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Pourquoi il ne faut jamais dire le mot "Lapin", à bord d'un bateau ?

La tradition maritime est riche d'un jargon issu de siècles de navigation, d'usages et d'habitudes. Parmi ces usages, il en est un auquel il ne faut surtout pas déroger à bord de tout navire ou bateau de plaisance, qui porte malheur, et qui pourrait bien vous conduire, au pire à être passé par dessus bord, au mieux à finir en fond de cale : celui de prononcer le mot "Lapin" ! Mais que reprochent donc les marins à ces petits mammifères herbivores au regard gracile ?

Pourquoi il ne faut jamais dire le mot "Lapin", à bord d'un bateau ?

Que l'on navigue à bord d'un porte conteneurs géant, d'un bateau semi-rigide, d'un Aviso, d'un voilier de plaisance, d'un yacht ou d'une vedette puissante, que l'on s'engage sur le Vendée Globe, la Route du Rhum, le Rallye de l'Arc, la Route du Soleil, ou sur une traversée vers les Iles des Lérins en Baie de Cannes, aucun marin ne prononcera JAMAIS le mot Lapin.

Ce petit mammifère au longues dents et à la reproduction prolifique - seule solution que des siècles d'évolution trouvèrent pour assurer la pérennité de l'espèce face à des prédateurs redoutables - porte en effet malheur à bord de tout navire.

Et dans le domaine des bateaux, on ne plaisante pas avec les superstitions, les marins ayant tous en mémoire le souvenir d'Eric Tabarly, qui défia le sort, en prononçant le mot interdit et en savourant à bord de ses Pen Duick des terrines du petit animal... qui disparut un jour en mer, happé par les flots !

Cette malédiction remonte à des temps anciens, ou les marins embarquaient à bord, à fond de cale, des animaux vivants, qui permettaient de disposer de nourriture fraîche tout au long de navigations qui pouvaient alors durer des semaines.

Parmi ces animaux, se trouvaient des boeufs, des poules, et les fameux lapins....

Très rapidement, ces derniers se firent une réputation terrible de naufrageurs de navires : en s'échappant de leurs cages, ils se répandaient partout en fond de cale à la vitesse de l'éclair, pour se nourrir de ce qu'ils trouvaient aisément à bord, à savoir l'étoupe jointive des planches constituant les coques.

Cette étoupe, de la filasse trempée dans du goudron, en aurait rebuté plus d'un, mais pas les lapins, qui coquin de sort, d'herbivores, démontrèrent leur adaptabilité à devenir pétrolivores, bien avant l'avènement de l'automobile.

En parallèle à l'efficacité de leurs incisives, les lapins constituaient des armes chimiques redoutables à bord. L'acidité de leur urine attaquait en effet le goudron de l'étoupe, pour en réduire le pouvoir étanchéifiant.

Quel que soit le côté dont on prenait le problème, les lapins étaient donc de terribles naufrageurs en puissance, de véritables 5e colonnes pirates, dont l'absence de vision globale de la situation, mais aussi de toute conscience morale, en faisaient les premières victimes de leur insouciance coupable !

Mais cette issue fatale, ils ne la sauraient que trop tard, confrontés à une montée soudaines des eaux qu'ils imputeraient sans nul doute au changement climatique, et pas à leur comportement coupable, rageant de désespoir, avant que de boire la tasse ultime. 

.....

In fine, vous aurez donc compris que le mot Lapin est proscrit à bord de tout bateau !

Et si un jour de brume épaisse, vous allez au Bar du Port, au Café de la Marine ou trainez sur les pontons, en abordant le sujet avec un vieux loup de mer, ou le plaisancier de service, nul doute qu'il vous racontera le terrible naufrage qu'il évita forcément de peu, lors de la tempète forcément du millénaire, pour avoir prononcé le mot proscrit, lors d'un pari aviné.

On ne le dira jamais assez, attention aux méfaits de l'alcool ;-)

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