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Pourquoi le phare breton d'Eckmühl porte t-il un nom allemand ?

Le phare d’Eckmühl est une bâtisse de la fin du XIXe siècle, construite suite à une loi du 3 avril 1882 visant à moderniser la signalisation maritime des côtes françaises. Remplaçant le vieux phare de Penmarc’h qu’il surplombe de vingt mètres, le phare d’Eckmühl, établi sur la pointe de Saint-Pierre dans le Finistère, sur la commune de Penmarc'h, n’a pourtant pas un nom breton.... mais bel et bien allemand !

Phare d'Eckmühl, Saint-Pierre, Finistère
Phare d'Eckmühl, Saint-Pierre, Finistère

Phare d'Eckmühl, Saint-Pierre, Finistère

La singularité de ce nom vient en fait d’une femme, qui en 1885 a décidé de léguer par testament la somme de 300 000 francs dans la construction d’un phare, à la seule condition qu’il soit nommé « Phare d’Eckmühl » en l’honneur de son père. Ainsi en 1892, lorsque la question du financement de ce projet s’est posée, les fonds étaient tout trouvés. 

Cette femme, c’est la marquise Adélaïde-Louise d'Eckmühl de Blocqueville, dernier enfant du maréchal napoléonien Louis-Nicolas Davout, duc d'Auerstaedt et prince d'Eckmühl et qui n’est elle-même jamais allée en Bavière.

Très attachée à la mémoire de son père, la marquise organisait de brillants salons littéraires dans son hôtel parisien, fréquentés par de nombreuses personnalités de son époque. Dont Jules Claretie qui écrira à ce sujet :

« Le salon tout peuplé des souvenirs de l'Empire, […] avait sa physionomie particulière, avec la statue de bronze de Davout, qui, la main sur son bâton de maréchal, semblait présider aux réunions de la marquise. »

Statue de bronze de Louis-Nicolas Davout

Statue de bronze de Louis-Nicolas Davout

Mais alors, d’où vient ce nom ?

Car jusqu’à sa rencontre avec le général Bonaparte, l’homme qu’on surnommera plus tard « le maréchal de fer » n’était que Louis-Nicolas d’Avout, descendant d’une famille noble destinant ses fils au service du roi.
Mais Davout avait l’âme militaire. Et au lendemain de la Révolution, il sert dans l’armée révolutionnaire où il fait la rencontre de celui qui deviendra Empereur des français, Napoléon Bonaparte. Fréquentant les mêmes lieux de rencontre, les deux militaires se rapprochent et Davout devient même le beau-frère au second degré de Bonaparte en épousant Aimée Leclerc.
Elevé à la dignité de maréchal d’Empire au lendemain de la proclamation du régime impérial, il participe ensuite aux guerres napoléoniennes, grâce auxquelles il est fait duc d'Auerstaedt en 1808, puis prince d’Eckmühl à la suite de la campagne d'Eckmühl en 1809. 

Louis-Nicolas Davout, duc d'Auerstaedt et prince d'Eckmühl

Louis-Nicolas Davout, duc d'Auerstaedt et prince d'Eckmühl

Ainsi, lorsque le testament de la marquise est rédigé en 1885, elle déclare : 

« Ma première et ma plus chère volonté est qu’il soit élevé un phare sur un point dangereux des côtes de France, non miné par la mer. J’aimerais que le phare d’Eckmühl fût élevé là, mais sur quelque terrain solide, granitique, car je veux que ce noble nom demeure longtemps béni. Les larmes versées par la fatalité des guerres, que je redoute et déteste plus que jamais, seront ainsi rachetées par les vies sauvées de la tempête. »

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