charline Picon, Francis Joyon, Antoine Albeau ou encore Damien Seguin. Les choix se sont portés sur des marins pluridisciplinaires. Franck est un vrai ambassadeur avec un rayonnement international fort, c’est important pour la voile française. Bravo à lui pour l’ensemble de son œuvre ! Ce titre est forcément particulier car pour une fois ce n’est pas un classement sur une arrivée de course, mais une élection. Ce n’est pas rien ! »
Franck Cammas, marin de la décennie : « C’est une très belle surprise. Même si on ne fait pas de la voile pour ça, ce sont des reconnaissances qui marquent ! Je pense à tous les marins qui ne sont pas au-devant de la scène mais qui ont tout autant de talent. Ces 10 dernières années il y a eu des hauts et des bas mais j’ai eu la chance de faire beaucoup de choses différentes et c’est ce qui me motive. En 10 ans il y a quand même eu beaucoup de progrès et d’évolution des bateaux, en course au large, en offshore ou en voile olympique. Je suis un vrai touche à tout, il y a beaucoup de choses qui me font rêver, c’est magnifique de pouvoir toucher à tous les types de voiles. Toutes les voiles sont belles ! Dans notre sport, on peut facilement passer d’un support à l’autre, même si évidemment cela demande beaucoup de travail.
Entre la Volvo Ocean Race, la Coupe de l’America et l’Olympisme j’ai fait beaucoup de chose. Aujourd’hui je suis revenu à mes premières amours et j’ai la chance de pouvoir être à la barre du Maxi Edmond de Rothschild qui est le premier maxi-trimaran volant de course au large. C’est un bateau incroyable avec lequel nous sommes actuellement en stand-by pour le Trophée Jules Verne. Je suis toujours aussi curieux et passionné, j’ai encore beaucoup de choses à apprendre. C’est ce qui m’anime. Je vais essayer dans les prochaines années de mériter ce titre. »
Impressionnant depuis le début du Vendée Globe, Jean Le Cam a touché les Français avec le sauvetage spectaculaire de Kevin Escoffier, révélant aux yeux du grand public le marin d’exception qu’il est depuis près de 40 ans. Ce 1er décembre, Jean Le Cam a honoré la solidarité des gens de mer. Après une nuit d'angoisse dans l’Atlantique sud, le skipper de l’Imoca Yes we Cam ! a ainsi délivré Kévin Escoffier de son radeau de survie après que son Imoca PRB ait coulé. « Le roi Jean » a manœuvré pendant près de 12 heures, en pleine nuit, avec 30-32 nœuds de vent et de vagues de 5 mètres.
La Fédération Française de Voile a tenu à saluer son sens marin exceptionnel, et lui dédie le seul prix consacré à l’année 2020.